| * Dans l'article "GOBELET,, subst. masc." GOBELET, subst. masc. A. − Récipient à boire, plus haut que large, de forme cylindrique ou légèrement évasée, ordinairement sans anse et sans pied. Gobelet de métal, d'or, d'argent, d'étain, de fer-blanc; gobelet de faïence, de porcelaine, de cristal. Prenant le petit gobelet sur la bonde, ils se rafraîchissaient d'un verre de cet excellent vin (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 77) : 1. Antoine, penché au bord du divan, tenait à deux mains le gobelet de verre qu'il venait de remplir, et, avant d'y tremper les lèvres, il humait avec gourmandise l'arôme du thé...
Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 125. − P. méton. Contenu de ce récipient. Boire un gobelet d'eau, de vin. Il se versa encore un grand gobelet d'alcool (Benoit, Atlant.,1919, p. 200). ♦ En partic., fam. Boisson généralement alcoolisée, servie dans un café. Synon. verre.Viens me rejoindre aux « Trois Mousquetons »! je paye les gobelets (Céline, Mort à crédit,1936, p. 451). − Vieux ♦ PHARM. Vase dont la matière donnait certaines propriétés thérapeutiques à la liqueur qu'on y laissait séjourner. Gobelet de quassia, de gaïac (Dict. xixes.). Le gobelet émétique est fait avec l'antimoine; on y fait séjourner du vin blanc, qui devient purgatif et émétique (Lar. 19e). ♦ HIST. Premier des sept offices de la maison du roi, correspondant au service de la table (l'une des fonctions principales de l'échanson étant de présenter le gobelet au roi). Chef, officier du gobelet. Cet honnête homme n'a jamais fait d'autres voyages que ceux de Compiègne à Fontainebleau, pour le service du gobelet, dont il était officier (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 221). B. − P. ext., dans le domaine des jeux. 1. Récipient en fer-blanc, conique ou tronconique, utilisé dans certains tours de prestidigitation. Tours de gobelets; jeu des gobelets; joueur de gobelets. Voici un faiseur de tours très habile. La muscade était sous le gobelet; je la retrouve dans ma poche (Alain, Propos,1929, p. 884). − Loc. fig., vx. Joueur de gobelets. Fourbe, trompeur. Tours, jeux de gobelets. Ruses, tromperies. Contempteur des tours de gobelets que font les hommes du pouvoir (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 30). 2. Récipient tronconique servant à agiter et à lancer les dés : 2. La vie est une farce, une comédie, une tragédie universelle, et le sort qui brasse tous les personnages du drame à leur insu, qui les secoue comme dans un gobelet et les jette pêle-mêle sur le tapis comme des dés au poker d'as...
Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 125. C. − P. anal., ARBORIC. Forme donnée à certains arbres fruitiers taillés de manière que le haut ait la même largeur que le bas. Taille en gobelet. La longueur totale des branches de charpente des arbres en gobelet est d'un tiers moins considérable que celle des arbres en cône (Du Breuil, Cult. arbres,1876, p. 138). − VITIC. Taille donnant au pied de vigne la forme d'un gobelet, d'une coupe évasée. Vigne en gobelet. Quelques espèces [de vignes] sont à tenir en taille courte, à disposer en « gobelet », coupe au reste productive, qui les mène longtemps (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 91) : 3. À Bevaix, comme dans toute la Suisse romande du reste, la vigne est traditionnellement conduite en gobelet (...) chaque cep est formé d'une couronne à 25 cm du sol, cette couronne compte cinq ou six cornes, plus ou moins longue suivant l'âge de la vigne ou l'art de l'homme qui la taille : un gobelet bien formé évoque l'aspect d'une main largement ouverte.
M. Casanova, Le Lang. des vignerons à Bevaix ds Les Fr. région., Colloque sur le fr. parlé dans les villages de vignerons, Paris, Klincksieck, 1977, p. 119. Prononc. et Orth. : [gɔblε]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. [xiiies. gubulet (Ms. St Jean ds Littré)]; 1345 (Texte cité ds Laborde); 1549 « ustensile de l'escamoteur » (Est.). Dér. de l'a. prov. gobel [1310 ds Levy (E.) Prov.]; suff. -et*; dès le début xives. la forme gobeloz attestée en Franche-Comté (Voc. lat. fr., ms. 8653 A, BN ds Bibl. Éc. Chartes t. 34, 1873, p. 36). Fréq. abs. littér. : 176. DÉR. 1. Gobelet(t)erie,(Gobeleterie, Gobeletterie) subst. fém.Fabrication, commerce de gobelets et de divers objets en verre; ensemble de ces objets. Quant à la gobeletterie, verres et bouteilles, ce ne fut qu'un jeu. On les acceptait, d'ailleurs, tels qu'ils venaient au bout de la canne (Verne, Île myst.,1874, p. 295).Il [le verre de Bohême] sert à fabriquer les objets de gobeleterie, les verres à boire, les carafes, les flacons, les cornues, etc... (Bourde, Trav. publ.,1928, p. 147).− [gɔblεtʀi]. [ε] ds Barbeau-Rodhe 1930 et Lar. Lang. fr.; [e] ds Pt Rob. est p. harmon.; var. [ə] ds Barbeau-Rodhe 1930, avec assourdissement normal en syll. inaccentuée. On a retrouvé le même phénomène dans la 2esyll. de mots du même type (il leur correspond également un simple en -et, -ette) : bonneterie* (bonnet), mousqueterie (mousquet), parqueterie (parquet) ou du type : marqueterie, papeterie (auxquels il ne correspond pas de mots simples en -et, -ette). Dans certains cas (cela dépend des consonnes environnantes, p. ex. que 2 occlusives ne soient pas mises en contact), l'[ə] disparaît totalement : [bɔntʀi] pour bonneterie. Dans gobeleterie (et gobeletier) le 1er[ə] tombant, le 2esubsiste à cause de la loi des 3 consonnes. Quand la prononc. [ε] se maintient (c'est la tendance dans gobeleterie) c'est sous l'infl. du simple (gobelet) ou p. anal. avec un 3etype de mots : coquetterie, lunetterie, robinetterie, tabletterie, etc., dans lesquels il n'y a aucune hésitation quant à la prononc. (toujours [ε]), ce qui est trad. et assuré par la graph. avec la présence des consonnes doubles, alors que les mots de la 1resérie et de la 2es'écrivent avec une consonne simple (cf. V.-G. Gak, L'Orth. du fr., Paris, SELAF, 1976, § 116). Littré suggérait déjà à l'Ac. d'aligner les mots de ces 2 séries sur ceux de la 3esérie pour éviter les hésitations de prononc. La graph. gobeletterie de Jules Verne (supra) est, à cet égard, révélatrice; on peut proposer aussi d'écrire tous ces mots avec è suivi d'une consonne simple, ce qui va dans le sens de Ac. pour figurer [ε] (cf. p. ex. les verbes en -eler, -eter). − 1reattest. 1791 (Encyclop. méthod. Mécan. t. 8, p. 546); de gobelet, suff. -erie*. 2. Gobeletier, subst. masc.a) Celui qui fabrique ou vend de la gobeleterie. (Dict. xixeet xxes.). Apprenti gobeletier (Littré). b) Vx. Officier de la maison royale, ayant une charge dans le service du gobelet. Sans compter qu'elle m'a fait perdre la charge de gobeletier du roi (Dumas père, Demois. St-Cyr,1843, III, 5, p. 150).− [gɔblətje]. Contrairement à gobeleterie*, il n'y a guère d'hésitation dans la prononc. Les dict. donnent [ə] (cf. Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob., Lar. Lang. fr.). Seul Warn. 1968 indique aussi [ε] (ce qui, antérieurement, était la prononc. ds Littré identique aux prononc. de gobeleterie et de gobeletier). Les mots en -etier qui vont avec -eterie, 2esérie, type papeterie (cf. gobeleterie) ont aussi [ə] : [pap(ə)tje] pour papetier. Quant aux mots en -etterie, type lunetterie (cf. gobeleterie), c'est encore -etier avec consonne simple [-ətje] qui leur correspond : lunetier [lyn(ə)tje], tabletier [tablətje]. Pour robinetier qui correspond à robinetterie, à côté de [ə] [ʀ
ɔbin(ə)tje], on entend aussi [ε] [ʀ
ɔbinεtje] (cf. Barbeau-Rodhe 1930 et Warn. 1968; [ʀ
ɔbin(e)tje] ds Pt Rob. est douteux); le maintien de [ε] s'explique par l'infl. de robinet. − 1reattest. 1791 sens a (Encyclop. méthod. Mécan. t. 8, p. 546); de gobelet, suff. -ier*. |