| GRAVELEUX, -EUSE, adj. A. − [En parlant d'un sol] Qui est mêlé de graviers, qui contient du gravier. Terre graveleuse (Ac.). C'est un vaste plateau graveleux, pauvre de végétation, grisâtre d'aspect et d'une navrante mélancolie (Fabre, J. Savignac,1863, p. 19).Le sol joue un rôle capital dans la qualité du vin. Le cep aime le terrain maigre, graveleux et avare (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 58). ♦ P. anal. Je mangeais la maigre pitance des prisonniers, un peu de farine avariée et quelques lentilles graveleuses (Arnoux, Juif Errant,1931, p. 78). − P. ext. Fruit graveleux. Dont la chair contient de petits corps durs. Une poire graveleuse (Ac.1932). B. − MÉD., vx. Qui est relatif à la gravelle; qui contient de la gravelle. Urine graveleuse, affection graveleuse (Ac.). Rein graveleux (cf. Le Gendre ds Nouv. Traité Méd., fasc. 7, 1924, p. 539). − Emploi subst. Personne sujette à la gravelle. Si l'on voit tant d'hommes gras avant l'âge, (...) des goutteux, des graveleux, des hydropiques par centaines, cela vient de la bière (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 157). C. − Au fig. Qui est d'un caractère licencieux, proche de l'obscénité. Anecdote, chanson, histoire graveleuse; roman, propos graveleux; situation graveleuse. Jamais d'allusion aux rapports sexuels, fonds de la conversation entre camarades. Pas un mot graveleux, alors que les jeunes littérateurs parlaient comme dans une chambrée de caserne (Blanche, Modèles,1928, p. 24) : Les mots hardis, les gauloiseries, les allusions graveleuses le faisaient rougir si vite que le DrBarbesol l'avait surnommé le thermomètre de la pudeur.
Maupass., Contes et nouv., t. 2, Rosier MmeHusson, 1887, p. 688. ♦ [En parlant d'une pers.] La drôlatique et graveleuse créature, tournant autour de vous, se frottant à votre poitrine et vous interrogeant avec des bousculades de son ventre de poussah (Goncourt, Journal,1875, p. 1058). − Emploi subst. avec valeur de neutre. Ce qui présente un caractère licencieux; caractère licencieux (de quelque chose). Collé, qui était de la bonne race gauloise, n'avait ni l'abondance ni le jet de verve de Beaumarchais, et il se complaisait un peu trop dans le graveleux (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 6, 1853, p. 225).J'aurais désiré que vous citassiez les textes, mais vous avez craint sans doute d'effaroucher les gens du monde. Je suis en peine de savoir comment vous vous tirerez du graveleux de votre sujet (Mérimée, Lettres F. Michel,1851, p. 29). REM. Graveleusement, adv.D'une manière graveleuse. Il ne me veut aucun bien, cet homme-là. Il me veut. Il n'a pas l'humeur à plaisanter, même graveleusement (Colette, Vagab.,1910, p. 26). Prononc. et Orth. : [gʀavlø], fém. [-ø:z]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 gravillous « qui contient du gravier » (Naissance du chev. au cygne, éd. H.A. Todd, 137); xiiies. graveleux (Artur. B.N. 337, fo265c ds Gdf. Compl.); 2. 1478 gravelleux méd. (G. de Chauliac ds Sigurs, p. 439); 3. [fin xviies. d'apr. Rob.] 1765 « licencieux » (Dider., Salon,
Œuv. t. XIII, p. 180 ds Pougens d'apr. Littré). Dér. de gravelle*; suff. -eux*. Fréq. abs. littér. : 32 |