| GRIGNER, verbe intrans. A. − Vx et pop. ,,Plisser les lèvres en montrant les dents`` (DG). P. ext. Grimacer : Il avait l'air (...) d'un enfant qu'on a empêché de faire une sottise, une saleté, et qui grigne, à la fois furieux et penaud.
Richepin, Cadet,1890, p. 158. B. − COUT. Plisser, onduler, froncer, rider. Étoffe qui grigne (Lar. 20e). Le fil doit être tenu lâche pour que les points ne fassent pas grigner le tissu de fond (Dreyfus, Manuel apiéceur,av. 1953, p. 9). REM. 1. Grignard, -arde, adj.[Correspond à supra A] [Une chienne] découvrait les dents de sa mâchoire grignarde (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 152). 2. Grignard, subst. masc.,technol. a) Variété de gypse cristallisé interposé dans la pierre à plâtre (d'apr. Littré). Le grignard est en lits ou bancs intercalés entre des bancs de gypse compact (Plais.-Caill.1958).b) Sorte de grès fort dur employé dans la construction (d'apr. Jossier 1881). c) « Pierre coquilleuse dont la surface est marquée par des alvéoles » (Barb.-Cad. 1963). Emploi adj. ,,Qui a un aspect rugueux avec des trous de coquillages. Le Saint-Maximin dit « construction » est une pierre plus ou moins grignarde`` (Noël 1968). Prononc. : [gʀiɳe], (il) grigne [gʀiɳ]. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 greignier « grincer des dents, grommeler » (Beroul, Tristan, éd. E. Muret et L. M. Defourques, 3362); 1243 graingnier les dens « id. » (Geoffroy de Paris, Bible des sept états du monde, fo159a ds Gdf); b) 1174-78 grinier « faire la grimace, froncer la figure » (E. de Fougères, Manières, 854 ds T.-L.); 2. 1890 grigner « goder; faire des plis, des fronces » (DG). Du frq. *grinân « faire la moue »; cf. m. néerl. grînen « crier, faire la grimace »; a. h. all. grînan « grommeler, crier, grogner »; m. h. all. greinen « id. »; all. greinen « pleurnicher ». En ce dernier sens grigner est encore très vivant dans les parlers région. (cf. FEW t. 16, p. 67a-b). La mouillure du -n- s'explique par l'infl. du verbe grogner* auquel il est sémantiquement apparenté (FEW t. 16, p. 71b). |