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GRIBOUILLER, verbe trans.
A. − Tracer de façon maladroite, confuse ou au hasard des caractères d'écriture, des signes graphiques quelconques. Synon. barbouiller, griffonner.Son écriture se dilua : elle gribouillait les fins de mots, sautait les accents et la ponctuation (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1378).J'aimais gribouiller sur des feuilles blanches des phrases ou des dessins : mais je savais ne fabriquer alors que de faux objets (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 47) :
L'homme de quarante ans ne fait que broder des variations sur le thème fixé dès la petite enfance. Les dessins qu'on gribouille en cachette, à dix ans, trouvent leur accomplissement vingt ans, trente ans plus tard. Green, Journal,1944, p. 104.
Absol. Mademoiselle, est-ce que vous me permettrez d'ajouter un troisième griffonnage aux deux griffonnages hideux que je vous envoie? Didine et Charlot ont gribouillé à l'envi, comme vous voyez; et je vous demande grâce pour eux comme pour moi (Hugo, Corresp.,1832, p. 512).V. griffonnage ex.
En partic. [Pour qualifier de façon dépréc. ou iron. la forme ou le contenu d'un texte] Je ne sais ce que j'ai gribouillé, mes idées sont gênées, mal à l'aise, comme prises à la patte, et se débattant bizarrement dans ma tête (E. de Guérin, Journal,1838, p. 146).Quelqu'un me surprit à gribouiller une réponse versifiée (Sartre, Mots,1964, p. 116).
Absol. [Pour qualifier de façon dépréc. ou iron. l'activité d'un écrivain ou d'un peintre] Ma nuit se passe, comme toujours à gribouiller (Sand, Corresp., t. 2, 1839, p. 121).
B. − Qqn gribouille qqc. à qqn.Écrire à quelqu'un en gribouillant (au sens A). Synon. griffonner.Je te gribouille ceci en hâte, au galop, pour que tu aies mon impression toute chaude (Hugo, Corresp.,1863, p. 443).Je ne me rappelle plus très bien ce que je t'ai dit hier matin, me dit-il, mais qu'importe. Il y a trois jours, je t'ai gribouillé un certain nombre de choses là-dessus. J'espère que c'est lisible (Abellio, Pacifiques,1946, p. 344).
C. − Couvrir (quelque chose) de gribouillages. Vermillon avait contracté, à côté de lui, le goût de la peinture (...) saisi par une rage de gribouiller du papier, il s'était mis à arracher des plumes aux malheureuses poules du portier, à les tremper dans le ruisseau (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 144).
Rem. La docum. atteste un emploi où le suj. désigne ce qui constitue le gribouillage. C'est, devant ma vue, comme des traits à la plume qui gribouillent et raturent le champ blême (Barbusse, Feu, 1916, p. 245).
Prononc. et Orth. : [gʀibuje], (il) gribouille [gʀibuj]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. 1611 « gargouiller (en parlant des intestins) » (Cotgr.); 2. av. 1700 « écrire, peindre d'une manière confuse » (E. Ghérardi, Théâtre italien, 377 ds DG). Empr. du néerl.kriebelen onomat. « fourmiller, démanger; griffonner » avec substitution du suff. -ouiller* plus expressif en fr. que le suff. dimin. -eler. Bien que l'on n'ait pas d'attest. ant. au xviies., tout laisse à penser que le mot existait déjà au xvies. (cf. gribouille* et gribouillis*). Le sens 1erdu néerl. « être agité par des mouvements incontrôlés » apparaît dans 1, v. aussi gribouillis* (sens 1), gribouille*, cf. FEW t. 16, p. 386-387. Fréq. abs. littér. : 29. Bbg. Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 291; t. 3 1972 [1930], pp. 308-312.