| GOUSSET, subst. masc. A. − Vx. Creux de l'aisselle et, p. ext., odeur désagréable émanant de cette partie du corps. Sentir le gousset. Se frotter le gousset avec de la poudre d'alun (Ac. 1835, 1878). Voyez la servante (...) elle déplace un parfum d'office, de gousset et de savonnette (Arnoux, Gentils. ceinture,1928, p. 208) : 1. ... à partir de la Renaissance (...) la crasse s'est implantée en France. Quand on songe que cette délicieuse reine Margot avait le corps macéré de parfums mais jambonné tel qu'un fond de poêle! − Et Henri IV qui se flattait d'avoir les pieds fumants et le gousset fin!
Huysmans, Là-bas, t. 2, 1891, p. 28. B. − P. méton. 1. HIST. MÉDIÉV. [Dans une armure] Pièce destinée à protéger l'aisselle. Le gousset fut d'abord la maille de renfort qui protégeait la saignée de l'épaule puis, au xivesiècle, la petite rondelle ou targette suspendue à la maille devant cette saignée (Leloir1961). 2. [Dans une chemise] Pièce de toile triangulaire placée à l'endroit de l'aisselle. Mettre des goussets à une chemise (Guérin 1892). [Dans une gaine] Triangle de matière extensible donnant de l'aisance. Goussets élastiques pour supprimer les bourrelets du dos (Catal. La Redoute, automne-hiver 1979-80, p. 305). ♦ P. anal., TECHNOL. Pièce de forme triangulaire ou constituant une partie d'un ensemble triangulaire. a) CONSTR. MÉTALL. ,,Plaque de tôle utilisée pour le renfort d'une pièce si l'on craint des déformations ou utilisée pour l'assemblage des barres`` (Boissier 1975). Deux longerons en tôle épaisse emboutie (...) sont reliés par des traverses, pour accroître la rigidité on place des équerres, ou goussets en tôle entre le longeron et la traverse (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 289). b) CHARPENT. ,,Pièce (...) reliant en travers deux poutres assemblées d'équerre pour les renforcer et en maintenir l'écartement`` (Vogüé-Neufville 1971). c) MENUIS. Support de tablette formé d'une console en bois (d'apr. Chabat 1881). C. − 1. Vx. Petite bourse, portée d'abord sous l'aisselle et, plus tard, fixée en dedans de la ceinture de la culotte. Un pauvre innocent philosophe, barbotant dans les ténèbres de la calamité, avec son gousset vide qui résonne sur son ventre creux (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 505). ♦ Loc. fig., fam. Avoir le gousset vide, avoir le gousset bien garni. Être démuni d'argent, avoir beaucoup d'argent. Je suis bon prince quand j'ai le gousset garni. Tonnerre! Voyageons (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 313) : 2. Sa fille avait épousé un M. de Coulaines, un songe-creux qui avait la tête pleine de belles inventions et le gousset toujours vide. Je me souviens qu'il essaya une fois d'emprunter de l'argent à votre père...
Theuriet, Mais. deux barbeaux,1879, p. 18. 2. P. ext. Petite poche de la ceinture du pantalon, du gilet ou de la veste. Fouiller dans son gousset; tirer sa montre du gousset. M. de La Seiglière tirant du gousset de sa culotte de satin noir une petite bourse de filet (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 223) : 3. ... le père de Candide s'avança vers l'auteur des Confessions, et tirant du gousset de sa veste brodée une tabatière enrichie de diamants et ornée de la miniature du roi de Prusse, il la tendit à Rousseau.
Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 123. − P. anal., vieilli. [Dans un corset] Partie préformée qui emboîte les seins ou les hanches. Les goussets de gorge emboîtaient la poitrine, ceux de la hanche descendaient très bas (Léoty, Corset,1893, p. 83).Demande à Anaïs de te prêter un de ses faux nénés (car la grande Anaïs introduit deux mouchoirs dans les goussets de son corset...) (Colette, Cl. école,1900, p. 212). Prononc. et Orth. : [gusε]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. a) 1278 goucet « creux de l'aisselle » (Sarrasin, Roman du Hem, éd. A. Henry, 1117); b) 1640 sentir le gousset (Oudin Curiositez); 2. a) 1302 « pièce de l'armure » (Inventaire de Raoul de Nesle ds C. Dehaisnes, Doc. hist. art. Flandres, t. 1, p. 144 : II bras et uns goussès); b) 1398 habill. « pièce placée à la manche d'un vêtement » (11ecompte de l'extraordinaire de l'argenterie de Ch. Poupart, fo24 ds Gay); 3. 1581 hérald. (H. de Bara, Le blason des armoiries..., Lyon, p. 49 ds FEW t. 21, p. 133a); 4. a) 1642 « petite bourse » (Oudin, Seconde part. des Recherches ital. et françoises, Paris); b) 1757 « petite poche d'une culotte, d'un pantalon » (Encyclop.). B. a) 1438 « support soutenant une tablette » (Journal de Clément de Fauquembergue, t. III, p. LXIX : une fourme à goucès); b) 1551 charpent. « pièce de bois soutenant une autre pièce de bois » (E. Coyecque, Recueil d'actes notariés..., t. II, p. 439 : entrectz et goussetz). Dér. de gousse*; suff. -et*. Le sens primitif du mot est A 2 a : « dans une armure, pièce servant à protéger l'aisselle », cette pièce devait ressembler à une gousse*, d'où son nom (cf. FEW t. 21, p. 134a). La forme gocet de ca 1180 (Chr. de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 7454) désigne prob. une figure de chien (ou de nain) sculptée servant de support à un lit (FEW t. 2, p. 151) et le mot se rattache donc à l'a. fr. gouz « sorte de chien » (v. gousse; FEW t. 2, p. 1592a, s.v. kuš; T.-L., s.v. goz/gocet); v. cependant FEW t. 21, p. 137, note 8 pour une autre interprétation. Fréq. abs. littér. : 177. Bbg. Quem. DDL t. 16. |