| GIBET, subst. masc. Littéraire A. − 1. Instrument de supplice pour les condamnés à la pendaison. Synon. potence.Condamner, mener, pendre au gibet; dresser un gibet. Prendre et pendre est tout l'alphabet; Et tout se règle avec l'équerre Que font les deux bras du gibet (Hugo, Chansons rues et bois,1865, p. 248).Partout le gibet! − Quand les fourches patibulaires sont chargées à se rompre, ils [les cadavres] pendent aux arbres! (...) Toute saillie devient potence! (Sardou, Patrie!1869, I, tabl. 1, 2, p. 11). − En partic. Synon. de croix.Il [Jésus] commença sur le gibet la vie divine qu'il allait mener dans le cœur de l'humanité pour les siècles infinis (Renan, Vie Jésus,1863, p. 438).Cette croix, ce sommet, Cette blancheur sanglante, et ces lueurs divines Sous l'entrelacement monstrueux des épines; (...) ce gibet où pend l'être appelé Jésus (Hugo, Fin Satan,1885, p. 884). − Proverbes, vx. ,,Le gibet n'est que pour les malheureux`` (Ac. 1798-1878). ,,Les richesses et le crédit sauvent ordinairement les grands criminels`` (Ac. 1798-1878). ,,Le gibet ne perd point ses droits`` (Ac. 1798-1878). ,,Les criminels sont punis tôt ou tard`` (Ac. 1798-1878). 2. Fourches patibulaires où l'on exposait les cadavres des suppliciés jusqu'à leur destruction naturelle. Le connétable furieux fit trancher la tête et pendre par quartiers au gibet quatre des otages de la ville (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 160). B. − P. méton. Lieu où un gibet est établi. Le gibet de Montfaucon. C. − P. compar. ou p. métaph. La Bastille (...) lui semblait [à la nation] élevée à l'entrée de Paris, en face des seize piliers de Montfaucon, comme le gibet de ses libertés (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 217).La tyrannie altière, atroce, inexorable, Est le vaste échafaud de l'homme misérable; Le maître est le gibet, les flatteurs sont les clous (Hugo, Légende, t. 6, 1883, p. 130). Prononc. et Orth. : [ʒibε]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1160-74 « bâton, casse-tête » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 8325); 2. début xiiies. « fourches patibulaires » (R. de Houdenc, Vengeance Raguidel, 716 ds T.-L.). Prob. dimin. de l'a. b. frq. *gibb « bâton fourchu »; cf. l'angl. gib « bâton recourbé » et le bavarois gippel « branche fourchue »; suff. -et*; cf. Bl.-W.5Fréq. abs. littér. : 296. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 662, b) 571; xxes. : a) 409, b) 140. Bbg. Bambeck (M.). Mittellateinische Lexikalia zum FEW. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, p. 225. |