| GRISOU, subst. masc. Gaz à base de méthane (CH4) qui, enfermé dans les roches carbonifères, se dégage lors des travaux d'exploitation de mines et devient explosible au contact de l'air. Il a été ingénieur des mines, et il a lâché le métier par peur du grisou (Renard, Journal,1900, p. 564) :... il n'y avait même là qu'un porion, avec trois mineurs. Sans doute, Zacharie, mal éclairé, furieux de cette lueur vacillante qui retardait sa besogne, commit l'imprudence d'ouvrir sa lampe. On avait pourtant donné des ordres sévères, car des fuites de grisou s'étaient déclarées, le gaz séjournait en masse énorme, dans ces couloirs étroits, privés d'aérage. Brusquement, un coup de foudre éclata, une trombe de feu sortit du boyau, comme de la gueule d'un canon chargé à mitraille. Tout flambait, l'air s'enflammait ainsi que de la poudre...
Zola, Germinal,1885, p. 1555. ♦ P. métaph. Le bombardement se ralentit, s'arrête, dans un nuage de fumée retentissante encore des fracas, dans un grisou palpitant et brûlant (Barbusse, Feu,1916, p. 321). − Coup de grisou. Explosion de grisou. Les victimes d'un coup de grisou égalent à peine en nombre celles d'un petit coup de main que l'on ordonne pour voir, et pour tenir les troupes en haleine (Alain, Propos,1936, p. 1307).Des mineurs, enfouis tout le jour dans de sombres galeries, à la merci d'un coup de grisou (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 132). − Vx, en appos. Feu grisou. On a vu des explosions de feu grisou anéantir des familles entières (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 251). REM. 1. Grisoumètre, subst. masc.Appareil qui mesure le taux de grisou. L'utilité d'une mesure plus précise du grisou a fait apporter à la lampe de sûreté à toile métallique des modifications (...) pour la transformer en un grisoumètre portatif (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p. 1149). 2. Grisouteux, -euse, adj.Qui contient du grisou. Mine grisouteuse. Mélange grisouteux (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905p. 369). Prononc. et Orth. : [gʀizu]. Ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1796 (Journal des mines, an IV, no18, p. 1 ds DG : Veines de houille dites à grisou); cf. 1832 adj. et subst. (Raymond). Forme dial. wallonne de grégeois*, provenant sans doute du Borinage; la forme brisou que l'on rencontre dans feu brisou, 1753 (Encyclop. t. 3, s. v. charbon) est pour Haust, une altération isolée due à l'infl. de briser*, v. Ruelle, p. 113. Fréq. abs. littér. : 24. Bbg. Denquin (Ph.). Le Parler de la mine. Vie Lang. 1961, p. 477. - Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 308. |