| GOÎTRE,(GOITRE, GOÎTRE) subst. masc. A. − PATHOL. Tumeur grosse et spongieuse sur la partie antérieure du cou, entre la peau et la trachée-artère, formée par une augmentation du corps thyroïde. Les femmes sont en général plus sujettes aux goitres que les hommes (Ac.1835, 1878).L'une avait un goître comme la tête, suspendu dans un mouchoir de cotonnade bleu (Goncourt, Journal,1864, p. 53).Le goitre exophtalmique s'accompagne presque toujours de modifications dans l'état mental du sujet (Codet, Psych.,1908, p. 69).V. crétin ex. 1 : On avait depuis longtemps soupçonné le rôle de l'eau de boisson dans la genèse du goitre endémique, très répandu dans certaines régions montagneuses comme le Valais suisse.
Bariéty, Coury, Hist. méd.,1963, p. 742. − P. métaph. On trouvait partout des arbres gonflés d'abeilles, et des poches grésillantes pendaient, goitres noirs aux aisselles des chênes (La Varende, Sorcière,1954, p. 291). B. − P. anal. Expansion membraneuse plus ou moins considérable qui pend à la partie inférieure du cou de certains sauriens, de certains oiseaux, etc. Ni les iguanes, ni les dragons n'ont aucun sac pareil [à celui du caméléon] quoiqu'on leur voie des goîtres à l'extérieur; mais ces proéminences n'ont pas de rapport aux organes de la voix (Cuvier, Anat. comp., t. 4, 1805, p. 537).Ils [les petits du pélican] courent à leur père avec des cris de joie, En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux (Musset, Nuit mai,1835, p. 67).La surface de l'eau, trouée de petites têtes [de grenouilles] au goître blanc (Pergaud, De Goupil,1910, p. 167). Rem. Qq. aut. emploient le mot au fig. ou p. métaph., p. allus. au goître endémique, souvent associé au crétinisme. Tous les critiques sont des ânes (...) Le public? un goître immense à trois étages de mentons (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 251). Il y aurait du goitre ou de la malice à supposer que ce que l'Église nomme une « vallée de larmes » est, au contraire, un endroit lumineux et confortable (Bloy, Journal, 1895, p. 188). Prononc. et Orth : [gwɑ:tʀ
̥], [-a:-]. Ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694-1740 et, de nouv., dep. 1878 goitre; Ac. 1762-1835 -î-, v. aussi Littré. Étymol. et Hist. 1492 goyetre (N. Prevost, La Cirurgie de maistre Guillaume de Salicet, tr. 1, sommaire ds R. Ling. rom. t. 34, p. 181); 1552 goitre (Est. d'apr. FEW t. 4, p. 353b). Mot qui paraît originaire des parlers de la région rhodanienne (v. les formes ds Dur. no4560 et FEW t. 4, p. 353b), dér. régr. de l'a. fr. goitron (xiie-xives. ds T.-L. et Gdf.) « gorge, gosier », dér. d'un lat. pop. *gutturio, lui-même du lat. class. guttur « gorge, gosier ». Fréq. abs. littér. : 43. |