| GOUVERNER, verbe I. − Emploi trans. A. − [Le compl. d'obj. dir. désigne une embarcation] Diriger un bateau à l'aide d'un gouvernail; diriger un navire et le faire évoluer; en partic., ,,maintenir un navire à un cap donné au moyen du gouvernail`` (Sizaire Marine 1972). C'est le vieux caïman qui gouverne le brick (Sue, Atar Gull,1831, p. 9).Debout, à l'arrière, Pierre-Côme gouvernait le chaland rempli de bois de marée (Guèvremont, Survenant,1945, p. 198) : 1. La barque [des Normands au viies.] est actionnée par une vingtaine de rameurs et gouvernée, comme d'habitude, par un aviron à l'arrière. Elle n'a toujours ni quille ni pont...
P. Rousseau, Hist. transp.,1961, p. 115. − Absol. Le gendarme ne savait pas gouverner, mais il savait un peu ramer. Il prit la seconde paire de rames, et je me mis à la barre (Mille, Barnavaux,1908, p. 63). ♦ [En parlant de ceux qui sont sur un navire] Se diriger (vers). On hissa la voile de misaine, qu'on offrit au vent, et on gouverna vers la plage (Renan, St Paul,1869, p. 555).Les glaces, au début de l'éclaircie, étaient à l'horizon; nous gouvernons dessus, et déjà elles apparaissent comme les dents d'une scie blanche (Charcot, Mer Groënland,1929, p. 180) : 2. Nous gouvernons au nord, du moins autant que nous le pouvons, car il nous faut consulter le compas à chaque instant. La seule manière dont nous puissions nous diriger consiste à prendre pour guide un objet au nord et à marcher vers lui...
Bellot, Voy. mers polaires,1863, p. 271. ♦ Gouverner au plus près. ,,Gouverner de façon à tenir le vent dans les voiles sous l'angle le plus aigu possible`` (Soé-Dup. 1906). La brise était très-fraîche de la partie de l'ouest et je ne cessai de gouverner au plus près babord, filant à peine trois nœuds sur une mer très-dure (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 2, 1842, p. 163). ♦ Gouverner à barre franche. Gouverner en agissant directement sur la barre (d'apr. Bonn.-Paris 1859). ♦ Gouverner à la roue. Mouvoir la barre du gouvernail à l'aide d'une roue (d'apr. Bonn.-Paris 1859). ♦ Gouverner à la lame. ,,S'efforcer de diriger le navire de manière à suivre la direction de propagation de la houle, au lieu de la contrarier`` (Le Clère 1960) : 3. En cape, le bâtiment recevait de gros paquets risquant de tout arracher et la machine s'affolait; nous mîmes en fuite sous la misaine, la machine à quatre-vingts tours, filant de l'huile et gouvernant à la lame.
Charcot, Rapp. prélim. camp. « Pourquoi-Pas? »,1934, p. 27. ♦ Gouverner dans les eaux d'un navire. ,,Faire route en suivant les eaux d'un autre navire`` (Bonn.-Paris 1859). − P. anal. [Le compl. désigne un aéronef] Gouverner un avion (Ac. 1932). [En navigation aérienne] sans connaître exactement le vent (...). On gouvernera (...) dès le départ à un cap « plus au vent » de la route de façon à corriger, grosso modo, la dérive (A.-B. Duval, Hébrard, Nav. aér.,1928, p. 56). − Au fig. ♦ Fam. C'est lui qui gouverne la barque. ,,C'est lui qui a la conduite de l'entreprise`` (Ac. 1835-1932). ♦ Proverbial. Gouverner bien sa barque. ,,Conduire bien ses affaires ou Se conduire sagement`` (Ac. 1835, 1878). Ici, on va très bien, on est heureux et content. Les enfants gouvernent bien la barque et je suis heureuse de n'avoir rien à gouverner (Sand, Corresp., t. 5, 1866, p. 120). − P. anal., vieilli. [Le compl. désigne un attelage, des chevaux] Synon. de diriger, conduire.Gouverner un attelage (Ac. 1932). La Noue (...) au moyen d'un crochet qui sortait au lieu de main, de son brassard droit (...) gouvernait la bride de son cheval (Mérimée, Chron. règne Charles IX,1829, p. 255).Mmede Boufflers est là [dans un tableau] (...) le profil ne manquant pas de fierté, et gouvernant bien son cheval (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 4, 1863, p. 178) : 4. ... l'instant d'après je la vis remonter dans une grosse charrette de blanchisseuse traînée par un grand cheval normand. Elle gouvernait cette lourde machine avec autant de facilité qu'un cocher du faubourg Saint-Germain qui conduit sa noble maîtresse à Saint-Sulpice.
Janin, Âne mort,1829, p. 88. B. − [Le compl. désigne qqc.] Avoir la conduite, l'administration de quelque chose. 1. Avoir l'administration de quelque chose. [Le] duc, qui gouvernait lui-même les biens de sa maison en employant tous les revenus à son agrandissement ou à son train (Balzac, Enf. maudit,1831-36, p. 379).Elle me dit que Mathilde qui allait nous servir le thé gouvernait le ménage. Quand je pénétrai dans la maison, j'étais déjà un familier (Chardonne, Claire,1931, p. 20) : 5. Ce fut un des plus gros fermiers de Fonteneilles, M. Honoré Fortier, homme de vingt-six ans, qui venait d'hériter de son père, et qui gouvernait les cent hectares de la Vigie.
R. Bazin, Blé,1907, p. 45. − En partic. Administrer avec épargne. Vous n'avez pas beaucoup de provisions, gouvernez-les bien (Ac.1798-1878).Je sais que je gouverne très mal mon petit budget (Bernanos, Imposture,1927, p. 486) : 6. Sa fortune n'était pas considérable, mais il la gouvernait avec tant d'ordre, qu'il trouvait toujours le moyen de faire la part du pauvre.
Reybaud, J. Paturot,1842, p. 322. − Proverbe. Il faut gouverner sa bouche selon sa bourse. Il faut régler ses dépenses d'après sa fortune (d'apr. Guérin 1892). 2. Vieilli. Avoir soin de quelque chose; prendre soin de quelque chose afin qu'il ne périsse pas, qu'il reste en bon état. Il s'entend à gouverner le vin, à gouverner une cave (Ac.1798-1932).Rôtis et viandes grillées (...). Les jeunes perdrix, perdreaux et cailles doivent être gouvernés comme la volaille blanche (Audot, Cuisin. campagne et ville,1896, p. 628) : 7. Pour bien gouverner un parc ou un jardin paysager il est indispensable de savoir la culture, comme pour obtenir du blé, des choux, de la vigne ou des navets, des fleurs ou du foin, c'est-à-dire connaître les plantes que l'on cultive, savoir leurs besoins, comme leurs appétits.
Gressent, Créat. parcs et jardins,1891, p. 540. − Emploi pronom. passif. Les vieux initiés (...) savent comment le haschisch se gouverne (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 357). − P. ext. ♦ Prendre soin de quelqu'un (enfants, malades). C'est une femme qui s'entend à gouverner les enfants, les malades (Ac. 1835, 1878). En partic. Gouverner un enfant. En être le gouverneur; diriger son éducation. Vous savez, ma mie, (...) quelles raisons m'ont fait vous choisir pour gouverner mon fils (Druon, Roi de fer,1955, p. 17). ♦ Élever, soigner des animaux. Gouverner les chevaux; gouverner la basse-cour, l'étable. Le sel est d'une nécessité absolue pour gouverner les bestiaux (Crèvecœur, Voyage, t. 2, 1801, p. 258).C'est ces réunions du soir, ces belles réunions du soir (...); les vaches ont été gouvernées, les petits enfants ont été mis au lit, on vient de manger la soupe (Ramuz,
Œuvres compl., Terre du ciel, Lausanne, éd. Rencontre, 1967 [1921], p. 177).Emploi abs. : 8. Les Vaudois savent qu'un patron gouverne quand il trait, affourage, nettoie les bêtes à l'étable, puis coule le lait à la laiterie.
J. Chessex, Portrait des Vaudois, Lausanne, Bertil Galland, 1972 [1969], p. 22. 3. [Le suj. désigne un inanimé] Avoir une influence déterminante sur quelque chose. La même loi gouverne le relief du fond des mers (Lapparent, Abr. géol.,1886, p. 10).C'était un thermomètre gouverné par le zodiaque (Beer1939, p. 173) : 9. Ainsi la parathyroïde gouverne le taux de la calcémie et de la phosphorémie; un hyperfonctionnement de la glande est suivi d'une hausse plasmatique du calcium aux dépens d'os devenus friables.
Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 637. − GRAMM. Synon. de régir.C'est ainsi que l'on dit : Les verbes et les adjectifs s'accordent avec leurs sujets et leurs substantifs, et gouvernent leurs régimes (Destutt de Tr., Idéol., 2, 1803, p. 184). C. − [Le compl. désigne un ou des individus, une collectivité] Diriger quelqu'un; conduire des hommes; les mener en usant de son influence ou les régir avec autorité. 1. Diriger la conduite de personnes. C'est au père à gouverner ses enfants (Ac. 1835-1932). a) [Le suj. désigne une personne] Chaque maîtresse gouverne un trop grand nombre d'élèves (Frapié, Maternelle,1904, p. 108).Le clergé de ce diocèse était le plus difficile à gouverner de toute la France! (Billy, Introïbo,1939, p. 121) : 10. Pourtant, loin de prendre en main la cause de ceux qu'ils étaient faits pour défendre et pour gouverner dans cet humble gouvernement des choses quotidiennes, les sous-officiers volontaires se sont presque toujours conduits avec un odieux égoïsme.
Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 274. − Absol. Dans cette maison, c'est la femme qui gouverne (Ac. 1798-1932). Ce dernier [M. Villemain] règne depuis trente-deux ans. Règne ou gouverne, car les secrétaires perpétuels ont de fait le gouvernement de l'Académie (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 12, 1867, p. 408).Le patron ne gouverne pas plus que l'ouvrier (Vedel, Dr. constit.,1949, p. 200). − P. métaph. Excusez-le s'il [Ronsard] ne gouverne pas son français comme il le faudrait, il vient de faire un excès d'Homère ou de Pindare (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 12, 1855, p. 77). b) [Le suj. est abstr.] − [Le suj. désigne Dieu et son action dans le monde] Dieu gouverne l'univers (Ac. 1835-1932). C'est Dieu qui gouverne, ce ne sont pas les hommes (Courier, Pamphlets pol., À réd. Constitutionnel, 1823, p. 202).Cf. gouvernement, ex. 4. − [Le suj. désigne des choses morales] L'âme gouverne le corps (Ac. 1835-1932). Parallèle de la volupté, de l'ambition et de la passion du jeu; « les trois plus tyranniques passions qui puissent gouverner l'homme; il faut y joindre l'avarice. » (Chênedollé, Journal,1820, p. 102) : 11. Cet homme n'est jamais solitaire, mais mêlé et lié à une collection ou à des collections d'hommes de qui les avis, les jugements, les passions et les mœurs gouvernent ses croyances, ses idées, son attente, ses songes.
Nizan, Chiens garde,1932, p. 194. 2. [En parlant d'une pers.] Avoir de l'influence sur quelqu'un. a) Avoir du crédit, de l'empire, de l'influence, un grand pouvoir sur quelqu'un. Gouverner qqn. Gœthe, le plus insouciant de tous les hommes, parce qu'il est sûr de gouverner son public, ne s'est pas donné la peine de mettre sa pièce en vers (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 29).Thérèse était bavarde, sotte (...) on lui tire les vers du nez, on la flatte, on la gouverne comme on veut (Cocteau, Poés. crit. I,1959, p. 273) : 12. ... il [l'abbé Tolbiac] pria la vicomtesse de ne point manquer l'office du dimanche (...) − Vous et moi, disait-il, nous sommes la tête du pays; nous devons le gouverner et nous montrer toujours comme un exemple à suivre.
Maupass., Une Vie,1883, p. 185. − Vieilli, fam. ,,Comment gouvernez-vous un tel?`` (Ac. 1798-1878) ,,Comment êtes-vous, de quelle façon vivez-vous avec lui?`` (Ac. 1798-1878). ♦ P. anal. Eh bien! cher beau-père, comment gouvernez-vous ce petit désespoir? (...) Avez-vous pris votre parti? (Augier, Gendre M. Poirier,1864, II, p. 278) : 13. − (...) Je ne demande pas seulement comment je gouvernerai mon chagrin. Que j'en vive ou que j'en meure, c'est comme il plaira à Dieu...
Sand, F. le Champi,1808, p. 86. b) Avoir de l'emprise sur des sentiments, des passions; en être maître. Gouverner ses passions (Ac. 1835-1932). Gouverner nos membres et nos désirs (Blondel, Action,1893, p. 222) : 14. Nous commençons toujours, à ce que je crois, par de ridicules pensées, que nous redressons, que nous surmontons, que nous oublions; penser est cela même; penser c'est gouverner ses pensées, d'après le double modèle de l'univers résistant et du commun sens.
Alain, Propos,1921, p. 243. − Emploi pronom. Dans une grande partie de leurs actes, les anciens se gouvernaient par les songes qu'ils avaient eus la nuit précédente (Renan, Vie Jésus,1863, p. xx) : 15. ... pour cette fois, mon cœur éclaira ma raison. Je voudrais en conclure que toujours on doit se gouverner sur les lumières du cœur (...). Mais il faut dire la vérité au risque de déplaire. Le cœur se trompe comme l'esprit...
France, Pt Pierre,1918, p. 34. ♦ Vieilli. Avoir une conduite, quelle qu'elle soit, dans sa vie, ses affaires; se comporter. Il s'est toujours gouverné sagement (Ac. 1798-1932). Il n'était pas facile de se gouverner au milieu des débris de cette armée (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 238).En partic. [Le suj. désigne une femme] Avoir une certaine conduite en ce qui concerne son honneur. Cette femme se gouverne mal (Ac. 1835-1932). ♦ [Sans autre compl.] Être maître de soi, de ses passions. Pour jouer parfaitement, il faut avoir le plus grand sang-froid (...). En un mot, il faut se gouverner (Mérimée, Lettres à une autre inconnue,1865, p. 7).Tous (...) admirent ceux qui se gouvernent, et méprisent ceux qui cèdent à la partie inférieure (Alain, Propos,1921, p. 212). 3. Détenir l'autorité (dans un pays); diriger les affaires publiques de l'État; exercer le pouvoir politique. Il [Guillaume Tell] n'a point pour but d'affranchir son pays du joug étranger, il ne sait pas si l'Autriche doit ou non gouverner la Suisse (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 16).Est-ce vous qui choisissez ceux qui vous gouvernent, qui vous commandent de faire ceci et de ne pas faire cela, qui imposent vos biens, votre industrie, votre travail? (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 171) : 16. ... tout dépendra des hommes qu'on y enverra pour l'habiter ou pour la gouverner. Ce n'est pas un soldat qu'il faut envoyer pour gouverner la Louisiane, c'est un général administrateur.
Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 219. − Absol. L'art de gouverner (Ac. 1835-1932). ♦ Spéc. Détenir le pouvoir exécutif. Lorsque le ministère ou la magistrature s'empare du pouvoir et l'exerce en corps, comme en Pologne, à Berne, en Suède, à Venise, ce ministère ne sert pas, il gouverne; il n'est plus ministère, il est pouvoir (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 99).Les familles florentines ont beau crier, le peuple et les marchands ont beau dire, les Médicis gouvernent au moyen de leur garnison (Musset, Lorenzaccio,1834, I, 2, p. 92) : 17. La Monarchie selon la Charte est un catéchisme constitutionnel (...). Ainsi, ce principe, que le roi règne et ne gouverne pas, [it. ds le texte] se trouve tout entier dans les chapitres IV, V, VI et VII sur la prérogative royale.
Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 15. ♦ [P. réf. à E. de Girardin ou à Thiers] Gouverner, c'est prévoir : 18. « Gouverner, c'est prévoir » : prévoir le moment où l'on a accumulé assez d'erreurs, de scandales et de déficits pour se retirer à temps.
G. Cesbron, Mourir étonné, Paris, Laffont, 1976, p. 226. − Emploi pronom. [Le suj. désigne un peuple, un état] Ils résolurent de se gouverner eux-mêmes et de se constituer en république (Ac.1835, 1878).Le pays alors se gouvernait lui-même, maintenant on le gouverne (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 61).Si les Suisses sont un peuple qui sait se gouverner, c'est aussi un peuple qui ne sait pas grand chose d'autre (Gobineau, Corresp. [avec Tocqueville], 1850, p. 146) : 19. Il faut même distinguer, parmi les peuples conquis, ceux qui avaient toujours obéi à des rois et ceux qui avaient l'habitude de se gouverner eux-mêmes.
Ménard, Rêv. païen mystique,1876, p. 131. II. − Emploi intrans. [Le suj. désigne un bâtiment, une embarcation] Obéir au gouvernail, se (laisser) diriger. Ce bâtiment, ce bateau est désemparé : il ne gouverne plus (Ac.1932).Par le plus grand bonheur, une brise presque insensible se leva; le vaisseau, gouvernant un peu, se rapprocha de moi (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital., t. 1, 1827, p. 17).Le brick (...) changea sa route et gouverna en plein sur le phare (Malot, R. Kalbris,1869, p. 19) : 20. Les deux navires se sont tenus pendant quelque temps si près l'un de l'autre, sans pouvoir gouverner, qu'un abordage a failli avoir lieu.
Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 2, 1842, p. 35. − Gouverner sur son ancre, sur sa bouée. ,,Lorsqu'un vaisseau étant au mouillage, dans une rivière, l'action du courant lui imprime des mouvements de rotation`` (Ac. 1878, 1932). REM. Gouvernance, subst. fém.,hist. [En Flandre et en Artois] Synon. de bailliage (d'apr. Lep. 1948).La gouvernance d'Arras, de Lille, etc. (Ac. 1798-1878). Prononc. et Orth. : [guvε
ʀne], (il) gouverne [guvε
ʀn̥]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 guverner « exercer le pouvoir politique » (Alexis, éd. Chr. Storey, 561); 1789 part. prés. et passé masc. plur. subst. gouvernants, gouvernés (Art. du 4 sept. ds Moniteur I 419b d'apr. Ranft, p. 116); b) ca 1455 part. prés. subst. masc. gouvernant « celui qui a la charge d'une ville, d'un pays, d'une province » (Gilles Le Bouvier, Chron. de Charles VII, éd. H. Courteault et L. Celier, p. 321), supplanté par gouverneur; 1477 part. prés. subst. fém. gouvernante « femme d'un gouvernant » (Documents ds Bartzsch, p. 7); 2. a) ca 1050 guverner « diriger quelque chose (ou quelqu'un) » (Alexis, 413); spéc. b) fin xive-début xves. gouverner « action de s'occuper de l'éducation d'un enfant » (XV joies de mariage, éd. J. Rychner, IV, 165, p. 31); 1534 part. prés. subst. fém. gouvernante « personne qui s'occupe de l'éducation d'un enfant » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, chap. 10, 21); 1690 id. « personne qui s'occupe d'un célibataire » (Fur.); c) xives. gramm. (ms. St Germain, no1460, fo8 vods Thurot, p. 51); 3. ca 1100 guverner « diriger (un navire) » (Roland, éd. J. Bédier, 2631). Du lat. gubernare « diriger un navire » et « diriger, gouverner », gr. κ
υ
ϐ
ε
ρ
ν
α
́
ω
« id. ». Fréq. abs. littér. : 2 176. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 774, b) 2 357; xxes. : a) 2 473, b) 2 424. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 313. - Dupont-Ferrier (G.). Le Mot gouverner et ses dér. ds les instit. du M. Âge. J. des Savants. 1938, t. 36, pp. 49-60. - Wagner (R.-L.). Romania. 1940, t. 66, pp. 413-414. |