Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
* Dans l'article "GROS1, GROSSE,, adj."
GROS1, GROSSE, adj.
I. − Qui dépasse la mesure considérée comme moyenne, normale.
A. − Qui a beaucoup de volume.
1. [En parlant d'une chose dont on apprécie soit le volume, soit l'épaisseur ou la section] En ce moment un gros nuage passait sur la lune et une nuit complète enveloppait les maisons (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 162).Il était au lit, le torse serré dans un gros chandail de laine, et il lisait à la lueur d'une bougie, car il était, de nous tous, le plus humblement installé (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 136).MmeKrioukov portait une blouse comme les babas, mais elle avait (...) de gros diamants aux oreilles (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 295) :
1. À Paris, feignant de me restreindre aux Nuits de Musset, je m'installai devant le gros volume contenant ses œuvres complètes, je lus tout son théâtre, Rolla, la Confession d'un enfant du siècle. Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 111.
SYNT. Gros arbre, gros dossier, gros paquet, gros tas; grosse goutte, grosse pierre, grosse vague, grosse voiture; du gros carton, du gros cuir; grosse couverture; gros anneau, gros bâton, gros fil; grosse aiguille, grosse corde.
Spécialement
a) Grosse écriture. Écriture ample ou composée de lettres dont le tracé est épais. L'enveloppe portait bien son nom, et son adresse, d'une grosse écriture paysanne, avec des jambages qui se culbutaient comme des capucins de cartes (Zola, Page amour,1878, p. 857).
b) TYPOGR. Gros caractère. Caractère de grandes dimensions et formé de traits plus larges que les caractères ordinaires (cf. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, p. 51).
Usuel, au plur. Le 4 août 1914, dépliant un numéro du Matin, je lus en gros caractères « l'Allemagne déclare la guerre à la France » (Bergson, Deux sources,1932, p. 166).
c) Souvent au plur. Gros titre. Dans les journaux, titre imprimé en gros caractères pour attirer l'attention des lecteurs. Mais déjà j'avais lu les gros titres, puis les moyens. Déjà je savais que le fils de Kipling était tué (Giraudoux, Suzanne,1921, p. 162).
2. [En parlant d'une pers.] Dont la corpulence est supérieure à la moyenne. Gros bébé, gros garçon, gros monsieur; grosse dame, grosse femme, grosse fille. La bonne mère Orchel, grosse et grasse, avec sa coiffe de taffetas noir, son tablier blanc et ses gros bras ronds sortant des manches de chemise (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 44).C'est un gros homme sympathique et tout rond, qui porte allégrement une tête de bonze chinois (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 84).
Emploi subst.
a) Personne corpulente. Les gros et les maigres; un petit gros; un gros plein de soupe (pop. et péj.).
b) P. ext., fam. [P. réf. au fait que l'embonpoint est généralement associé à une certaine douceur de caractère] Un bon gros. Personne simple, au caractère facile.
[Terme d'affection] Mon gros; mon pauvre gros. Ah! mon pauvre gros, mon pauvre gros, ce que vous devez vous embêter! (Zola, Œuvre,1886, p. 274).Oh! tu sais, mon gros, moi, le mariage (...) ça ne m'emballe plus. Je demande à réfléchir (Mauriac, Anges noirs,1936, p. 200).
3. En partic. [En parlant d'une partie du corps] Qui est particulièrement développé. Avoir un gros nez, un gros ventre, une grosse figure; gros doigts, gros membres, gros sourcils, gros yeux; grosses lèvres, grosses narines. Pareil à un satyre, dansait en bras de chemise le petit homme à ventre rondelet, avec ses gros mollets et sa barbe court frisée (Montherl., Songe,1922, p. 41).
Fam. Avoir les gros bras (vieilli). ,,Être redoutable`` (Esn. 1966).
P. méton. Gros(-) bras.
a) Dur, casseur. Cf. bras I B 2 a.
b) SPORTS. Champion de conduite. Cf. bras I B 2 a.
c) Homme énergique, chargé d'assurer l'ordre dans un meeting, une manifestation ou de veiller sur la sécurité d'un personnage important. Bien des parlementaires (...) préfèrent recruter eux-mêmes, moyennant rémunération, des « gros-bras », pour leur servir de gardes du corps ou protéger les colleurs d'affiche (Le Nouvel Observateur,3 nov. 1969, p. 53).
d) Chauffeur de poids lourd. Autrefois les « gros-bras » au volant des « gros culs », c'étaient les seigneurs. « Je roule pour vous » proclamaient fièrement les pancartes fixées à l'arrière de leurs camions (L'Express,20 août 1973).
Pop. Attraper, avoir la grosse tête. S'attribuer un rôle éminent, être vaniteux. Quand je sens que j'ai la grosse tête, je fais mon auto-critique (B. Larsends Elle, 29 déc. 1969, p. 73, col. 3-4).Servi par une publicité fantastique qu'il méritait à ses débuts, Kenzo ou, sinon lui-même, ceux qui l'entourent, sont guettés aujourd'hui par un mal incurable : attraper la grosse tête (K.-D. Kauppds Le Nouvel Observateur,8 nov. 1971, p. 51, col. 2).
P. méton. Grosse tête. Personnage important ou influent. Travaillée par les courants nouveaux ou rénovés issus de la VeRépublique, riche, comme elle le fut avant guerre, de « grosses têtes » politiques de renom national, l'Auvergne entend prendre sa part du gâteau économique (B. Hartemannds L'Express,23 juin 1969, p. 40, col. 1).
Loc. fig., fam. Faire les gros yeux (à qqn). Fixer quelqu'un d'un air sévère, en partic. un enfant, pour le menacer ou le réprimander. Quand elle était fâchée, elle me « faisait les gros yeux »; je redoutais cet éclair orageux qui enlaidissait son visage (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 10).
4. [En parlant d'un animal] Qui, par sa taille, dépasse la moyenne. Gros chat, gros chien, gros insecte, gros oiseau; grosse araignée. Un gros bœuf coûtait huit piastres; un cochon pesant cent cinquante livres, en coûtait quatre (Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 38).
Fam., loc. [Le suj. désigne un chat] Faire le gros dos*.
Au fig. [Le suj. désigne une pers.] Se laisser aller à la satisfaction que procurent des paroles flatteuses, une situation agréable. Sous cette avalanche de compliments, il faisait le gros dos (Ac.1932) :
2. C'est une bibliothèque en plein air [les bouquinistes] (...). On peut lire, flâner, se balader, rêvasser, faire le gros dos au soleil, zyeuter les passantes, apprendre tout sans avoir l'air de rien... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 325.
B. − Qui, par son volume ou ses dimensions, est supérieur à une chose ou à un être de même sorte, de même nature.
1. [En parlant d'une chose] Gros pain, gros sel. Assaisonnez de sel, gros poivre et muscade (Gdes heures cuis. fr., A. Dumas,1872, p. 174).Nous voici dans une cour oblongue sablée de gros sable de rivière (Gide, Retour Tchad,1928, p. 968).
Spécialement
a) AGRIC., au plur. Gros grains. ,,Le froment, le méteil et le seigle`` (Ac. 1932).
b) ARMÉE
Grosse artillerie. Artillerie d'un fort calibre. Le siège [de Lwow], en effet, ne fut pas poussé avec vigueur, les cosaques n'avaient ni ingénieurs ni grosse artillerie (Mérimée, Cosaques d'autrefois,1865, p. 86).
Grosse cavalerie. Cf. cavalerie I A.Au fig. Ce qui manque de finesse. Nous allons le soir au bordel de Strasbourg : des femmes à soldats, la grosse cavalerie de la prostitution (Goncourt, Journal,1860, p. 791).
c) BÂT., au plur. Gros murs. Murs qui forment l'enceinte d'un bâtiment et, de ce fait, portent les combles et éventuellement les voûtes. Les gros murs et le toit sont à la charge de tous les propriétaires, chacun en proportion de la valeur de l'étage qui lui appartient (Code civil,1804, art. 664, p. 121).
d) CIN. Gros plan. ,,Détail, normalement petit, très grossi, occupant la totalité de l'écran`` (Cham. 1969). Sa plasticité [de la lumière] offre les mêmes ressources que la mobilité d'une caméra. Le monologue cerné par un projecteur a la valeur expressive d'un gros plan (Serrière, T.N.P.,1959, p. 98).
Au fig. ,,Représentation détaillée d'un phénomène limité, d'une réalité partielle`` (Gilb. 1971).
e) MUS. Grosse caisse. Cf. caisse B 1 b.
f) TRANSPORTS
Gros cube. Motocyclette de grosse cylindrée. La clientèle des vrais « gros cubes » c'est-à-dire les 75 cm3(L'Express,7 sept. 1970, p. 61).
Gros(-)cul (pop.). Gros camion. Les routiers sont sympas. Ils parcourent l'Europe à bord de leur gros cul (Le Point,2 déc. 1974, p. 23).
Grosse cylindrée. Cf. cylindrée.
2. [En parlant d'êtres animés] Les gros mammifères.
Gros bétail. Cf. bétail A spéc. 2.
CHASSE. Gros gibier ou, p. ell., le gros. Cf. gibier A 1.Agoutis, kangourous, sangliers, porcs sauvages pour le gros gibier, canards, tétras, coqs de bruyère, jacamars, bécassines pour le petit (Verne, Île myst.,1874, p. 543).
En partic. Grosse bête. Sanglier (cf. M. Lenoble-Pinson, Le lang. de la chasse, Bruxelles, 1977, p. 23).
Au fig. :
3. − Une première présidence, un canal, un siège à la cour de cassation, tout cela est pris, monsieur Paturot; c'est le gros gibier; il n'y a que les hommes politiques qui y touchent; le conseil des ministres y pourvoit. Reybaud, J. Paturot,1842, p. 349.
3. [En parlant de certaines parties du corps humain] Le gros doigt (le pouce); les grosses dents (les molaires). Dans les chiens (...). Les gros intestins n'ont guères plus de diamètre que les grêles (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 485).Ses pieds sont larges, le gros orteil en prolonge presque la ligne intérieure, bien détaché du second doigt, comme il convient (Montherl., Olymp.,1924, p. 265).
C. − [Avec un terme de comparaison, pour exprimer les dimensions relatives]
1. [de qqc.] Gros comme une tête d'épingle, comme une montagne. Un caillou gros comme le poing; un rocher gros comme une maison. Les noyers gros comme des meules jetaient de l'ombre et de la fraîcheur (Pourrat, Gaspard,1922, p. 245).
2. [d'un être animé] La cathédrale vivait (...). Parfois, perdu dans le bleu, à peine gros comme une mouche, un corbeau se lissait les plumes, à la pointe d'une aiguille (Zola, Rêve,1888, p. 59).
P. exagér. [En parlant de qqn] Son allure timide (...) sa tête grosse comme le poing (...) lui donnaient (...) l'aspect d'une volaille plumée (A. France, Balth., Œuf rouge, 1889, p. 134).Elle était très gentille, maman (...) de dix ans plus jeune que son âge et grosse comme deux liards de beurre, mais maîtresse femme (Courteline, Linottes, Pendule, 1890, III, p. 186).
D. − Qui dépasse son volume habituel.
1. [En parlant d'une chose] Qui est ou semble temporairement plus volumineux. Les rivières que la route traverse, grosses et grondantes, roulent des eaux toutes rouges (Bourget, Ét. angl.,1888, p. 171).
MARINE
Grosse mer. Mer très agitée qui s'enfle et produit de grosses vagues :
4. Mais ce ne fut pas seulement la barre qui imprima ces mouvements de roulis et de tangage au navire, ce fut aussi la mer qui, au large, se trouva être assez grosse. Malot, Sans fam.,1878, p. 284.
Gros temps. Mauvais temps, avec vent violent et vagues fortes. Naviguer par gros temps (Ac. 1932). Les navires sont à coup sûr perdus, qui par les gros temps viennent s'échouer sur ces tapis de sable (Verne, Enf. Cap. Grant, t. 1, 1868, p. 250).
2. [En parlant d'une partie du corps humain] Qui est anormalement gros. Synon. enflé, gonflé.Avoir la joue grosse d'une fluxion (Ac. 1835-1932).
Expressions
Avoir les yeux gros de larmes. Être sur le point de pleurer. Vous souffrez ou vous êtes amoureux, et, un de ces jours, vous viendrez, les yeux gros de larmes, me faire vos confidences (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 125).
Avoir les yeux gros de sommeil. Avoir les yeux gonflés par l'excès ou le manque de sommeil :
5. Le dormeur venait de s'éveiller. Les yeux encore gros de sommeil, ayant aux lèvres ce sourire vague du réveil (...) il tendit les bras vers la jeune femme qui s'approchait. Zola, M. Férat,1868, p. 23.
Expr. fig.
Avoir le cœur gros de soupirs. ,,Avoir besoin de se soulager le cœur en poussant des soupirs`` (Ac. 1932).
Avoir le cœur gros (de larmes, de regrets), avoir gros cœur. Avoir du chagrin, de la peine. Tu ne vois donc pas que ta fille a le cœur gros quand elle revient de là-bas, qu'elle passe des heures à rêvasser à la fenêtre? (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 35).Depuis ce matin je ne fais que penser à Deville, au vieux temps et à tous ceux qui ne sont plus. Mon cœur est gros de larmes (Flaub., Corresp.,1879, p. 219).
Fam., vieilli. Cela fait gros cœur. Cela fait de la peine. Notre pauvre petit canot, ça me fait gros cœur, de l'avoir vu périr comme ça! (Maupass., Sur l'eau,1888, p. 350).
3. Au fém., pop., vieilli. [En parlant d'une femme] Qui est en état de grossesse. Une femme grosse; être grosse d'un premier enfant. Être grosse à pleine ceinture (Ac. 1835-1932). Pensez, au jour d'à présent, on n'a qu'à lâcher une fille le soir pendant un quart d'heure pour qu'elle vous rentre grosse (Aymé, Vaurien,1931, p. 46) :
6. Pourtant, depuis le matin où Bastienne, pâlissant pendant la leçon de danse, avoua, avec une simplicité paysanne : « Madame, c'est que je suis grosse! » la maîtresse de ballet la ménage. Colette, Music-hall,1913, p. 129.
Au fig. [En parlant d'une chose] Être gros de.Porter les germes de choses à venir. Un silence gros de menaces; un événement gros de conséquences. Une nuée grosse d'orage (Littré). Ses livres [de d'Annunzio] sont des récits d'une ou deux journées, dont chaque minute est grosse d'un monde d'événements (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 85) :
7. Ah! madame la vicomtesse! j'avais bien raison, vous le voyez, quand je vous disais : patience, ne désespérez pas; l'avenir est gros de cachemires, d'écrins brillants, de petits soupers, etc. Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 248.
II. − Qui est considérable.
A. − [En parlant d'une chose]
1. Qui dépasse la mesure ordinaire, par son importance ou le caractère essentiel de son objet. Une grosse nouvelle. Un gros attroupement, une grosse escorte (Littré). Nous avons de gros événements. Le ministère est tombé (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 283).Une reconnaissance aérienne avait signalé (...) de gros rassemblements dans la région de Chimay et de Rocroi (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 331) :
8. Au fond, je n'ai vu applaudir sur aucun théâtre, je n'ai vu applaudir un acte comme j'ai vu applaudir la Cour d'Assises, et incontestablement, La Fille Élisa est le plus gros succès qu'ait jamais eu le Théâtre-Libre. Goncourt, Journal,1890, p. 1288.
SYNT. Gros bourg, gros village; grosse maison de confection, grosse usine; gros dégâts, gros travaux; grosses difficultés, grosses récoltes.
BÂTIMENT
a) Gros-œuvre. ,,Ensemble des ouvrages assurant la stabilité, la résistance et la protection d'une construction`` (Barb.-Card. 1971).
b) Grosses réparations. Réparations qui concernent les parties essentielles d'un bâtiment, telles que les gros murs, les voûtes, la couverture. Les grosses réparations sont à la charge du propriétaire, et les menues à celle du locataire (Ac.1835-1932).Mais Monsieur (...) demanda pour eux la salle du Palais-Royal. Le roi la leur donna, et M. de Ratabon reçut ordre exprès de faire les grosses réparations (A. France, Génie lat.,1909, p. 116).
2. Qui dépasse la mesure ordinaire par sa valeur en argent. Négocier un gros contrat, traiter un gros marché; subir de grosses pertes. Prêter à grosse usure, à gros denier (Ac. 1798-1932). C'est étrange et effrayant comme nous commençons à nous habituer et à nous familiariser avec les plus gros prix et les sommes les plus grandement rondes (Goncourt, Journal,1857, p. 336).Tous les gouvernements (...) même dans les pays qui ont les plus gros budgets d'armements, sont manifestement d'accord pour considérer la guerre comme la pire des éventualités (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 130) :
9. Nucingen laissa donc échapper devant Du Tillet l'idée pyramidale et victorieuse de combiner une entreprise par actions en constituant un capital assez fort pour pouvoir servir de très gros intérêts aux actionnaires pendant les premiers temps. Balzac, Mais. Nucingen,1838, p. 633.
SYNT. Gros capital, gros héritage, gros placement, gros pourboire, gros salaire; gros appointements, gros bénéfices, gros profits; grosse amende, grosse fortune, grosse somme, grosses dépenses.
DROIT MARITIME Prêt à la grosse aventure ou, p. ell., à la grosse. Cf. aventure B 1 b.
JEUX
a) Gros lot. Le plus important que l'on puisse gagner à une loterie :
10. ... je ne crois plus au bonheur, à la joie, à la paix. Ou, quand il m'arrive d'espérer encore, c'est de la même façon qu'on rêve au gros lot quand on a pris un billet de loterie, sans y croire. Daniel-Rops, Mort,1934, p. 122.
Au fig. Événement fortuit qui procure de grands avantages, qui a d'heureuses conséquences :
11. ... aux yeux de certains Français, aujourd'hui, le châtiment suprême compte seul. La condamnation au bagne fait hausser les épaules. À les entendre, on dirait qu'un forçat a gagné le gros lot. Dix ans de détention? En voilà un qui a de la chance! Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 456.
b) Expr. Jouer gros jeu. Engager des sommes d'argent importantes dans un jeu de hasard ou un pari. Quelqu'un du ministère avait suggéré que Gustave jouait aux courses assez gros jeu (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 216).
3. Qui dépasse la mesure exprimée ou en donne l'illusion. Gros kilo; grosse demi-heure. Tu deviens furieusement maussade. Il y a un gros quart d'heure que tu n'as ouvert la bouche. As-tu donc envie de te faire chartreux? (Mérimée, Chron. règne Charles IX,1829, p. 41).
B. −
1. [En parlant d'un phénomène physique] Qui atteint une forte intensité. Gros orage; grosse averse, grosse chaleur, grosse chute de neige, grosse houle. Moi je suis toujours à me dire qu'il ne doit rien y avoir de plus plaisant que d'être tranquillement assis dans un office toute la journée (...) à l'abri du froid et du gros soleil (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 170) :
12. ... les vagues lourdes s'attendaient, prenaient leur élan, et, avec un gros bruit déchargeaient leur fardeau d'écume sur le sable assombri. Larbaud, Barnabooth,1913, p. 259.
2. [En parlant d'une manifestation physique ou psychique] Qui présente un certain degré d'intensité ou de gravité. Gros rhume, gros sanglot, gros soupir; grosse colère, grosse déception, grosse émotion, grosse fièvre. Ce sera un gros chagrin pour moi s'il faut quitter cette vieille maison où j'ai de si tendres souvenirs (Flaub., Corresp.,1875, p. 220).Elle dormait de son gros sommeil de jeunesse, elle n'entendait pas même les meubles craquer (Zola, Rêve,1888, p. 102).Bons gros baisers d'enfants, légers Baisers danseurs (Verlaine, Œuvres compl., t. 2, p. 171) :
13. ... − Est-ce que M. Fasquelle est malade? « Oui, Monsieur; une grosse grippe : il en a pour quelques jours à garder le lit. Sa fille est arrivée ce matin de Dunkerque. Elle s'installe ici pour le soigner. » Sartre, Nausée,1938, p. 108.
Gros appétit. Appétit qui réclame une grande quantité de nourriture pour être satisfait :
14. Et Rose, dans sa camisole brodée, au milieu des linges garnis de dentelle, mangea d'un gros appétit (...). − Oh! l'estomac va bien, ce n'est pas l'estomac qui est malade, répétait-elle en trempant ses tartines. Zola, Pot-Bouille,1882, p. 212.
La grosse faim. ,,La faim la plus pressante`` (Ac. 1798-1932). Leur grosse faim s'était apaisée, et ils ne mangeaient plus que d'un air alangui, coupant le fromage par petits morceaux, pour faire durer le régal (Zola, Bête hum.,1890, p. 13).
Grosse voix. Voix grave et forte. Ce sifflement des grosses voix qui veulent se contenir (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 223).Elle demanda d'une voix un peu grosse et moins suave que sa bouche (A. France, Anneau améth.,1899, p. 89).
Faire la grosse voix. Forcer sa voix, prendre un ton grave et sonore pour réprimander ou menacer :
15. Force gendarmes et mouchards à Saint-Malo, les voyageurs fouillés jusqu'aux bottes (...), le sous-préfet faisant la grosse voix, menaces de prison à quiconque passera Napoléon-le-Petit; une terreur énorme de ce petit livre. Hugo, Corresp.,1852, p. 128.
En partic., vx. Le gros mal. L'épilepsie. Il se coucha par terre en sanglotant, en arrachant l'herbe avec ses mains et en s'en couvrant la figure, comme s'il fût tombé du gros mal (Sand, F. le Champi,1848, p. 36).
3. [En parlant d'un acte, d'un fait du domaine intellectuel ou mor.] Qui est grave ou susceptible de conséquences fâcheuses. Gros ennuis, gros soucis; commettre une grosse erreur, une grosse faute; faire un gros effort, un gros sacrifice. Il servait parfois de secrétaire aux dames de la halle, mais c'était se mêler à des complots royalistes et les risques étaient gros (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 157) :
16. Si un vase de bois peint portant des fleurs artificielles n'était pas bien nettement placé en symétrie sur l'autel, il croyait que la messe ne valait rien, allait bien vite se confesser de ce gros péché au curé... Stendhal, Lamiel,1842, p. 40.
Grosse affaire. Affaire fâcheuse et qui peut avoir de graves conséquences. Il s'est mis sur les bras une grosse affaire (Ac. 1878-1932).
C. − [En parlant d'une pers.]
1. [Avec un subst. précisant la profession ou la position sociale] Dont la richesse, la puissance économique ou sociale, l'influence est considérable. Gros banquier, gros bourgeois, gros capitaliste, gros commerçant, gros fermier, gros industriel, gros propriétaire; grosse héritière. Des calèches dans lesquelles on se montrait les gros personnages de la cour (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 45) :
17. MlleAbbatucci (...) est le type parfait de la jeune fille du régime impérial (...). Ses rêves matrimoniaux convoitent un jeune gros fonctionnaire ou, à défaut de ce fonctionnaire, un marquis ou un comte remontant simplement jusqu'aux croisades. Goncourt, Journal,1874, p. 1011.
Emploi subst., gén. au plur., pop. Personne riche, influente. Si vous me laissez encore crever de faim, vous me forcerez à faire un mauvais coup. Tant pis pour vous autres, les gros (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Vagabond, 1887, p. 675) :
18. − ... Toi, t'es un fils de gros, fit-elle, mais elle n'apportait aucun mépris (...) seulement la surprise de se trouver enfin devant un de ces « gros » dont elle s'était fait une tout autre image à travers les paroles de son père. Vialar, Odeurs et sons,1953, p. 74.
Pop. Gros bonnet. Personnage important, dans un domaine quelconque (cf. bonnet B 1). Le crucifix fut définitivement supprimé du « matériel scolaire », selon la gracieuse expression de je ne sais plus quel gros bonnet municipal (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 172).
Grosse légume. Personnage important, en particulier dans la hiérarchie militaire :
19. Et le directeur est un vrai génie! Il aurait dû devenir diplomate. On en raconte des histoires, à ce sujet. Par exemple, tenez, d'un jour à l'autre, on attend la venue ici, au second étage, d'une grosse légume. Camus, Cas intéress.,1955, 2etemps, 10etabl., p. 702.
[Avec un subst. désignant un ensemble de pers., une catégorie sociale] La grosse bourgeoisie. Les vrais girondins mettaient la liberté par-dessus tout. Ils représentaient la grosse bourgeoisie, le grand commerce de mer, les grandes fabrications, enfin les richesses de toutes sortes (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 75).
Grosse maison (vx). ,,Une famille considérable par sa fortune et son importance`` (Littré).
P. méton. Avoir une grosse situation dans l'industrie; occuper une grosse position dans le monde :
20. ... s'ils sont si petits, quand il s'agit d'être attaqués, d'être commentés, d'être critiqués, pourquoi se sont-ils fait de si grosses places dans l'État. Péguy, Argent,1913, p. 1198.
P. anal., pop. Les paysans eux-mêmes, jaloux de voir un d'entre eux faire ce qu'ils appellent un gros mariage, me poursuivraient de leur blâme et de leurs moqueries (Sand, Meunier d'Angib.,1845, p. 128).
2. [Avec un subst. désignant une aptitude, une qualité] Qui est remarquable par cette faculté. Sa mère, une grosse travailleuse, morte à la peine, qui avait servi de bête de somme au père Macquart pendant plus de vingt ans (Zola, Assommoir,1877, p. 408) :
21. ... mon père, qui a été un moment président de la Société des 100 kilos parce qu'il en pesait 150, était non seulement un bambocheur gros mangeur et gros buveur qui tenait tête à n'importe qui à table, mais était aussi un gastronome avisé... Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 197.
Gros joueur. ,,Un homme qui joue gros jeu`` (Littré).
En partic., fam. [Pour renforcer une qualification péj.] Gros cochon, gros malin (p. iron.), gros nigaud, gros paresseux, gros vilain; grosse gourde, grosse gourmande. J'ai suivi les conseils de ce gros bêta de notaire, au demeurant le meilleur des hommes (Romains, Knock,1923, II, 5, p. 13).
III. − Qui est rudimentaire.
A. − [En parlant d'un obj., d'un produit] Dont la qualité est médiocre, dont la fabrication est rudimentaire mais solide. Gros pain, gros vin; grosse étoffe, grosse laine, grosse toile, grosse veste; gros souliers. Il aimait le gros cidre, les gigots saignants (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 25).Les assiettes dont ils se servent sont en grosse faïence et laissent lire sur leur fond blanchâtre et fendillé une maxime morale tirée des livres saints (Du Camp, Hollande,1859, p. 205).Le tablier gris des orphelins, ce tablier de gros coutil qui était comme la couleur même de leurs journées sans tendresse (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 247).
Arg. et pop.
Gros bleu, gros rouge, gros-qui-tache. Vin de médiocre qualité, âpre et peu corsé. Les émanations du gros bleu et des vins de liqueur délicatement nuancés lui montent à la tête (Barbusse, Feu,1916, p. 153).Trois minutes plus tard, venu du bistrot d'à côté, le gros rouge était là (Vialar, Morts viv.,1947, p. 32).Le pousse-au-crime, le gros-qui-tache (J.-P. Chabrol, L'Embellie,1968, p. 304 ds Cellard-Rey 1980, s.v. rouquemoute).
Gros tabac, p. ell., gros. Tabac de coupe grossière. Fumer du gros. L'idée lui vint qu'elle fumait peut-être et qu'elle aurait du plaisir à fumer, mais il n'avait que son gros tabac, et il lui acheta des cigarettes fines (Ramuz, A. Pache,1911, p. 192).
Gros cul. Tabac de troupe. Cf. cul III B mar.
Gros bleu, gros vert. Bleu foncé, vert foncé. Le deuil de nos paysannes admet le gros bleu, le gris, le gros vert, le violet, le brun, le puce et le marron (Sand, Corresp., t. 2, 1842, p. 204).
Le gros ouvrage, la grosse besogne, les gros travaux. Travaux pénibles et, en particulier, les plus fatigants des travaux ménagers. Elle s'était emparée de tout un carré du jardin; elle bêchait, plantait des légumes, arrosait. Les gros travaux étaient sa joie (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 1080).Le ménage était vite fait, dès le matin, elle avait une fille qui venait pour le gros ouvrage, et la maison n'était pas grande (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 34) :
22. françois : Je ferai observer à M. le Comte que je suis tout seul pour faire l'ouvrage... émile : C'est vrai... mon cocher m'a quitté... Je compte en prendre un autre... il t'aidera pour la grosse besogne... Labiche, Choix gendre,1869, 8, p. 377.
B. − Au fig.
1. [En parlant des caractéristiques physiques ou psychiques d'une pers. ou de leur manifestation] Gros rire, gros traits; grosse plaisanterie. Je suis resté trois jours sans sortir, constamment occupé à lire un ouvrage de M. Grimm (...) ce qui m'a beaucoup plus amusé que les masques et que la grosse joie allemande (J.-J. Ampère, Corresp.,1827, p. 430).Ces gens-ci ne comprennent pas assez les finesses de la langue française pour sentir les finesses de mes observations; il leur faut du gros esprit de commis-voyageur (Stendhal, H. Brulard, t. 1, 1836, p. 26).Un gros et lourd accent de province (Goncourt, Journal,1860, p. 698) :
23. Si j'écrivais pour vous tout seul, ce serait fait tout de suite et ce serait beaucoup plus joli. Mais cela m'entrave de penser que des gens comme M. X... par exemple, iront promener là-dedans leur grosse intelligence bourgeoise en se demandant ce que j'ai bien voulu prouver. Loti, Journal,1878-81, p. 162.
Gros bon sens. Bon sens un peu rudimentaire :
24. ... vous êtes une Parisienne exceptionnelle et rayonnante, qui sait tout, qui lit tout, qui peut tout dire et tout juger. Car c'est incroyable : vous auriez le droit d'être frivole, évaporée, aérienne, et vous avez du bons sens, du gros bon sens. Renard, Comédies, Pain mén., 1899, p. 70.
Gros mot.
a) Usuel. Mot grossier ou trivial. Dire des gros mots. Certains, sans faire attention, mettent des gros mots dans la bouche des enfants (Abellio, Pacifiques,1946, p. 30) :
25. Derrière le comptoir, des garçons (...) ou des jeunes femmes généralement jolies, tout ébouriffées, (...) et qu'on pelotte de la main, de la canne ou du parapluie, avec de gros rires et apparemment de gros mots, qui sont loin de les effaroucher. Verlaine, Corresp., t. 1, 1872, p. 61.
b) Mot emphatique. Synon. usuel grand mot :
26. − J'admets très bien que ruiné, dépouillé, raclé, jusqu'à l'os, et légalement désarmé contre les prêteurs et les rapaces, on se fasse justice soi-même. − Par l'assassinat? − Voilà un gros mot. Disons par le meurtre... Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 208.
Grosses vérités. ,,Vérités si palpables que tout esprit peut les saisir`` (Ac. 1835-1932).
2. [En parlant d'une pers., ou d'un ensemble de pers.] Qui manque de finesse d'esprit. De gros vaudevillistes (Goncourt, Journal,1856, p. 234) :
27. Victor Pellerin était un excellent directeur de théâtre. Il choisissait fort bien ses pièces (...). Il n'était pas tenu de suivre le goût du gros public; il se souciait seulement de plaire aux connaisseurs; et il y réussissait assez bien. A. France, Vie fleur,1922, p. 548.
3. Dans le domaine de l'art, de la littératureQui manque de finesse. La Débâcle de Zola. Çà et là, un épisode d'un gros drame de boulevard; mais dans tout le volume, pas une page de grand écrivain (Goncourt, Journal,1892, p. 276) :
28. Jacques Mauclair est inoubliable [dans L'Éternel mari]. On croit d'abord à une caricature, mais il est impossible de caricaturer certains types humains, car plus le trait est gros, plus il est vrai; or, dans bien des cas, on ne rejoint le vrai que par l'excès. Green, Journal,1955-58, p. 124.
REM. 1.
Grossement, adv.D'une manière sommaire ou qui manque de finesse. Plaisanter grossement. Le trousseau était magnifique en linge, robes, argenterie, mais grossement magnifique (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 238).On ne conçoit même pas quelles opérations de l'esprit (...) auraient pu déduire de la connaissance, même la plus savante, du passé, une idée, même grossement approximative, de ce qu'est 1932 (Valéry, Variété IV,1938, p. 139).
2.
Grosset, adj.,fam. [En parlant d'une pers.] Un peu gros. [P. réf. à St Simon, Mémoires, 1740-1755, éd. A. de Boilisle, Paris, Hachette, VI, p. 60] Brissac, qui savait beaucoup avec une figure de plat apothicaire, grosset, basset (La Varende, Saint-Simon,1955, p. 14).
3.
Grossium, subst. masc.,arg. Personnage important par sa fortune, l'influence qu'il a dans son milieu. On gagne cent fois plus par le trafic que par le boulot... Les affaires normales nous ennuient. Regarde tous les anciens grossiums du marché noir (H. Bazin, Lève-toi, 1952, p. 103.). [Dans l'avenue d'Iéna] Je m'étais mis à gamberger sur la vie des grossiums qui créchaient dans ce coin (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 210).
Prononc. et Orth. : [gʀo], fém. [gʀo:s]. ,,Devant -ss- primitif, o se prononce fermé et long (ou demi-long en syllabe inaccentuée) : fosse, grosse, adosser, dossier, grosseur, grossier, grossir`` (Buben 1935, § 53). Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) ca 1100 « de volume ou de dimensions importantes » (Roland, éd. J. Bédier, 3159); b) ca 1100 grosse cume p. compar. « de volume ou de dimensions aussi importantes que » (ibid., 3153), d'où « du volume ou de la taille de » 1678-79 (La Fontaine, Fables, IX, 4, Œuvres, éd. H. Régnier, t. 2, p. 377 : qui n'est pas gros comme mon petit doigt); c) 1erquart xiiies. par transposition « de volume sonore important » (Reclus de Molliens, Charité, 118, 3 ds T.-L.); d) fin xives. « qui appartient à la catégorie de ce qui a des dimensions importantes » ici subst. le gros « le gros gibier » (E. Deschamps, Poésies, DCCCLXXXVI, 2, éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 71); 1538 gros bestiail (Est. s.v. Armentum); 2. a) 1130-40 fém. grosse « enceinte » (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 954); b) fin xiies. au propre « enflé, gonflé » (Flore et Blancheflor, éd. M. Pelan, ireversion, 2626 : Si oill sont gros por le plorer); c) ca 1165 « dont le volume est augmenté, gonflé » au fig. (avoir) le cuer gros « être courroucé, en colère » (B. de Ste-Maure, Troie, 8061 ds T.-L.) aussi « être valeureux, courageux ou orgueilleux » (cf. T.-L.), 1640 dans l'expression du chagrin le cœur gros de soupirs (Corneille, Cinna, IV, 1, Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 3, p. 433); d) ca 1165 mer grosse « mer enflée par la tempête, houleuse, agitée » (B. de Ste-Maure, op. cit., 27585, ibid.), d'où mil. xiiies. gros tans « mauvais temps, tempête » (Jean de Tuim, Jules César, 81, 13, ibid.); e) 1450-65 être gros de « être empli du désir de » (Pathelin, éd. Holbrook, p. 12, vers 220 ds IGLF); f) 1549 « qui contient en puissance, qui annonce, qui va engendrer » nues grosses de gresle (Ronsard, Hymne de France, vers 160, Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 32); g) 1718 « grossi pour impressionner » faire le gros dos au fig. (Le Roux, Dict. comique, p. 254 ds IGLF : faire le gros dos; c'est à dire, s'enfler de vanité, d'orgueil); av. 1784 faire les gros yeux (Diderot d'apr. Pougens ds Littré); 1837 faire la grosse voix (Balzac, Illus. perdues, p. 19 : une de ses amies qui avait mis des voleurs en fuite en faisant la grosse voix); 3. a) ca 1150 « rude, grossier » gros moz « paroles insultantes » (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4902); b) 1174 « brut, de consistance peu fine » (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 3936); c) ca 1265 au fig. « sans finesse d'esprit » (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, II, 70, p. 248); d) 1269-78 « évident, facile à comprendre » (J. de Meung, Rose, éd. F. Lecoy, 17365); 4. a) ca 1210 « important par sa position sociale, ses richesses ou son pouvoir » gros roi « grand roi » (Foulque de Candie, 6661 ds T.-L.); b) ca 1274 « important, intense » grosse paine (Adenet Le Roi, Berte, éd. A. Henry, 19); c) 1280 « important, conséquent » (promesses) grosses (Clef d'Amour, éd. Doutrepont ds T.-L.), cf. aussi 1306 la besoigne est grosse (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 419); d) 1690 « le plus important » gros lot (Fur.); 5. a) ca 1225 avec une valeur amplificatrice « entière, totale » une leue grosse (Pean Gatineau, St Martin, 4284 ds T.-L.); b) 1440-75 au fig. avec une valeur amplificatrice renforçant un adj. grosse entiere foi, bon gros léal homme (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 195 et p. 269), 1661-79 renforçant l'expression d'une caractéristique, d'une qualité ou d'un état une grosse dupe, une grosse bête (Retz, Œuvres, éd. A. Feillet, J. Gourdault, R. Chantelause, III, 368 ds IGLF); c) 1796 (couleur) « intense, foncée » (Pièces d'Orgères, I-17-49 ro1, ibid.); 6. 1740 prob. d'apr. le sens 5 avec une valeur iron. ou affective mon gros ami (Caylus, Guillaume, Œuvres badines, éd. 1787, X, 29, ibid.); 1808 subst. mon gros (à un enfant) (Hautel). B. Emploi subst. 1. 1erquart xiiies. subst. masc. (ou fém.) « personne corpulente » (Reclus de Molliens, Charité, éd. A. G. Van Hamel, 133, 4); 2. 1erquart xiiies. subst. masc. « celui qui est riche ou puissant » (Id., ibid., 200, 7). Du b. lat. grossus, terme pop. correspondant au lat. class. crassus (gras*), attesté au 1ers. au sens de « gros, épais » et dès le lat. chrét. au fig. au sens de « rude, grossier » (v. FEW t. 4, p. 280 et 281); alors que crassus supplantait pinguis au sens de « gras », grossus est passé dans les lang. rom. avec le sens plus gén. de « gros, de fortes dimensions » qui le met parfois en concurrence, en fr., avec grand (v. FEW t. 4, p. 280 et 281).
STAT.Gros1, v. gros3. Grosse. Fréq. abs. littér. : 7 498. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 842, b) 15 400, xxes. : a) 13 365, b) 9 759.
DÉR.
Grosserie, subst. fém.a) Technol. ,,Nom générique des gros ouvrages que font les taillandiers`` (Ac. 1835-1932). En partic. Ouvrage important d'orfèvrerie et, notamment, vaisselle d'argent. Nous ne pouvons que nous limiter aux orfèvres proprement dits, chargés de la « grosserie » en métaux précieux (Grandjean, Orfèvr. xixes., 1962, p. 22).b) Vx. Commerce de gros. Marchand qui fait de la grosserie (Littré). [gʀosʀi]. Ds Ac. dep. 1762. 1resattest. a) 1453 « gros œuvre » charpentier en grosserie (Document ds L. Lottin, Recherches historiques sur la ville d'Orléans, I, 308 ds IGLF); 1554 spéc. « gros ouvrages en argent » (Edit de Henri II, mars 1554 art. VII ds Havard); b) 1611 « commerce de gros » (Cotgr.); de gros1, grosse adj., suff. -erie*.
BBG. Benveniste (É.). Mécanismes de transpos. In : [Mél. Frei (H.)]. Cah. F. Sauss. 1969, no25, pp. 5556. - Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. BergenOslo-Tromsø, pp. 115-119, 390-391, 394-400. - Quem. DDL t. 15 (s.v. bon sens [gros-]). - Spitzer (L.). Über französisch gros. Z. fr. Spr. Lit. 1933, t. 57, pp. 67-76.