| GAUDE, subst. fém. A. − BOT. Plante de la famille des Résédacées, poussant en Europe, autrefois cultivée pour servir à la teinture des tissus en jaune ou à la fabrication d'une peinture; p. ext., la teinture obtenue à partir de cette plante. Pour le corps [du cheval de la Chasse aux lions] : momie, laque de gaude, chrome foncé. Tous ces tons jouent dans la peinture (Delacroix, Journal,1854, p. 213).Je ferai remarquer (...) que mon jaune correspond à la gaude fixée sur la laine alunée (Chevreul, Moyen déf. et nommer coul.,1861, p. 61).Le Reseda luteola, ou Gaude, Herbe aux juifs, livre une matière colorante jaune qui était utilisée jadis pour la teinture des juifs réprouvés (Bot.,1960, p. 982 [Encyclop. de la Pléiade]). B. − [P. anal. de couleur; en Bourgogne, en Bresse et en Franche-Comté] Farine de maïs grillé. Jura (dép. du), formé d'une partie de la Fr.-Comté (...) prod. tr.-bon vin, blé en abond., chanvre, noix, maïs dont on fait la farine dite gaude, beurre et fromage estimés (Vosgien, Nouv. dict. géogr., Saintin, 1813, 1repartie, p. 227). − Au plur. Bouillie confectionnée à base de cette farine. Les gaudes bressanes; préparer les gaudes : Les gaudes étaient jadis en Franche Comté la base de l'alimentation, c'était le repas habituel du matin et du soir. On désignait les comtois sous le nom de « mangeurs de gaudes... »
R. Bichet, Contes de Mondon et d'autres villages comtois, Besançon, Jacques et Demontrond éd., 1975, p. 174. Prononc. et Orth. : [go:d]. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. I. 2emoitié du xiiies. [date du ms.] galde bot. (Ornement des dames, éd. P. Ruelle, 224). II. 1732 « bouillie » (L. Liger, La Nouvelle Maison rustique, t. 1, p. 83). I du germ. *walda « réséda » (cf. m. néerl. woude « id. » (Verdam), angl. weld « id. », all. Wau « id. ») qui a succédé au lat. class. lutum « gaude des teinturiers, couleur jaune » et qui est à l'orig. de l'esp. gualda, de l'a. cat. gauda, du port. gualde, gualdo et de l'it. gualda (v. DEAF, col. 396). À en juger d'apr. son ext. *walda a dû passer très tôt en lat. vulg. (peut-être au vies. d'apr. FEW t. 17, p. 487b) sans doute à la suite de l'importation de cette teinture de Germanie ou par l'intermédiaire de la main-d'œuvre germanique employée par l'importante industrie textile concentrée dans le cours inférieur du Rhin; v. Roll. Flore t. 2, pp. 186-187. II issu de I, p. anal. de couleur. |