| * Dans l'article "GICLER,, verbe" GICLER, verbe A. − Emploi intrans. 1. [Le suj. désigne un élément liquide] Jaillir en éclaboussant. Synon. éclabousser, fuser.Elle court. Elle remonte le sentier, piétinant dans les flaques qui giclent (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 295).Il passait constamment sa main gauche sous son nez, comme pour arrêter le saignement. Mais le sang giclait toujours (Sartre, Nausée,1938, p. 211).Je mordais l'orange, un jus sucré giclait dans ma bouche (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 36). − P. métaph. : 1. Sa misère et sa honte lui serviront de passeport pour entrer au ciel. Là-haut, la boue de son existence giclera autour d'elle en étoiles glorieuses.
Aymé, Cléramb.,1950, II, 3, p. 95. 2. P. anal. Se répandre en jaillissant de tous côtés. Le plomb sort par les entailles et se répand dans les chairs en tournoyant et en giclant (Duhamel, Cécile,1938, p. 121) : 2. Il giclait des quartiers de viande, des morceaux de fesses, des rognons loin, jusque dessus la Rue royale et puis dans les nuages.. C'était l'odeur impitoyable, la tripe dans l'urine et les bouffées des cadavres, le foie gras bien décomposé...
Céline, Mort à crédit,1936, p. 380. B. − Emploi trans. 1. Rare. Faire jaillir. Moi, y en a un, près de moi, qui m'a giclé son sang dessus (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 745). 2. Région. (Suisse). Asperger de liquide, éclabousser. Les hommes bien habillés qui font attention à ne pas salir leurs chaussures, à ne pas gicler leurs pantalons bien pliés (A.-L. Grobéty, Zéro positif, Vevey, Bertil Galland, 1975, p. 192). − Emploi pronom. réciproque. Elle aperçut (...) les enfants autour de la fontaine. Elle entendait leurs cris; les garçons et la naine se giclaient (S. Corinna Bille, Juliette éternelle, Lausanne, La Guilde du Livre et Clairefontaine, 1971, p. 26). REM. 1. Giclage, subst. masc.Action de gicler; résultat de cette action. Sur la poitrine, les jets se croisaient en filet, si droits qu'on y sentait encore le giclage du sang (Malraux, Espoir,1937, p. 828). 2. Giclement, subst. masc.Action de gicler; résultat de cette action. Giclements de boue (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1220).Un giclement d'eau (Céline, Voyage,1932, p. 246). 3. Giclure, subst. fém.Trace, tache laissée par un élément liquide qui a giclé. Synon. éclaboussure.Brûlebois délibérait en lui-même sans souci des giclures de boue qui étoilaient ses larges culottes (Aymé, Brûlebois,1926, p. 151). Prononc. et Orth. : [ʒikle], (il) gicle [ʒikl̥]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1542 « faire jaillir » (Aretin, Gen., p. 194, éd. 1542 [traduction par le Lyonnais J. de Vauzelles] ds Gdf.), attest. isolée; à nouv. en 1810 (Molard, Mauv. lang. corr., p. 136). Emprunté, à en juger d'apr. les attest. supra, au fr.-prov. jicler, gigler (cf. jiclia, jiclio ds Du Puitsp.); ce mot est apparenté à toute une famille attestée dans une grande partie du domaine gallo-roman avec des formes et des sens divers. La comparaison des formes cisclar a prov. (mil. xiiieds Levy) « crier à haute voix; siffler; pleuvoir et venter »; cisler a. fr. « fouetter » (ca 1120 ds T.-L.) et gisclar (de même sens que cisclar, mil. xiiieds Levy), justifie un étymon commun *cisculare, d'orig. inc.; on a avancé l'hyp. d'une altération de fistulare « jouer de la flûte », soit sous l'infl. de sibilare « produire un sifflement, siffler » (mais les résultats du traitement phonét. de l'initiale ci-, si- donnant toujours ci- rendent impossible ce croisement, cf. FEW t. 2, 1, p. 714b), soit sous une infl. onomatopéique (cf. Jud. R. 44. 131). Fréq. abs. littér. : 131. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p. 290. |