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* Dans l'article "GRAMMATICAL, -ALE, -AUX,, adj."
GRAMMATICAL, -ALE, -AUX, adj.
A. − Relatif à la grammaire, de la grammaire. Critiques grammaticales. Puis il s'embarrassait dans quelques difficultés grammaticales et s'en tirait par des considérations très vagues (A. France, Chat maigre,1879, p. 210).En tous cas il y a une beauté grammaticale, (comme il y a une beauté morale, dramatique, etc.) qui n'a rien à voir avec la correction (Proust, Chron.,1922, p. 195).Je trouve un bon exemple d'indécision, d'incertitude grammaticale, chez Proust, dont je relis La Prisonnière (Gide, Journal,1930, p. 1015).
En partic. Qui a pour objet la grammaire. Certaine société grammaticale décidait les questions de linguistique à la pluralité des suffrages (Proudhon, Propriété,1840, p. 317).
B. − Conforme aux règles de la grammaire et du bon usage. Lois, règles grammaticales. Vous me disiez de mettre Clémenceau en bon français, et (...) au bout de dix lignes, je vous ai dit qu'en devenant grammatical, vous perdriez tout ce qui fait votre mouvement et votre vérité d'allure (Sand, Corresp., t. 6, 1871, p. 179).Cette haute pile inégale de cahiers d'école, c'était (...) l'œuvre complète ou, pour être grammatical, l'œuvre complet de notre ami [M. Proust] (Cocteau, Poés. crit. I,1959, p. 132) :
1. À l'ordinaire, pas de langue moins musicale que la sienne, ni moins soucieuse de correction grammaticale ou syntaxique; tout, chez lui, cède au mouvement de la passion, de la pensée. Gide, Journal,1943, p. 252.
Mot, terme grammatical. Mot, terme prescrit par la grammaire. Discuter est le mot grammatical, et beaucoup de personnes trouveront qu'il ne faudrait pas contredire, sans un volumineux dossier de preuves, ce que je viens de coucher sur le papier (Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 261).Prosthèse, terme grammatical, − élégante traduction de greffe! − a échoué sous la forme prothèse chez les dentistes qui bientôt n'en voudront plus (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 41).
C. − LINGUISTIQUE
1. ,,Qualificatif employé, par opposition à logique ou psychologique ou naturel, pour caractériser ce qui est relatif à l'expression, indépendamment du concept ou de la réalité`` (Mar. Lex. 1951).Cas, catégorie, construction, lien, relation grammatical(e). Explication grammaticale et littéraire d'un passage d'un auteur du Moyen Âge ou de la Renaissance choisi par le candidat (Encyclop. éduc.,1960, p. 229) :
2. Le désaccord entre la grammaire et la logique consiste en ce que les catégories grammaticales et les catégories logiques se recouvrent très rarement; presque jamais le nombre des unes et des autres ne coïncide. Vendryès, Langage,1921, p. 133.
Analyse grammaticale. Analyse qui définit l'espèce, la fonction ou le rôle des termes d'une phrase. Un collégien qui fait l'analyse grammaticale d'une page de Cicéron (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 684).V. analyse ex. 9.
Fonction grammaticale. ,,Rôle joué par des syntagmes dans une phrase`` (Ling. 1972). V. grammaticalement B citat. Benda.
Forme grammaticale. Forme fléchie. Le sanskrit, avec son admirable richesse de formes grammaticales, ses huit cas, ses six modes (Renan, Avenir sc.,1890, p. 206).On a peut-être remarqué dans les pages précédentes que le « conditionnel » était une des formes grammaticales préférées de l'ambassadeur, dans la littérature diplomatique (Proust, Fugit.,1922, p. 638).
Sens grammatical. Acception qu'un mot a dans la nomenclature grammaticale. Il ne s'agit pas là seulement d'une équivoque verbale entre l'objet-ustensile et l'objet au sens grammatical de « complément d'objet » (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 193).
Système grammatical. À l'intérieur d'une même langue, on ne décèle pas de relations nécessaires, par exemple, entre le système phonologique et le système grammatical (Langage, Pottierds Langage,1968, p. 311).
2. GRAMM. GÉNÉRATIVE. Phrase, séquence grammaticale. Phrase, séquence normalement engendrée par une grammaire donnée, et bien formée, indépendamment de sa signification. Ce sont des exemples non grammaticaux qui nous permettent de fonder des observations et d'amorcer des raisonnements qui resteraient à l'état de simples présomptions si nous nous limitions à l'emploi de séquences grammaticales (M. Gross, Syntaxe transformationnelle du français ds Langue française, no11, 1971, p. 8).
REM. 1.
Grammaticalisation, subst. fém.,néol. Processus selon lequel un terme ou un syntagme acquiert un statut grammatical, entre dans un système d'oppositions grammaticales. On considère les oppositions internes du russe où l'on dégage (...) : − le degré de grammaticalisation complète des couples de corrélation (...) − le degré de grammaticalisation plus lâche des couples de connexion (J. Feuillet, Le Problème de l'aspect en slave ds L'Enseignement du russe, Paris, Inst. d'Ét. Sl., no21, juill. 1975, p. 61).
2.
Grammaticaliser, verbe trans.,néol. a) Conférer à un terme ou à un syntagme un statut grammatical. Une langue donnée ne grammaticalise que certaines catégories logiques et n'emploie qu'un certain nombre de formes (P. Guiraud, La Gramm., Paris, P.U.F., 1961, p. 51).Alors qu'en français la fonction est exprimée en grande partie par l'ordre des termes dans l'énoncé Pierre bat Paul, elle est grammaticalisée dans les langues à cas : quatre en allemand, six en latin, une douzaine en finnois (Langage,1968, p. 310).b) Emploi pronom. Acquérir, à l'usage, un statut grammatical. Dans une langue comme le français qui n'a point de déclinaisons, certaines prépositions tendent à se grammaticaliser en se vidant de leur sens (P. Guiraud, La Gramm., Paris, P.U.F., 1961p. 35).
3.
Grammaticalité, subst. fém.,néol. Caractère d'un énoncé qui est conforme aux règles de la grammaire d'usage. Gramm. générative. Caractère d'un énoncé correctement formé d'après les règles de production d'une grammaire donnée. Si l'on distingue les traits syntaxiques et les traits sémantiques, on fait ainsi la différence entre les degrés de grammaticalité et les degrés d'acceptabilité (Dubois, Gramm. générative et transformationnelle ds Langue française, no1, 1969, p. 56).La notion de grammaticalité n'a donc aucun rapport avec un jugement de valeur (Lang.1973, p. 176).
Prononc. et Orth. : [gʀam(m)atikal]; [mm] ds Land. 1834, DG et Passy 1914; [m] ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Littré et Lar. Lang. fr.; [m] ou [mm] ds Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob et Warn. 1968. Cf. grammaire. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [XVes. d'apr. Lar. Lang. fr.] 1536 (G. Chrestian, Philolethes, fo25 vods DG). Empr. d'un lat. tardifgrammaticalis « qui touche à la grammaire, grammatical ». Fréq. abs. littér. : 129.