| GIRON, subst. masc. I. A. − [Fréquemment à propos d'une femme] Partie du corps comprise entre la ceinture et les genoux, chez une personne assise. Le giron maternel. Tout le temps que je causai avec elle, je lui remarquai un air embarrassé; elle se tenait toujours assise et ses deux bras toujours étaient posés sur son giron (Borel, Champavert,1833, p. 16).La chienne noire, couchée à son côté, se blottissait dans sa chaleur, collait le flanc contre sa hanche; elle s'abandonnait peu à peu, la tête dans le giron de l'homme (Genevoix, Raboliot,1925, p. 53) : Parmi tous les spectacles que peut offrir le genre humain, en est-il un plus aimable, plus doux, plus touchant que l'enfant en prières? Sa mère l'a mis à genoux dans son giron, le tient embrassé et joint ses petites mains sous les siennes. Elle lui fait redire, une à une, les paroles de la courte oraison.
Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 175. ♦ P. métaph. et p. anal. Ce village de Valldemosa (...) est situé dans le giron de la montagne, de plain-pied avec la Chartreuse, dont il semble être une annexe (Sand, Hiver à Majorque,1842, p. 143).Il y en avait partout [des livres], sur les meubles, sous les meubles, sur des rayonnages précaires qui ployaient et demandaient merci (...) entre les bras des fauteuils, dans le giron des canapés (Duhamel, Cécile,1938, p. 83). B. − Au fig. Synon. sein. 1. Sphère d'influence, de protection que déploie une personne. On peut dire que c'est ton mari qui t'a renvoyée à tes parents. Les enfants élevés, comme vous, dans le giron maternel restent plus longtemps enfants que les autres, ils ne savent pas la vie (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 246).Il était encore dans les habitudes du vieux journaliste de paraître mépriser complétement ses rédacteurs, de les traiter avec insolence et brutalité, et de leur faire croire qu'échappés de son giron, ils ne parviendraient à aucun journal (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 56). 2. Communauté, milieu qui offre à quelqu'un protection ou refuge. Tous ensemble nous décrétons que Leudaste, semeur de scandale, accusateur de la reine (...) sera désormais séparé du giron de la sainte mère Église et exclus de toute communion chrétienne (Thierry, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 284).C'est ainsi que M. Chevalier, avant de se fixer au giron constitutionnel, s'était donné à M. Enfantin (Proudhon, Syst. contrad. écon. t. 1, 1846, p. 121).C'est seulement quand il persistait dans sa résolution que le rabbin (...) pouvait l'admettre dans le giron de la synagogue (Weill, Judaïsme,1931, p. 204). II. − ARCHIT. Partie horizontale d'une marche d'escalier sur laquelle on pose le pied. Marches à giron droit (rectangulaire), à giron triangulaire. − P. méton. ,,Distance horizontale de nez-de-marche à nez-de-marche`` (Constr. métall. 1975). Giron des marches d'un escalier. C'est leur largeur prise au milieu de leur longueur (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 264).Au Parthénon, la plus grande marche, qui est la troisième, porte 52 centimètres de hauteur et 60 centimètres de giron, ce qui est une proportion démesurée (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 202). III. − HÉRALD. ,,Figure géométrique à une pointe longue en forme de marche d'escalier à vis, finissant au cœur de l'écu`` (Adeline, Lex. termes d'art, 1884). Il porte d'or au giron d'azur (Ac.). Prononc. et Orth. : [ʒiʀ
ɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. girond. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 gerun « pan (d'un vêtement) » (Voyage de Charlemagne, éd. E. Koschwitz, 853); b) p. ext. ca 1179 « partie qui s'étend de la ceinture jusqu'aux genoux d'une personne assise » (Renart, éd. M. Roques, I, 535); c) fig. xives. [date du ms.] geron de saincte eglise « sein de l'Église » (Jean de Vignay, Légende dorée [trad.] Maz. 1729, fo111cds Gdf. Compl.), attest. isolée; de nouv. 1563 giron de l'Église (P. de Ronsard, Responce aux injures et calomnies, 460 ds
Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, XI, 140); d) 1544 « sein, asile » (M. Scève, Delie, éd. E. Parturier, ch. 153, 1); 2. 1581 blas. geron (H. de Bara, Le blason des Armoiries, 32); 3. technol. a) 1676 giron d'une marche (Félibien); b) 1866 giron droit (Littré). De l'a. b. frq. *gêro « pan coupé en pointe » que l'on peut restituer d'apr. l'a. h. all. gēro « id. » (dér. de ger « lance »), le m. néerl. ghêre « id. ». Fréq. abs. littér. : 112. Bbg. Chautard (É.). La vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 519 - Hope 1971, p. 288. |