| GLAIRE, subst. fém. A. − 1. Vieilli. Blanc d'œuf cru (cf. Littré). ♦ P. métaph. L'âge des origines (...) c'est la glaire féconde où un être se prépare à exister (Renan, Marc-Aurèle,1881, p. 514). − P. anal., JOAILL. ,,Sorte de tache semi-opaque, donnant un reflet analogue à celui du blanc d'œuf, et qui diminue en certains points les feux d'un diamant`` (Lar. encyclop.). 2. RELIURE. Préparation à base de blanc d'œuf dont on enduit la reliure d'un livre avant d'y appliquer la dorure (cf. Duval 1959). Synon. glairure (s.v. glairer rem.). B. − Le plus souvent au plur. Liquide clair, visqueux, filant, d'origine physiologique ou pathologique, sécrété par certaines muqueuses. Des glaires, des mucosités lui souillaient les lèvres (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1102).Il voyait sur le drap le globe blanc [de l'œil] dans une glaire écarlate (Bernanos, Imposture,1927, p. 373).V. asthmatique ex. 1 : 1. Guiccioli s'introduisit deux doigts dans la bouche, s'inclina sur le côté, râla un peu et vomit quelques glaires.
Sartre, Mort ds âme,1949, p. 109. − P. métaph. Songe donc à toutes les amertumes qui nous retombent sur l'âme, à toutes les glaires morales qui nous prennent à la gorge! (Flaub., Corresp.,1853, p. 375) : 2. Une singerie unanime portait les auditeurs à s'imiter les uns les autres dans leurs airs pénétrés, tandis que de la scène la glaire sonore continuait à s'épandre, intarissablement.
Montherl., J. filles,1936, p. 1043. Rem. On relève ds la docum. l'emploi subst. masc., vx. Des glaires visqueux et épais (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p. 203). P. métaph. Un homme pâteux, poisseux, gluant, qui ressemblait à un glaire bienveillant (Goncourt, Journal, 1853, p. 86). Prononc. et Orth. : [glε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xies. judéo-fr. « humeur visqueuse » (Raschi, Gloses 546, p. 76 ds T.-L.); 2. 1remoitié xiies. « blanc d'œuf » (Lapidaire de Marbode, éd. P. Studer et J. Evans 652). Du lat. vulg. *clarea, terme coll., prob. dér. de l'adj. lat. class. clarus « clair »; g- initial demeure obscur; DG, FEW t. 2, p. 738b voient une infl. possible du lat. class. glarea « gravier » (d'où le m. fr. glaire « gravier », xives. ds Gdf.), voisin phonétiquement mais fort éloigné de sens. Fréq. abs. littér. : 31. Bbg. Forchheimer (P.). French glaire. Rom. Philol. 1964/65, t. 18, pp. 33-34. - Thomas (A.) Nouv. Essais 1904, p. 122. - Thurneysen 1884, p. 100. |