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GRATTE, subst. fém.
A. − Domaines techniques divers [Correspond à gratter I A 1]
1. AGRIC. Synon. de sarcloir. (Ds Rob. et Lar. Lang. fr.).
2. MAR. Outil à main servant à gratter, à racler les parties d'un bâtiment (carène, pont...), formé d'un manche et d'une raclette de fer triangulaire, tranchante sur les trois côtés. Synon. racloir.Ensuite, usant le pont, déjà très blanc, avec du sable, des frottes, des grattes, pour le blanchir encore (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 374).
B. − Vx, arg., pop. [Correspond à gratter I A 3 et B] Gale. (Ds Rob., Sandry-Carr. 1963 et Lar. Lang. fr.).
C. − Fam. [Correspond à gratter I A 5] Menu profit souvent illicite, obtenu en grappillant; supplément accordé sur une vente. Il y a de la gratte; faire de la gratte. C'est moi que la patronne sacquerait. Et cinq cents balles par mois, avec la gratte, ça ne se retrouve pas si vite (Bourget, Némésis,1918, p. 245) :
... Madame était la fille d'un ancien cocher et d'une ancienne femme de chambre, lesquels, à force de grattes et de mauvaise conduite, réunirent un petit capital, s'établirent usuriers en un quartier perdu de Paris... Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 342.
Arg. des tailleurs, des couturières. Chutes de tissu que s'approprie l'ouvrier qui a confectionné la pièce. Elle était lasse de se retaper avec la gratte des ateliers de la rue du Caire (Zola, Assommoir,1877, p. 726).
D. − Arg. et pop. [Correspond à gratter I C 2] Guitare. Ah! ces gitans! (...) Quand ils empoignaient leurs grattes là-bas (Le BretonArgot1975).Doillon n'est pas de ces musicos fanas de la gratte (Le Monde, 3-5, 1978).
Prononc. et Orth. : [gʀat]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xiiies. [ms.] gretes ou grates « gale (?) » (Gautier Le Leu, La Veuve, éd. C. H. Livingston, A 185; cf. aussi T.-L. d'apr. une éd. antérieure); 1549 (A. du Moulin, La Vertu et propriété de la quinte essence de toutes choses, p. 108 ds Gdf.); de nouv. 1836 (Vidocq, Voleurs, t. 1, p. 200); 2. a) 1773 mar. (Bourdé de Villehuet, Manuel des marins, t. 2, p. 27); b) 1803 « sorte de sarcloir » (Boiste); 3. a) 1858 cout. « dîme clandestine prélevée sur l'étoffe confiée pour un travail » (Larchey, Excentricités ds R. anecdotique, t. 7, no9, p. 556); b) 1861 « tout profit fait par abus de confiance » (Goncourt, Sœur Philom., p. 83). Au sens 1, dér. régr. de grattelle*, plutôt que déverbal de gratter*; grattelle est mieux attesté que gratte, du Moy. Âge au xixes. Aux sens 2 et 3, déverbal de gratter*. Bbg. Darm. 1877, p. 51 - Hotier (H.). Le Vocab. du cirque et du music-hall en France. 1973, p. 55, 135.