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GRAISSER, verbe
I. − Emploi trans.
A. − Appliquer de la graisse ou un corps gras sur (quelque chose).
1. Recouvrir d'une couche de graisse ou d'un corps gras (souvent pour protéger).
a) [En parlant du corps ou d'une partie du corps] Cheveux graissés d'huile. Aussi messer Léandre se graissait-il le museau de blanc de baleine (Gautier, Fracasse,1863, p. 28).
P. ext. Enduire d'une pâte protectrice. Son visage était couvert de cette pâte faite de terre et de confiture d'abricot, dont les belles en voyage se graissent la figure contre le hâle et les gerçures (Tharaud, Fête arabe,1912, p. 269).Elle graissait ces écorchures avec une crème qu'elle tirait d'un pot de pommade posé sur le traversin (Cocteau, Enf. terr.,1929, 1repart., p. 83).
Expr. fig. fam. Graisser la patte à qqn. Donner de l'argent à quelqu'un (de relativement peu important) pour en être bien traité. Quelques mauvais garnements se cotisèrent certain jour, pour graisser la patte au sonneur de la cathédrale et lui faire sonner l'Angélus vingt minutes avant l'heure légale (Mérimée, Carmen,1847, p. 19).Les petites gens qu'épouvantaient ses menaces de procès-verbal pour fil d'eau non balayé, poule vagabonde ou chien non déclaré, se serraient la ceinture pour lui graisser la patte (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 379).Avoir la patte graissée (cf. Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 92). Se faire/se laisser graisser la patte (ou var.). Pour cette belle déposition, il s'est fait graisser la paume par son voisin intéressé (Faral, Vie temps st Louis,1942, p. 122).
Rem. 1. Cf. aussi graisser le marteau (vx). Soudoyer le portier (signalé ds la plupart des dict. gén., mais n'est pas repris par Ac. 1932). 2. Ac. 1798-1878 atteste aussi graisser les épaules à qqn ,,Lui donner des coups de bâton``.
b) [En parlant d'un objet, pour l'entretenir, le protéger d'une détérioration] Pour une boîte de graisse à graisser les bottes du roi, quinze deniers (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 491).Il (...) fait descendre la lampe qui brûle devant le tabernacle, et y prend un peu d'huile avec un chiffon pour en graisser sa scie (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 44) :
Descendant à l'échoppe d'Andreas faire graisser les chaussures encore un peu raides de Kate, (...) Jos-Mari respirait enfin. Car il allait reprendre son métier de guide (...). Tandis que le cordonnier graissait le cuir trop neuf au niveau des chevilles, Jos-Mari, pensant à son élève, faisait le point... Peyré, Matterhorn,1939, p. 160.
Expr. fig. pop., vieilli. Graisser ses bottes. Se préparer à partir. Pour me dire de graisser mes bottes, qu'on allait peut-être me faire faire un voyage (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 223).Se préparer à mourir. Vrai, on claquait vite, chacun pouvait graisser ses bottes (Zola, Assommoir,1877, p. 659).Graisser les bottes à qqn. Lui donner l'extrême-onction. Mosseur Curé avait été appelé chez le père Dâbô pour lui graisser les bottes; le pauvre homme avait une pneumonie, et son dernier moment était venu (Les Contes de Fraimbois, transpos. en fr. région. par J. Lanher, Nancy, Libr. lorr.,1978, p. 74).
c) [Dans le cadre d'une préparation culin.] Moule graissé. Tout en graissant sa poêle pour lui faire frire quelque chose (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 166).Vous graissez bien le fond de la casserole, vous mettez à feu doux, et toutes les demi-heures, vous arrosez avec le jus (Aymé, Jument,1933, p. 168).V. gaufre ex.
2. MÉCAN. Enduire de graisse ou d'huile − autrefois d'origine animale ou végétale, de nos jours le plus souvent d'origine minérale − certaines pièces d'un mécanisme pour en réduire le frottement et en faciliter le bon fonctionnement. Synon. lubrifier.Graisser une machine, un moteur, une serrure; essieu, poulie bien/mal graissé(e). Le grincement des roues non graissées du chariot (Gautier, Fracasse,1863, p. 76).La grande Anaïs rit comme une porte mal graissée (Colette, Cl. école,1900, p. 227).Les parois des cylindres sont graissées par projection (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 164).
B. − Tacher de graisse ou d'un corps gras. La corde, près du confessionnal, tombait du plafond, nue, râpée, terminée par un gros nœud, que les mains avaient graissé (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1215).Il redressa l'échine, secoua les longs cheveux qui graissaient le col de sa redingote (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 41).
II. − Emploi intrans., ŒNOLOGIE. Prendre une consistance visqueuse par suite d'une altération d'origine bactérienne (cf. graisse B 1). Les vins des pays tempérés sont sujets à graisser dans les États Romains (Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 7).Si c'est du vinaigre blanc que vous faites, n'employez que des vins de garde et qui ne graissent pas (Audot, Cuisin. campagne et ville,1896, p. 656).
Prononc. et Orth. : [gʀ εse] ou p. harmonis. vocalique [gʀese]; (il) graisse [gʀ εs]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Début xvies. gressees « enduites de corps gras » (D'Auton, Chron., Richel. 5083, fo44 rods Gdf. s.v. fuste) [ca 1500 d'apr. Bl.-W.3-5correspond à ce texte cité ds Delb. s.v. Notes d'apr. une éd. de 1615 avec comme datation xve-xvies.]; b) 1618 gresser les épaules (de coups de bâton) (Bruscambille, Fantaisies, IIeprol., 168); c) av. 1633 graisser les mains à « donner de l'argent à » (Tabarin, Opuscules, éd. Œuvres complètes 1858, II, 129); 2. intrans. 1798 du vin graisse (Ac.). Formé sur graisse* d'apr. engraisser*, a supplanté dans l'usage cour. oindre* (cf. FEW t. 2, p. 1282 b et 1285 b). Fréq. abs. littér. : 162.