| GRISON1, -ONNE, adj. et subst. masc. I. − Adj., vx A. − [En parlant des cheveux, de la barbe, des poils] Qui grisonne, qui est un peu gris. D'opulents favoris au poil grison (Vogüé, Morts,1899, p. 346).Mèches grisonnes (Druon, Reine étranglée,1955, p. 170). B. − P. méton. 1. [En parlant d'un animal] Qui a le poil gris. Le père et Anne-Marie partirent un matin sur le cheval grison (Pourrat, Gaspard,1925, p. 51). 2. [En parlant d'une pers.] Qui a les cheveux, la barbe gris(e). Le voilà vieux, grison, flageolant sur ses jambes marbrées (Goncourt, Journal,1860, p. 758).Jeune homme! Vous avez cinquante ans passés et vous êtes un peu grison (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 107). II. − Subst. masc. A. − [En parlant d'une pers.] 1. Barbon, vieux. Amour d'enfant, d'adolescent et de grison (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 118). 2. Domestique habillé de gris pour remplir son office avec discrétion. On l'a fait suivre par des grisons. On lui a détaché un grison (Ac. 1798-1878). Voici mon laquais. (Appelant) Venez ici, grison, et obéissez à monsieur (Dumas père, Trois entr'actes pour Amour médecin,1850, 2eentr'acte, 3, p. p. 347). − P. plaisant. Moine vêtu de gris. (Ds Littré, DG, Nouv. Lar. ill.-Lar. 20e, Quillet 1965). B. − Fam., vx. [P. réf. à la couleur de son pelage] Âne, cheval gris. Être monté sur un grison (Ac. 1835-1932). J'avais trouvé pour notre couple une soupente et, pour le grison, un coin d'étable (Arnoux, Juif Errant,1931, p. 135) : ... j'arrêtai l'âne au bord du chemin, derrière un large buisson, et pendant que la jeune fille criait : « Charlot! Charlot! » je montai sur le grison, le chapeau de paille sur la tête, et, m'enfonçant dans un petit bois, j'allai au pas.
Janin, Âne mort,1829, p. 30. C. − Emplois spéc. 1. TECHNOL. Grès calcaire de l'ouest de la France. Synon. grisard. (Ds Littré, Lar. 19e-Nouv. Lar. ill., DG). 2. ZOOL., fam. Petit mammifère de l'Amérique du Sud, carnassier et glouton. Les 2 espèces de Grisons (...) répandues dans presque toute l'Amérique du Sud, ont le dos gris clair (L. Harrison Matthews, La Vie des mammifères, Paris, éd. Rencontre, 1972, p. 488). Prononc. : [gʀizɔ
̃], fém. [-zɔn]. Étymol. et Hist. 1. a) 1449 « qui est un peu gris (en parlant d'un cheval) » (L. de Beauvau, Pas de la Bergiere, 308 ds Gdf. Compl.); b) ca 1470 grison subst. masc. « cheval de robe grise » (Trahison de France, 150, ibid.); 1644 « âne » (Scarron, Typhon, V ds
Œuvres, éd. 1786, V, 472); 2. a) 1536 grison adj. « qui a la barbe ou les cheveux gris, grisonnants » (Rabelais, Lettres ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, III, 355); b) 1640 subst. masc. « filou vêtu de gris » (Oudin Curiositez); 1685 « domestique sans livrée, habillé de gris, pour commissions secrètes » (Mmede Sévigné, Lettre à Mmede Grignan, 7 février ds Lettres, éd. M. Monmerqué, VII, 357). Empr. de l'a. prov.grizon « gris (en parlant d'un cheval) » (La dépense journalière d'un château quercynois au 14es., III, 57 ds Levy (E.) Prov.), lui-même issu de gris* (sens A1); suff. -on*. Bbg. Quem. DDL t. 10. |