| GUETTEUR, -EUSE, subst. A. − Personne qui fait le guet, qui guette. Un matin, cette guetteuse aperçut Jean Valjean qui entrait, d'un air qui sembla à la commère particulier (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 529) : ... les pins, de côté, ont trop grandi pour qu'on y puisse guetter les palombes : je ne risquais pas de déranger les chasseurs. Cette palombière ne pouvait plus servir car la forêt, à l'entour, cachait l'horizon; les cimes écartées ne ménageaient plus ces larges avenues de ciel où le guetteur voit surgir les vols.
Mauriac, T. Desqueyroux,1927, p. 219. − Emploi adj. Personne n'aime « passer au tableau » sous l'œil noir et guetteur de MlleSergent (Colette, Cl. école,1900, p. 47).Robespierre prend du félin la fixité du regard, la posture guetteuse (R. Barthesds Esprit,avr. 1951, no4, p. 506). B. − Spécialement 1. HIST. DU MOY. ÂGE. Celui qui veillait au sommet de la tour d'un château fort ou du beffroi d'une ville pour sonner l'alarme en cas de danger. Synon. veilleur.Comte, du haut des tours le guetteur nous signale Des cavaliers nombreux; c'est l'escorte royale Que dame Berthe attend (Bornier, Fille Rol.,1875, II, 3, p. 36).Quelques créneaux d'où jadis l'arbalétrier lançait des pierres, d'où le guetteur surveillait Novepont (Proust, Swann,1913, p. 167). − P. métaph. Tandis que le regard, guetteur infatigable, veille au créneau des paupières (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1342). 2. ARM. Soldat chargé de faire le guet pour signaler l'approche et les mouvements de l'ennemi. Synon. sentinelle.L'ennemi a pu pénétrer dans le village. Les guetteurs intoxiqués ou surpris ont insuffisamment donné l'alarme (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 200).Écrasé contre le parapet de sacs à terre, dont sa silhouette a la teinte, le guetteur attend, sans un mouvement, figé, immobile (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 232). 3. MAR. ,,Marin employé au service des sémaphores, pour communiquer avec les navires qui passent au large`` (Soé-Dup. 1906). REM. Guettier, subst. masc.,synon. rare de guetteur (supra B 1),région. L'homme qui m'a aidé à grimper d'échelle en échelle dans cette lanterne est le guetteur de la ville, le guettier, comme il s'appelle. Cet homme passe sa vie dans la guette, petite cage qui a quatre lucarnes aux quatre vents (Hugo, Rhin,1842, p. 27). Prononc. et Orth. : [gεtœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. Fin xiies. waitor « celui qui fait le guet » (Sermons St Grégoire sur Ezechiel, 109, 35 ds T.-L.). Dér. de guetter*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 107. |