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GRAVIER, subst. masc.
A. −
1. Ensemble de petits cailloux roulés ou non (ex. 2). Gravier blanc, rose, jaune; gravier qui crisse, qui roule sous les pieds. Un roulement de roues fit crier le gravier de la cour (Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 139).Ensuite, ils mangèrent un plat de gravier où il y avait quelques lentilles (Renard, Journal,1894, p. 212).Dans l'ombre, un nouveau pas grinçait sur le gravier de la route (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1911, p. 286) :
1. Les roues des ambulances avaient creusé des ornières dans l'allée, où il ne restait plus trace du gravier fin que M. Thibault faisait jadis ratisser chaque jour. Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 849.
P. métaph. Roulant dans sa gorge de bois le gravier d'une chanson de soldat en marche (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 272).Ils se parlaient dans leur langue, qui est une langue qu'on ne comprend pas, parce que c'est du gravier allemand (Ramuz, Derborence,1934, p. 42).
P. méton. Petit caillou. Il taquine d'une patte molle un vieil oignon de tulipe qu'il délaisse pour un gravier rond (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 248) :
2. ... on va d'abord essayer d'éveiller la gouvernante. Je crois que sa fenêtre est juste au-dessus. Tu n'as qu'à y jeter une poignée de graviers, en douce. Mais les minuscules cailloux vinrent s'abattre en vain sur les volets de chêne. Bernanos, Crime,1935, p. 750.
2. GÉOL. Roche détritique meuble, d'un diamètre compris entre 2 et 20 mm environ (cf. Plais.-Caill. 1958). Les sables (...) succèdent aux amoncellements de blocs et de graviers dont le fleuve s'est déchargé d'abord (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 55).Les graviers et les poudingues formés de cailloux bien roulés de roches diverses, surtout de roches dures, indiquent un remaniement intense et prolongé sous l'action de l'eau en mouvement (P. Fourmarier, Principes de géol., Paris, Masson et Liège, H. Vaillant-Carmanne, t. 1, 1949, p. 218).
B. − P. anal., vieilli, MÉD. Concrétion qui se forme dans les reins ou la vessie. Plus souvent il [le pissement de sang] est occasionné par une cause interne. Une des plus fréquentes, ce sont des graviers dans les reins, ou une pierre dans la vessie (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 363).V. aussi gravelle ex.
REM. 1.
Graveler, verbe trans.Couvrir de gravier. Graveler une allée (Littré; cf. Lar. Lang. fr.).
2.
Gravelage, subst. masc.Action de graveler; résultat de cette action. Gravelage des chemins vicinaux (Monit. Univ., 2 mai 1868 ds Littré).
Prononc. et Orth. : [gʀavje]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1135 gravier « grève, rivage » (Couronnement Louis, 1271 ds T.-L.); 1155« gros sable » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 9454). Dér. de l'a. fr. grave, grève1*; suff. -ier*. Fréq. abs littér. : 355. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 274, b) 388, xxes. : a) 544, b) 740.
DÉR.
Gravière, subst. fém.Lieu d'où l'on extrait du gravier. Tout à coup, le pied me fit défaut, et je roulai au fond d'une faille (...) découvrant une Suisse en miniature (...), des sablières, des gravières, des glissières et, au bas, des tourbières noires, un filet d'eau (Cendrars, Homme foudr.,1945, p. 229).Les graviers, exploités pour divers usages dans les gravières, sont formés de cailloux roulés auxquels sont mêlés des débris de plantes, des ossements, des coquilles (P. Fourmarier, Principes de géol., Paris, Masson et Liège, H. Vaillant-Carmanne, t. 1, 1949p. 23).[gʀaviε:ʀ]. 1resattest. Fin xiies. gravere « étendue de graviers » (Contin. du Brut de Wace, Michel, Chron. anglo-norm. I, 76 ds Gdf.), ca 1240 gravere « étendue de graviers » (Deuxième collection anglo-norm. des Miracles de la Vierge, 5, 87, ds T.-L. − xvies. ds Hug., à nouv. spéc. 1876 « lieu d'où l'on extrait du gravier » (Journ. de l'Ain, 9 mai, 3epage ds Littré Suppl.); fém. de gravier.