| GOUAILLEUR, -EUSE, adj. et subst. Familier I. − Adj. [En parlant d'une pers., d'une attitude, etc.] Moqueur (avec quelque chose d'un peu vulgaire). Accent, air, sourire, ton gouailleur; allure, voix gouailleuse. Cet esprit gouailleur, sceptique et gobeur qu'on appelle l'esprit de Paris (Maupass., Bel Ami,1885, p. 173).Amusante bonne femme, MmeLallemand (...). Avec cela, gouailleuse, blagueuse, argotique, un peu voyou (Léautaud, Journal littér.,1908, p. 211) : 1. Il restait les bras croisés en face des maisons en construction, avec des ricanements, des hochements de tête; et il blaguait les ouvriers qui trimaient, il allongeait sa jambe, pour leur montrer où ça menait de s'esquinter le tempérament. Ces stations gouailleuses devant la besogne des autres satisfaisaient sa rancune contre le travail.
Zola, Assommoir,1877, p. 489. II. − Subst. Celui, celle qui gouaille : 2. Ce n'est pas avec de l'esprit, fût-il le plus plaisant du monde, qu'on peut persuader ici, que des sots. La plaisanterie bientôt se retourne contre le moqueur et le chrétien se fait gloire de ces flèches inoffensives qui ne l'atteignent jamais au cœur. Le gouailleur qui n'hésite pas à recourir à de telles armes se montre incapable de comprendre vraiment l'Évangile.
Gide, Journal,1929, p. 917. Prononc. et Orth. : [gwɑjœ:ʀ] (demi-longueur de la voyelle de syll. non finale ds Passy 1914) ou [gwajœ:ʀ]; fém. [-ø:z]. Ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. A. Subst. 1755 gouayeuse (Vadé, Jérôme, p. 31 cité par G. Esnault ds Fr. mod. t. 16, p. 298). B. Adj. 1843 geste gouailleur (Sue, Myst. Paris, t. 8, p. 202). Dér. de gouailler*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér. : 145. DÉR. Gouailleusement, adv.D'une manière gouailleuse. Sourire gouailleusement. Zacharie haussait gouailleusement les épaules (Zola, Germinal,1885, p. 1177).− [gwajøzmɑ
̃]. − 1reattest. 1881 (A. Daudet, Roumestan, p. 108); de gouailleur, suff. -ment2*. BBG. − Quem. DDL t. 5 (s.v. gouailleusement). |