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GARROTTER, verbe trans.
A. − Lier, attacher solidement, étroitement comme avec un garrot. Une seconde plus tard, j'étais délivré de l'étreinte du guépard. Les six touareg blancs m'entouraient et cherchaient à me garrotter (Benoit, Atlant.,1919, p. 276) :
1. ... j'ajuste, j'agglutine, je garrotte, je sangle, j'entrave, j'accumule, jusqu'à ce que tu te sentes, de la pointe des pieds à la racine des cheveux, vêtu de toutes les boucles d'un seul reptile dont la moindre respiration coupe la tienne et te rende pareil au bras inerte sur lequel un dormeur s'est endormi. Cocteau, Machine infern.,1934, II, p. 83.
Emploi pronom. réfl., au fig. S'entourer étroitement de. Farau haussa les épaules en se garrottant d'une écharpe de laine (Colette, Seconde,1929, p. 215).
B. − Au fig. Mettre dans l'impossibilité d'agir librement, priver de toute liberté d'action. Je suis lié et garrotté par le contrat qui m'a été imposé (Ac.1932).Je me trouverais pris par une famille qui me garrotterait de tous les côtés (Constant, Journaux,1804, p. 126).[L'abbé Capdepont à ses confrères] (...) Pie IX (...) sait trop bien à quelles contraintes nous obligent les lois civiles dont on a garrotté l'Église (Fabre, Abbé Tigrane,1873, p. 192) :
2. ... qu'arrivera-t-il donc quand mon existence se trouvera liée à des hommes tout hérissés de préjugés, fiers et absolus dans leurs opinions serviles, gourmés, ampoulés, et les mains toujours prêtes à garroter les faibles? M. de Guérin, Journal,1834, p. 213.
Emploi pronom. réfl. Celui qui ment en gardant sa pensée fait donc une œuvre ingrate et se garrotte lui-même (Alain, Propos,1922, p. 426).
Prononc. et Orth. : [gaʀ ɔte], (il) garrotte [gaʀ ɔt]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xiiies. [date du ms.] garocier « immobiliser, bloquer (quelqu'un) ou peut-être attacher, ligoter » (Wace, Rou, éd. A.J. Holden, III, 11180 [var.]), attest. isolée; de nouv. 1470 waroquier « attacher très solidement (un objet) » (Wavrin, Anc. Cron. d'Engl., II, 132 ds Gdf.); 2. a) xves. garrotter « serrer fortement (un objet) » (Banquet du boys ds Anc. Poés. fr., X, 218); b) 1535 garrotter « attacher très solidement (un objet, une personne) » (Olivetan, éd. H. Kunze, p. 106); 3. a) 1601 fig. « priver de liberté » (Charron, Sagesse, I, 15 ds Littré); b) 1718 « user de tous les moyens pour empêcher quelqu'un de manquer à ses engagements » (Ac.); 4. 1757 « placer un garrot à un arbre, à une branche pour en corriger la direction » (Encyclop.). Dér. de garrot2*; dés. -er. Dans le fr. général, c'est le sens « serrer un lien » (v. garrot2sens 1 b) qui s'est imposé, mais dans les parlers région. on trouve aussi les sens « lancer, jeter, rouer de coups » (v. garrot2sens 2, 3) cf. nant. ang. garrocher « lancer des pierres contre quelqu'un » (FEW t. 17, p. 624b), ang. garotter « frapper à coups de bâton ou de pierres » (ibid., p. 625a); cf. garrocher. Fréq. abs. littér. : 167. Bbg. Gohin 1903, p. 344.