| GORILLE, subst. masc. A. − Grand singe anthropoïde des forêts humides d'Afrique équatoriale (le plus grand des singes), frugivore et d'une extraordinaire force physique. Face, mâchoire de gorille; bande de gorilles; laid, velu, terrible comme un gorille. Athlète trapu et ramassé, suant le poil jusque par les oreilles, il tenait un peu du gorille, dont il avait le bras long et velu et la mâchoire à broyer de la fonte (Courteline, Train 8 h. 47,1888, 1repart., 2, p. 18).Une forêt épaisse (...) hantée de singes de toutes sortes (...) de gorilles énormes, que l'on chasse au filet (Gide, Voy. Congo,1927, p. 756).V. aussi babouin ex. 1, anthropoïde ex. 1 et cocard2ex. : ... dans les rochers et les forêts, les Anthropoïdes étaient, à la fin du Tertiaire, beaucoup plus nombreux qu'ils ne restent aujourd'hui. En plus du Gorille, du Chimpanzé et de l'Orang, maintenant refoulés dans leurs derniers abris, comme aujourd'hui les Australiens et les Négrilles, vivait alors une population d'autres grands Primates.
Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 204. − De gorille, loc. adj. Qui rappelle le gorille. Face, masque, mâchoire, bras, mains de gorille; allures de gorille. Sa main droite, se crispant sur le montant du lit avec une force de gorille, le tordit comme une corde (Montherl., Célibataires,1934, p. 906).L'œil droit, déjà enseveli sous une arcade sourcilière de gorille (H. Bazin, Tête contre murs,1949, p. 76). B. − Au fig., fam. 1. Homme d'une grande force physique, d'une laideur repoussante et parfois d'une méchanceté violente. Ce vieux bandit de Négouko, qu'il invitait souvent à notre table, malgré la malpropreté de ce hideux gorille, mangeant avec ses doigts (A. Daudet, Port-Tarascon,1890, p. 202).Il a fallu qu'on se mette à huit pour en venir à bout du gorille... On a rappelé tous les copains (Céline, Mort à crédit,1936, p. 220). − Emploi adj., rare. Un homme plus jeune, infiniment gorille, lui tirait la queue avec la dernière énergie (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1471). 2. Garde du corps, policier en civil chargé de la sécurité d'un personnage officiel ou important. Être protégé par un gorille; les gorilles du chef de l'État. Juché sur les épaules de ses gorilles le Président (des États-Unis) s'adresse à la foule (La Tribune de Genève,14 oct. 1964ds Gilb. 1971). − P. ext. Agent secret (police ou contre-espionnage). La Sécurité militaire veille constamment − concurremment avec les « gorilles » mais plus discrètement − sur les trois détenteurs du chiffre secret (L'Express,14 août 1967ds Gilb. 1971). REM. Gorillard, subst. masc.,p. plaisant. ou péj., hapax. [Il] se dirigea, à travers les soupeurs, vers le gorillard Chambarbe (L. Daudet, Phryné,1937, p. 83). Prononc. et Orth. : [gɔ
ʀij]. Durée de la voyelle finale : demi-longue ds Passy 1914, longue ds Barbeau-Rodhe 1930. Ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. 1759 Gorilles « êtres velus rencontrés par le navigateur carthaginois Hannon en Afrique » (Mém. de litt., tirés des registres de l'Acad. Royale des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 26, 21 ds Quem. DDL t. 18); 2. 1854 « espèce de singe » (P. Gervais, Hist. nat. des Mammifères, t. I, p. 26); 3. 1890 p. ext. « homme laid et sale » (A. Daudet, loc. cit.); 4. 1954 « garde du corps » (D. Ponchardier, Le Gorille vous salue bien ds Elle, 25 mai 1970, p. 183 ds Quem. DDL t. 3). Lat. sc. Gorilla, nom donné à cette espèce de singe par le missionnaire américain en Afrique occidentale T.S. Savage [1804-1880] en 1847 (NED, DAE) d'apr. Γ
ο
́
ρ
ι
λ
λ
α
ι, transcr., dans la trad. gr. du Périple d'Hannon (voyageur carthaginois du Ves. av. J.-C.), du nom donné par les interprètes africains de ce dernier aux femelles d'une tribu d'êtres velus, rencontrée en Afrique occidentale (prob. des singes de grande taille) (cf. Encyclop., loc. cit., C. Müller, Geographici graeci minores, 1855, t. 1, p. 13 et Liddell-Scott). Le mot gorille serait à rapprocher de la rac. gor, kor ou gur, signifiant « homme » dans plusieurs langues actuelles du bas Sénégal (Lang. Monde, p. 737). Fréq. abs. littér. : 71. Bbg. Ricci (D.). Littré et Lavoisier au zoo. Paris, 1975, p. 82. |