| GROGNARD, -ARDE, adj. et subst. Fam., vieilli I. − Adj. [En parlant d'une pers.] Qui grogne, qui est sans cesse de mauvaise humeur. Synon. bougon, grincheux, grognon, ronchonneur.Une créature grognarde et soupçonneuse (Balzac, Melmoth,1835, p. 334). − P. méton. Qui témoigne de ce trait de caractère. Humeur grognarde. Le Général, retirant ses mains et sur le ton grognard : Oui! Tu l'as déjà dit! (Feydeau, Dame Maxim's,1914, I, 11, p. 17). II. − Subst. Celui, celle qui est toujours de mauvaise humeur, qui a l'habitude de grogner. C'est un grognard, une grognarde (Ac. 1835-1932). − Subst. masc., HIST. Soldat de la Garde sous le Premier Empire. Un grognard de Moscou et de Waterloo (Soulié, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 111).Incomparable race de France qui, du grognard sous son bonnet au poilu sous son casque, n'est jamais lasse d'héroïsme (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 239) : C'est lui [l'empereur] qui avait appelé ses grenadiers « les grognards »; il leur pinçait l'oreille, il leur tirait la moustache. L'empereur ne faisait que nous faire des niches; ceci est un mot de l'un d'eux.
Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 388. − Arg. (milit.). Canon. Il y a long-temps que j'n'avons entendu des grognards de 36; je commençais à me rouiller (E. Corbière, La Mer et les marins,1833, part. 5, ch. 3, p. 225 ds Quem. DDL t. 18). REM. Grognarder, verbe intrans.,rare. ,,Faire le grognard`` (Lar. Lang. fr.). C'étaient [des gendarmes] tous de vieux soldats et ils se mirent tout de suite à grognarder avec tant d'aisance qu'on se sentit entièrement rassuré (Giono, Roi sans divertiss.,1947, p. 40). Prononc. et Orth. : [gʀ
ɔ
ɳa:ʀ], fém. [-aʀd]. Ds Ac. dep. 1798. Uniquement au masc. ds Ac. 1798. Étymol. et Hist. 1. Adj. fin xiiies. Al vilein jelos groinart (Chanson ds Romania t. 15, p. 253, 46); 2. subst. masc. 1812 « soldat de l'empire » (Cadet-Gassicourt, Voyage, Paris, éd. L'Huillier, 1818). Dér. de grogner*; suff. -ard*. Fréq. abs. littér. : 66. |