| GNAF, GNIAF, subst. masc. A. − Vieilli et pop. Cordonnier, savetier. Les gniafs empoissés, qui dansaient en faisant claquer leurs tire-pieds, autour de saint Crépin (Rolland, C. Breugnon,1919, p. 242). B. − P. ext. Celui qui gâche son travail, effectue de mauvaises réparations. C'est un gniaf, c'est un gâcheur, un maladroit (Littré). Bande de gniafs! (Carco, Équipe,1919, p. 223) : Bien qu'ils [les vitraux] eussent été réparés par de vrais gnafs, ils n'en avaient pas moins gardé une grâce barbare, une naïveté vraiment touchante.
Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 52. Prononc. et Orth. : [ɳaf]. Var. gnaf (Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr., DG, Rob.), gnaff (Lar. Lang. fr.), gniaf (Lar. 19e, Lar. encyclop., Lar. Lang. fr., Besch. 1845, Littré, Guérin 1892, Rob.), gniaffe (Lar. 19e, Lar. encyclop., Lar. Lang. fr.), niaffe (Humbert 1820). Étymol. et Hist. 1. 1691 « ouvrier cordonnier » (W. Challemel, Tailleurs et cordonniers de Domfront, Flers-de-l'Orne, impr. de Folloppe, 1909, 10); 2. p. ext. 1839 « homme maladroit, qui gâche tout ce qu'il fait » (Flaub., Corresp., p. 54 : maintenant je déclame plus pitoyablement que le dernier gnaffe). Forme expressive d'une base onomatopéique naff-, dont la 1reattest. dire gnaf de qqn loc. exprimant le mépris pour quelqu'un, serait du xiiies. (Poésies mss avant 1300, t. IV, p. 130 ds La Curne), base ayant donné dans de nombreux dial. des verbes au sens péj. de « manger avec bruit », « mordre », « bégayer » (FEW t. 7, p. 1 s.v. naff, no2), et des subst. en rapport avec le sens « d'ouvrier cordonnier » d'où « ouvrier maladroit » (ibid., no3). Pour d'éventuels rapports avec Gnafron le savetier ivrogne compère de Guignol, v. B. Müller ds R. Ling. rom. t. 38, p. 385. Fréq. abs. littér. : 10. Bbg. Müller (B.). Mots région. et syst. phonémique du fr. contemp. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 378, 381, 384, 385. - Weil (A.). En marge d'un nouv. dict. R. de Philol. fr. 1932, t. 45, p. 22. |