| GRENER, GRAINER, verbe A. − Emploi intrans. 1. Donner de la graine. Quand on a laissé un seul pied d'arroche grainer dans le jardin, on n'a plus à s'occuper de sa multiplication; il en pousse chaque année plus qu'il n'est nécessaire d'en conserver (Gressent, Potager mod.,1863, p. 583).Pour nous a grainé le houx (Colette, Pays. et portr.,1954, p. 121) : 1. On doit ranger aussi parmi les végétaux soumis immédiatement aux influences de l'astre des nuits les mousses, dont la plupart ne végètent, ne fleurissent et ne grènent qu'en hiver, lorsque la lune est dans notre hémisphère.
Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 62. − Au fig. − Ne regrettez rien, pauvre père. Il leur est venu d'un coup beaucoup d'argent? Eh bien, vous verrez, cet argent partira de même. Ces profits-là peuvent fleurir, ils ne grainent point (Pourrat, Gaspard,1930, p. 86). − P. anal. Faire grener le ver à soie. Laisser la chrysalide devenir papillon, le papillon faire ses œufs. (Dict. xixeet xxes.). 2. Se former en grain. Le sirop commençant à grainer dans l'appareil à cuire ne tarde pas à se remplir de cristaux (Rouberty, Sucr.,1922, p. 91). 3. Arg. Manger. Synon. casser la graine.Quelle heure il est? (...) − Midi moins le quart, mec, mais on graine tout de suite! (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 196). B. − Emploi trans. 1. Réduire une matière en petits grains. Grener du sel, du tabac à priser. Les poudres de chasse françaises sont grenées en 5 numéros (...) caractérisés par la grosseur des grains (Vennin, Chesneau, Poudres et explosifs,1914, p. 335).Le sucre a pris l'humidité : il faut le grener (Colin1971) : 2. Sur les planches et aux clous s'étageaient des verreries, des cuivres, un alambic, un récipient assez semblable à ces vases à grener la cire (...) et une confusion d'objets bizarres (...) qui était une batterie de cuisine de chimiste.
Hugo, Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 156. − Emploi pronom. réfl. [Le suj. désigne le sel] Dans les marais salants, se cristalliser sous l'action du soleil. (Dict. xixeet xxes.). 2. Rendre grenu. Grener un cuir, une étoffe (Dict. xixeet xxes.). − IMPR. Grainer une surface. La rendre légèrement rugueuse en vue d'un travail ultérieur. Il est nécessaire de grainer la surface [des plaques de zinc], car le grain est indispensable pour le tirage à la machine (Chelet, Lithogr.,1933, p. 223).Comme la pierre, le zinc et l'aluminium doivent être convenablement grainés, soit à la main, avec du grès ou du sable, soit sur une machine spéciale (Arts et litt.,1935, p. 30-18). REM. Grenaison, subst. fém.Formation de la graine dans les céréales. (Dict. xixeet xxes.). La grenaison du blé (Littré). Prononc. et Orth. : [gʀ
əne], (il) grène [gʀ
εn]; [gʀ
εne] et [gʀe-], (il) graine [gʀ
εn]. Ds Ac. dep. 1694, s.v. grener. Var. grainer (dérivé grainaison) ds la plupart des dict. gén. du xixeet xxes. qui renvoient de grai- à gre- (cf. Lar. 19e-20e, Littré, DG, Rob., Lar. Lang. fr.). Le sens arg. « manger » semble s'écrire uniquement grainer. V. égrener. Étymol. et Hist. 1. 1180-85 grener « monter en graine » (Gace Brulé, éd. H. Petersen Dyggve, 28, 4); 2. a) 1528 grené « en grains, granuleux » (Platine de honneste volupté, fo12 vods Gdf.); b) 1745 grainer (Bosse, Manière de graver, p. 130 : l'on grainera avec le petit berceau celles [les parties] qui paroîtront trop claires); 1753 cuir grainé (Encyclop. t. 3, s.v. chagrin); c) 1745 subst. (Bosse, op. cit., p. 134 : cette espèce de grainé occasionné par le crayon sur un papier plus ou moins doux); 3. a) 1593-96 grené « réduit en grains » (Du Villars, Mém., IV, an 1553, Michaud ds Gdf. : poudre menue grenee); b) 1723 grener « réduire en graine » (Savary : Grener le sel); 4. 1600 « produire des œufs » (O. de Serr., V, 15 ds Gdf. Compl. : Faire grainer les papillons [de vers à soie]). Dér. de grain* I, graine*; dés. -er. Bbg. Quem. DDL t. 10, 13. |