| GARNISON, subst. fém. I. − Vx. Action de garnir. (Dict. xixeet xxes.). − ORFÈVR. Pièce de garnison, p. ell. garnison. Pièce appliquée à un ouvrage par soudure. Ouvrage doré par garnison. Ouvrage partiellement doré (Dict. xixeet xxes.. II. − Domaine militaire. A. − Ensemble de troupes occupant une place, une forteresse pour la défendre. Renforcer la garnison (Ac. 1798-1878). La garnison fut forcée de capituler (DG). Après deux mois d'une héroïque résistance, la garnison dut se rendre (Ac.1932). B. − P. anal. Ensemble de troupes stationnées dans une ville. Charles VII (...) accoutuma les villes à recevoir de petites garnisons royales; c'était la conséquence forcée de la formation des troupes régulières (Bach.-Dez.1882).La garnison anime aussi quelque peu les cabarets trop nombreux (Verlaine,
Œuvres posth., t. 1, Souv. et fantais., 1896, p. 217).Toute la garnison est consignée (Davau-Cohen1972). − Ville de garnison, p. ell. garnison. Ville où stationne au moins une unité de l'armée, même en temps de paix. Changer de garnison. Une garnison triste, plaisante (Dub.). Les villes de l'est de la France ont été au xixesiècle, et jusqu'à un passé récent, essentiellement des villes de garnison (George1970) : Son père (...) le fit inscrire au corps comme enfant de troupe, et jusqu'à l'âge de douze ans, il mena, de garnison en garnison, une vie saine et pittoresque.
A. France, Vie littér., t. 4, 1892, p. 277. − Locutions ♦ Loc. verb. Être en garnison à + nom de lieu. [En parlant d'une pers.] Être affecté à une troupe casernée dans ce lieu. Mon grand-père, étant en garnison à Nancy (Barrès, Cahiers, t. 13, 1921, p. 192).Tenir garnison à + nom de lieu. [En parlant d'un régiment] Être installé dans ce lieu. P. anal. Dupétral prend le papier, le développe, aperçoit un morceau de roquefort dans lequel les vers tenaient garnison (Kock, Âne M. Martin,1862, p. 163). ♦ Loc. subst. Vie de garnison. Vie que mènent les militaires dans une garnison en temps de paix. Ayant hérité d'une fortune considérable, il s'était dégoûté de la vie de garnison (Mérimée, Double mépr.,1833, p. 4).[Cette idée] suffisait à l'occuper, lui faisait revivre sa vie, depuis la naissance du petit (...) jusqu'à cette existence étroite de garnison (Zola, Cap. Burle,1883, p. 5).Amours de garnison (vieilli). Amours de passage. Avez-vous vu dans vos amours de garnison beaucoup de mains aussi blanches (Dumas père, Tour Nesle,1832, I, tabl. 2, 5, p. 21).Et si leur cœur [aux vétérans] bat pour quelque belle, gageons que, indépendamment des amours vénales de garnisons, c'est pour quelque noire ou métisse gaillarde de par là (Verlaine,
Œuvres compl., t. 5, Quinze jours en Holl., 1893, p. 262).,,Mariage de garnison. Mariage mal assorti`` (Littré). REM. Garnisonner, verbe.a) Emploi trans. Occuper (un lieu) pour y tenir garnison. Cependant cinq ou six bergers mandés par Colomba arrivèrent pour garnisonner la tour des Della Rebbia (Mérimée, Colomba,1840, p. 121).b) Emploi intrans. Être en garnison (à un certain endroit). P. anal. Le capitaine Raoul, gentil garçon, vingt-sept ans, fortement atteint de la papillonne, a mis dans sa tête qu'il épouserait la petite Toinon (...). Mmede Rénald l'écoute d'abord en riant (...) elle sait qu'il a l'humeur voyageuse et ne garnisonne jamais longtemps (A. Daudet, Crit. dram.,1897, p. 117). Prononc. et Orth. : [gaʀnizɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [Fin xies. garnisson « défense, protection » (Genèse 41,40 ds Raschi Bible, p. 13)]; ca 1250 garnisson « id. » (R. de Fournival, Le Bestiaire d'amour, éd. C. Segre, p. 134, var. ms B); 2. a) 1155 guarnisun « approvisionnement » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 9961); b) ca 1176-84 « équipement » (G. d'Arras, Ille et Galeron, éd. E. Löseth, 279); 3. a) α
ca 1200 « corps de troupes qu'on met dans une place pour la défendre » (Antioche, éd. P. Paris, II, p. 289);
β
1213 « construction de défense, ville fortifiée » (Faits des Romains, éd. L. F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, p. 85, 32);
γ
1283 « ville où l'on met des troupes en garnison pour la garder » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. Am. Salmon, 88);
δ
1835 ville de garnison « ville où est casernée habituellement une garnison » (Ac.); b) 1425 jurid. (Ordonnances des rois de France de la troisième race, t. 13, p. 90); 4. a) ca 1260 « garniture (d'une selle) » (E. Boileau, Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 210); b) 1633 doré par garnisons « par places, les autres parties restant blanches » (Invent. de Marie Cressé ds Havard); c) 1690 orfèv. pièce de garnison (Fur.). Dér. de garnir*; suff. -ison (-aison*). Fréq. abs. littér. : 999. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 337, b) 1 087; xxes. : a) 940, b) 1 106. |