| GAZEUX, -EUSE, adj. A. − PHYS. Relatif au gaz, de la nature du gaz. Masse, atmosphère gazeuse; pression gazeuse; émanation gazeuse; passage de l'état liquide à l'état gazeux. Enfin on reconnaîtra que tous les corps, solides, liquides ou gazeux, sont propres à produire et à propager en vibrant le phénomène qui par rapport à nous est un son (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p. 70) : 1. Imaginez un noble physicien, qui a observé longtemps les corps gazeux, les a chauffés, refroidis, comprimés, raréfiés. Il en vient à concevoir que les gaz sont faits de milliers de projectiles très petits qui sont lancés vivement dans toutes les directions et viennent bombarder les parois du récipient.
Alain, Propos,1908, p. 27. ♦ P. métaph. Peints par un jour torride, ils [les rochers] semblaient réduits en poussière, volatilisés par la chaleur, laquelle avait à demi bu la mer, presque passée, dans toute l'étendue de la toile, à l'état gazeux (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 901). − Spécialement 1. PHYS. NUCL. L'une des méthodes utilisées avec succès (...) est la méthode dite de diffusion gazeuse qui utilise l'hexafluorure d'uranium seul composé gazeux mais malheureusement très corrosif de cet élément (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 42). 2. ASTROPHYS. [En parlant de corps célestes] Composés de gaz. Anneaux gazeux; nébuleuse, enveloppe, masse gazeuse. Faut-il en conclure que les étoiles métalliques sont moins éloignées de nous que les étoiles gazeuses? (Poincaré, Hyp. cosmogon.,1911, p. 233). B. − BIOL., MÉD., PHYSIOL. Qui a rapport aux gaz de l'organisme ou à des troubles provoqués par des infiltrations de gaz. Échanges gazeux (de la respiration); embolie gazeuse. Tandis que ceux-ci [les chirurgiens] réglementaient la thérapeutique opératoire propre à prévenir ces infections, notamment les septicémies streptococciques et la gangrène gazeuse, et à les traiter, la bactériologie des plaies de guerre a fait l'objet des patientes et minutieuses études de Pierre Delbet (Ce que la Fr. a apporté à la méd.,1946, p. 17).Les échanges gazeux respiratoires au niveau des tissus, comme au niveau des poumons, ne font jamais apparaître un dégagement d'hydrogène (Camefort, Gama, Sc. nat.,1960, p. 161). − BOT. Échanges gazeux. Processus de transformation des gaz par les végétaux, associé à la photosynthèse. À cette profondeur correspond un éclairement moyen tel que les échanges gazeux de la photosynthèse et ceux de la respiration soient équivalents (J.-M. Pérès, Vie océan,1966, p. 86). C. − Gén. au fém. Qui contient du gaz carbonique dissous. Bière, limonade gazeuse; eau (minérale) gazeuse, anton. (eau) plate. Marie Létourneau, aidée de sa mère et d'Emmanuel, passa une serviette de papier de couleur à chacun, puis un verre de boisson gazeuse et une assiette de carton (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 169). − Emploi subst., p. méton., fam. [Ils] acceptèrent du grand Dédé qui les admirait une bouteille de gazeuse (Colette, Naiss. jour,1928, p. 61). D. − P. métaph. Aérien, léger et péj. écervelé, inconstant. De concert avec M. Cabanel, il a inventé la peinture gazeuse, la pièce soufflée (Huysmans, Art mod.,1883, p. 25).Grapin enchantait ce caractère faible, cet esprit gazeux qui cédait aux pressions (Morand, P. de Saligny,1947, p. 139) : 2. Cette personnalité [Duhamel] qui ne se révèle que par un désir de se répandre partout et dont le pantelant amour poursuit la « possession » du monde, cette personnalité liquide ou gazeuse ne laisse pas d'être singulièrement gênante pour quiconque se plaît dans le monde des solides, dans un monde de personnes qui ont leur limite, leur intérieur inviolable et profond.
Massis, Jugements,1924, p. 183. − Littér. Sur le trottoir de droite, une masse gazeuse, grise avec des traînées de feu fait un bruit de coquillage : c'est la vieille gare (Sartre, Nausée,1938, p. 41). Prononc. et Orth : [gɑzø], fém. [-ø:z]. Mais [a] ds Lar. Lang. fr. comme pour gaz. Att. ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1775 (Grigon, Mém., p. 503 ds DG). Dér. de gaz*; suff. -eux*. Fréq. abs. littér. : 81. |