| GRAT(T)OUILLER,(GRATOUILLER, GRATTOUILLER) verbe trans. Familier A. − 1. Qqn grat(t)ouille qqn ou qqc. a) Gratter légèrement, un peu. Grattouiller le fond d'une casserole (Rob. Suppl. 1970). On cause en gratouillant le fossé ou la rigole (La Varende, Dern. fête,1953, p. 281). − En partic. Jouer un peu d'(un instrument), de temps en temps, médiocrement. Est-ce qu'il ne serait pas là, lui aussi, à gratouiller sa guitare? (Giono, Gds chemins,1951, p. 54). b) Chatouiller. Adroitement, il tripote et gratouille le ventre sensible de Fanchette (Colette, Cl. Paris,1901, pp. 109-110). 2. Qqc. grat(t)ouille qqn.[Le suj. désigne la cause ou le lieu du procès] Chatouiller, démanger ou picoter. Col, lainage qui gratouille qqn. J'ai l'gousier, bon Dieu, qui m'gratouille comme la gale (Martin du G., Gonfle,1928, I, 5, p. 1187).La fumée du cigarillo (...) gratouillait la narine (J. Cauds Paris-Match,28 mars 1970, p. 86, col. 3) : le tambour. − (...) Quand j'ai dîné, il y a des fois que je sens une espèce de démangeaison ici. (Il montre le haut de son épigastre). Ça me chatouille, ou, plutôt, ça me grattouille. knock, d'un air de profonde concentration. − Attention. Ne confondons pas. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous grattouille? le tambour. − Ça me grattouille. (Il médite). Mais ça me chatouille bien un peu aussi.
Romains, Knock,1923, II, 1, p. 8. B. − Au fig. Flatter, chatouiller. Des amis, des connaissances vinrent la voir, et la louèrent, mais sans qu'ils trouvassent en leurs louanges la phrase qui gratouille une vanité (E. de Goncourt, Faustin,1882, p. 185).Ses facultés s'émoussent, le violoncelle de maître Jean ne lui gratouille plus les nerfs aussi voluptueusement qu'autrefois (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 246).Les empêcher d'aller parader à la tribune d'honneur, et gratouiller Félix Faure (La Varende, Saint-Simon,1955, p. 413). Prononc. et Orth. : [gʀatuje], (il) grattouille [gʀatuj]. Écrit avec 2 t ds les dict. gén. qui l'attestent (Rob. Suppl. 1970 et Lar. Lang. fr.). Mais la docum. donne de nombreux ex. de graph. avec 1 t (supra). Étymol. et Hist. 1. 1882 gratouiller fig. « chatouiller » (E. de Goncourt, loc. cit.); 2. 1901 « gratter légèrement » (Colette, loc. cit.). À l'orig., mot prob. région. (notamment du Centre et de Champagne-Ardennes, cf. FEW t. 16, p. 374a), attesté indirectement par gratouillement, gratouilleux « chatouillement, chatouilleux » (Franche-Comté, xves. ds Gdf.), prob. altération d'apr. chatouiller* de gratiller « chatouiller », mot plus largement répandu en fr.-prov. et dans ses alentours ainsi qu'en prov. (notamment dans le Sud-Est, cf. FEW t. 16, p. 373b) et attesté indirectement et à époque plus anc. par gratilleus en fr.-prov. (xves. ds FEW, loc. cit.) et peut-être par l'a. prov. faire gratil « rire, plaisanter, se moquer de » (xiies. ds Lévy Prov.). Dér. de gratter prob. au sens de « flatter » (xives. Jean Le Fevre ds Gdf. Compl.), suff. -iller*. On l'a rattaché à gratter d'apr. cracher*, crachouiller*; pendre*, pendouiller*. Cf. G. Roques ds Trav. Ling. Litt., t. XVII, 1 (1979), pp. 97-99. Bbg. Pauli 1921, p. 21. |