| * Dans l'article "GOURMANDER,, verbe trans." GOURMANDER, verbe trans. A. − Vieilli, MANÈGE. Manier rudement de la main. Gourmander un cheval (Ac.). B. − 1. Réprimander vivement en adressant des paroles sévères. Synon. gronder, sermonner, tancer, engueuler (pop.).Gourmander un enfant pour son bien, devant tout le monde. Au collège j'étais toujours puni, maltraité, gourmandé (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 45) : Il avait épousé (...) une jeune femme aimée tendrement qui le traitait à présent avec une rudesse et une autorité de despote tout-puissant. Elle le gourmandait sans cesse pour tout ce qu'il faisait et pour tout ce qu'il ne faisait pas, lui reprochait aigrement ses moindres actes, ses habitudes, ses simples plaisirs, ses goûts, ses allures...
Maupass., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 587. 2. Blâmer avec vigueur. Gourmander l'égoïsme de qqn. Ces gens-là [les chambellans] (...) mettaient un frein à l'ardeur des uns (...), gourmandaient la paresse des autres (Sand, Lélia,1833, p. 140).Dans ses lettres sur la question d'Orient, il gourmande, il presse le ministère libéral anglais (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 37). − Gourmander qqn sur qqc.Il gourmande Alfred de Musset sur ses désespoirs égoïstes et pour s'être désintéressé de la chose publique (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 35). − Emploi pronom. réfl. L'écrivain de 1826 [Chateaubriand] se critique, se gourmande, se dément, se raille au passé sur tous les tons (Sainte-Beuve, Chateaubr., t. 1, 1860, p. 142). REM. Gourmandeur, -euse, adj.Qui a l'habitude de gourmander, qui aime faire des réprimandes. Il était devenu sentencieux, grondeur, gourmandeur (Duhamel ds Lar. Lang. fr.). Prononc. et Orth. : [guʀmɑ
̃de], (il) gourmande [guʀmɑ
̃:d]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1330 « manger goulûment » ici trans. (G. de Digulleville, Pèlerinage vie hum., 10454 ds T.-L.), ,,anc.`` ds DG; 2. a) 1378, 23 févr. trans. « tourmenter, tyranniser » (E. Deschamps, Lettres ds
Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 34 : pour mon corps nuire et gourmander); 1611 « traiter durement un cheval » (Cotgr.); 1660 « dominer ses passions » (Molière, Sganarelle ou le Cocu imaginaire, III, 11); b) 1630 [éd.] « réprimander avec dureté » (D'Aubigné, Les Avantures du Baron de Fæneste, éd. Réaume et de Caussade, IV, XVIII, p. 639). Dér. de gourmand*; dés. -er; le sens 2 vient sans doute du sens 1, « dévorer avidement », malgré la chronol.; on pourrait évoquer déchirer avec infl. prob. de gourmer* proche sémantiquement. Fréq. abs. littér. : 129. |