| GRONDEMENT, subst. masc. A. − [Correspond à gronder A 1, 2] 1. Cri sourd, prolongé et menaçant, qu'émettent certains animaux (en colère par exemple). Synon. grognement.Grondements d'un chien furieux; grondement sauvage. La couenne échut au chat noir, dont la satisfaction se traduisit par des grondements sourds et une patte étendue en avant (Gautier, Fracasse,1863, p. 16).On entendait le grondement rageur des petits roquets, qui ne décoléraient pas (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 71). 2. Sons indistincts prononcés entre les dents ou du fond de la gorge par une personne en colère; p. ext. paroles dites sur un ton irrité. Grondement de colère : 1. Les fausses colères du Midi tiraient de lui des grondements, des jurons grandiloquents, auxquels nous n'accordions aucune importance. Mais comme j'ai frémi, une fois, d'entendre mélodieuse la voix de sa fureur véritable!
Colette, Sido,1929, p. 83. B. − [Correspond à gronder A 3] 1. Bruit sourd et prolongé, parfois menaçant, produit notamment par des éléments naturels déchaînés ou des choses en mouvement, en activité. Synon. fracas, mugissement, ronflement, rumeur.Grondement du tonnerre, du fleuve, du torrent, de la mer, du canon, du train, du moteur; grondement sourd, continu, lointain. La foudre, dont les éclats saccadés se prolongeaient en grondements majestueux, tantôt lointains, tantôt tout voisins et comme au-dessus de ma tête (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 397).Il n'ose pas perdre une seconde à lever la tête pour suivre le vol de l'avion, dont le grondement l'assourdit (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 727) : 2. Elle allait dans la nuit molle et légère, nouvellement tombée, encore retentissante de la rumeur du jour avant que s'éveille le féroce et sourd grondement de la ville nocturne qui ne s'apaise qu'à l'aube.
Bernanos, Imposture,1927, p. 506. 2. Au fig. a) Murmure menaçant (de protestation, de révolte). − [Avec un compl. déterminatif indiquant] ♦ [la nature du grondement] Grondement de protestation, de révolte. Le grondement de rage d'un peuple exténué et qui n'en peut plus de souffrir : il va au-devant de sa protestation furieuse (Mauriac, Bâillon dén.,1945, p. 464). ♦ [l'origine du grondement] Grondement de la foule. Entends-tu, malheureuse, les grondements de ce peuple que tu as offensé (...)? (Sartre, Mouches,1943, II, tabl. 1, 3, p. 50). b) Bouleversement psychologique d'un sentiment près d'éclater. Grondement d'une passion : 3. Ces fécondes pensées, ces moments de croyance en soi suivis de désespoir agitèrent Lucien et le maintinrent dans la sainte voie du travail et de l'économie, malgré les grondements sourds de plus d'un fanatique désir.
Balzac, Illus. perdues,1839, p. 213. Prononc. et Orth. : [gʀ
ɔ
̃dmɑ
̃]. Ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. Fin du xiiies. (Trad. des serm. de Maurice de Sully, B.N. 24838, fo53 vods Gdf. Compl.). Dér. de gronder*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér. : 465. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 79, b) 714; xxes. : a) 1 046, b) 897. Bbg. Quem. DDL t. 16. |