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GRIMACER, verbe
I. − Emploi intrans.
A. − [Le suj. désigne (le visage d') une pers. ou une partie du visage]
1. Faire une/des grimace(s). Sa figure grimace quand il est intimidé, et la fixité de mes regards le déconcertait un peu et faisait qu'il cherchait ses expressions avec un peu d'embarras (Vigny, Journal poète,1830, p. 920).Son nez fantasque (...) grimace et a toujours l'air en mouvement (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1477) :
1. ... il commença à grimacer, se transformant en singe, en idiot, en épouvanté, en type à fluxion, en tous les grotesques que peut exprimer un visage humain. Ça ne suffisait plus : il se servit de ses doigts, tirant sur les coins de ses yeux, agrandissant sa bouche pour la gueule de crapaud de l'homme-qui-rit, tirant ses oreilles. Malraux, Cond. hum.,1937, p. 372.
Faire grimacer.Une crispation du visage le fait encore grimacer; mais il réussit à faire de cette grimace un rictus hautain (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 721).
P. ext.
a) [Le suj. désigne un animal, un être imaginaire] Le démon grimace. S'il passait seulement devant le chenil, tous ses chiens courants éternuaient et grimaçaient pendant une heure (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1857, p. 41).Un aquarium où des poissons grimaçaient méchamment (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 314).
b) [Le suj. désigne la représentation d'un (visage) humain] Un sarcophage de brèche violette, où grimacent des masques comiques (Morand, Londres,1933, p. 216).
2. [Avec un compl. prép. de désignant une partie du visage] Faire, avoir une grimace déformant (une partie du visage). Rousseau, grimaçant de la lèvre inférieure, fit sa moue la plus misanthropique (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 123).Beaucoup n'arrivaient qu'en marchant, titubantes (...) et se tenant le côté, et se tenant le cœur, et se crispant sur des mouchoirs, et grimaçant de la bouche (Montherl., Olymp.,1924, p. 351).
3. [Avec un compl. prép. de causal désignant un affect] Manifester par une/des grimace(s). Toute sa figure rouge grimaçait de joie : il gloussa : « Aie pas peur, ma sœur, j'ai mon truc » (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Âne, 1883, p. 376).Non! Non! Non! cria-t-il d'une bouche qui grimaçait de violence (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 302) :
2. Christophe grimaçait de douleur; il se mordait les lèvres pour ne pas pleurer, et, stoïquement, il continuait à accrocher les notes de travers, rentrant sa tête dans ses épaules, à chaque coup qu'il sentait venir. Rolland, J.-Chr., Aube, 1904, p. 65.
B. − Au fig., dépréc.
1. Rare. [Le suj. désigne une pers.] Avoir une attitude feinte, peu naturelle. Qu'on ne te reproche pas ces simagrées que tu faisais avec tes nobles amis. Ce n'est rien. Tu posais, tu grimaçais malgré toi. Nous grimaçons tous (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 51).
En partic. Faire des manières. Si jeunes que vous soyez, vous autres femmes, vous ne pouvez pas vous passer de grimacer (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1283).
2. [Le suj. désigne une expression du visage] S'exprimer par une/des grimace(s), de façon forcée ou exagérée. L'excès de mouvement et de bruit les avaient rendus ivres, ils avaient beau être jeunes, leurs sourires grimaçaient sur leurs dents entrechoquées par un tremblement de froid (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 84).Il se redressa en souriant avec cette expression de finesse naguère charmante et qui maintenant grimaçait dans ses rides (Chardonne, Épithal., Paris, Albin Michel, 1951 [1921], p. 139).
3. En partic., dans le domaine de la crit. artistique
a) [Le suj. désigne un personnage dans une représentation plastique ou, p. anal., littér.] Avoir une expression outrée. L'auteur [Michelet], comme toujours, pousse à l'effet, il force les couleurs, il fait grimacer les personnages qui interviennent, il badine hors de propos (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 2, 1851-62, p. 419).Dans le tableau de Saint Jean l'évangéliste, la plupart des personnages grimacent, les figures sont cherchées, intentionnées à l'excès (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 242).
b) [Le suj. désigne un contenu ou une forme artistique] Manquer, dans son expression, de naturel, de bon goût. Dans ses morceaux épiques et lyriques les plus soutenus, une expression, une métaphore triviale ou burlesque, fait grimacer ce style qui veut être sérieux (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p. 69).Ce qui est convaincant dans le Chateaubriand de Cambré, grimace dans le Musset italien et dans le Hernani espagnol. Car le théâtre dénonce toujours ce qu'il y a d'artificiel dans une littérature (Vilar, Tradition théâtr.,1963, p. 98).
C. − COUT. Faire un faux pli. Synon. goder, bailler.P. ext. Un lit en noyer, sans rideaux, au bas duquel grimaçait un méchant tapis d'occasion (Balzac, Illus. perdues,1839, p. 280).
II. − Emploi trans. [Le suj. désigne une pers.]
A. − Grimacer un rire, un sourire. Faire un rire, un sourire en grimaçant, en se forçant ou de façon exagérée. Angelo Bozzoni, maître d'hôtel, s'inclina, grimaçant un sourire de ballerine (Hamp, Champagne,1909, p. 227).Il resta hésitant un moment, grimaça vers moi un sourire qui découvrit des mâchoires serrées, et nous tourna le dos (Lacretelle, Silbermann,1922, p. 142).
P. ext.
1. Exprimer par une/des grimace(s). Merci, dit-elle en grimaçant un refus à désespérer un macaque (Balzac, Comédiens,1846, p. 321).Emmanuel tambourinait aux carreaux, en passant; et, le nez écrasé contre la vitre, il grimaçait un bonjour (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1304).
2. Exprimer par une mimique outrée. Glissez sur certains traits pour qu'ils soient mieux compris Et ne grimacez point l'esprit et la finesse (Samson, Art théâtr.,1863-65, p. 203).
B. − Au fig., rare. Simuler, feindre. Pour retenir et fixer ton amour, il aurait fallu m'avilir et me dégrader. Mes sens glacés ne pouvaient rien pour tes plaisirs. (...) Lélia, grimaçant la volupté, commandant à ses yeux de sourire et de jouer l'extase, Lélia que tu divinisais, n'aurait été qu'un monstre hideux (Sand, Lélia,1833, p. 315).V. aussi amoureux ex. 112.
P. ext. Imiter maladroitement. [Ceux qui ont voulu imiter Whistler] n'ont fait que grimacer cet art si noble. Pour être fumeux et fabriquer fraîchement des tons décolorés, on n'est pas (...) Whistler ou Carrière (Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 314).
REM. 1.
Grimacé, -ée, part. passé en emploi adj.Elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées (Balzac, Goriot,1835, p. 12).Une caricature un peu grimacée mais encore ressemblante (Amiel, Journal,1866, p. 398).
2.
Grimacement, subst. masc.Action, fait de grimacer. Ils [les morts] devaient faire tous, dès la première minute, un grimacement décharné, inexpressif, comme les têtes de squelettes (Loti, Rom. enf.,1890, p. 71).
Prononc. et Orth. : [gʀimase], (il) grimace [gʀimas]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1428 grimachier « faire des grimaces » (Ballade, 26 ds Voyage de Jérusalem du seigneur d'Anglure, éd. Fr. Bonnardot et A. Longnon, p. 112); 2. 1701 « faire un faux pli (d'un vêtement) » (Fur.). Dér. de grimace*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 451. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 297, b) 689; xxes. : a) 812, b) 799.