| GARDE1, subst. fém. I. − Action, fait de garder. A. − Action, fait de surveiller, protéger quelqu'un ou quelque chose. 1. [L'objet de cette action est une pers.] .
a) Action, fait d'entourer de soins attentifs et vigilants. Garde d'un nourrisson, d'un vieillard, d'un malade, frais de garde. Laissant le petit Jacques à la garde de la concierge (Zola,
Œuvre,1886, p. 230) : 1. Ou encore, commis à la garde des enfants, où prenait-il [le chien] l'initiative de les écarter de la mare profonde, de leur interdire de toucher à la hache aiguisée, au fusil chargé?
Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 170. − DR. CIVIL. Droit de garde ou, usuel, garde des enfants. Attribut de la puissance paternelle selon lequel celui des parents qui en est investi (ou le tuteur) peut et doit veiller sur la personne de l'enfant et diriger son éducation. La garde d'un enfant c'est le droit de le retenir chez soi. Ce droit n'appartient qu'aux parents pendant la durée du mariage (Cassel-Donnart, Les Droits de la mère sur l'enfant, Paris, éd. soc., 1955, p. 33). − Locutions ♦ Être de garde facile, difficile (vx). Être facile, difficile à garder. Si parfaitement honnête femme qu'elle [Cécile] fût, elle avait trop de brillant pour être d'une garde très-facile (Feuillet, Journal femme,1878, p. 237). ♦ À la garde de Dieu, que Dieu nous (vous...) ait en sa sainte garde. « Je prie Dieu, M. Dabbadie, qu'il vous ait en sa sainte garde. » (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 115).Et puis... et puis vous irez à la garde de Dieu (Dumas père, Marbrier,1854, I, 8, p. 239). b) Action, fait de se garder. − [À l'escrime, à la boxe] Manière de tenir son arme, son bras, pour parer les coups de l'adversaire. Gardes de l'épée. Il tenait son chapeau de la main gauche pour parer, son couteau en avant. C'est leur garde andalouse (Mérimée, Carmen,1847, p. 63).Au-dessus de sa garde haute, je voyais son regard clair et sympathique (Morand, Champions du monde,1930, p. 120).La garde anglaise, excellente pour la défense et surtout pour un amateur (...) nous lui préférons la garde américaine (Revue Sports, Boxe, 1936). ♦ Ouvrir, fermer sa garde. Se découvrir, se couvrir : 2. Couverts de sueur sous l'éclairage implacable, les deux boxeurs ouvrent leur garde, tapent en fermant les yeux, poussent des épaules et des genoux, échangent leur sang et reniflent de fureur.
Camus, Été,1954, p. 42. ♦ Entrer, être, se mettre, tomber en garde. Se mettre en position de défense, prêt à subir une attaque. Mais le chevalier (...) parut seul. M. de Montragoux, le voyant bondir l'épée au poing, se mit en garde (A. France, Barbe-Bleue,1909, p. 54). ♦ En garde! Ordre par lequel on intime à un adversaire de se mettre en garde Ah! mon gaillard, vous insultez Fontan! (...). En garde! Une, deux, et v'lan dans la poitrine! (Zola, Nana,1880, p. 1199). ♦ Garde à vous! Ordre par lequel un supérieur intime à un soldat de se tenir immobile, les bras le long du corps. Cf. garde-à-vous. − Loc. fig. ♦ Être, se tenir sur ses gardes. Être sur le qui-vive, prêt à la défense. Désormais, l'attention de Julien fut sans cesse sur ses gardes (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 179).Oscar, tiens-toi sur tes gardes (Balzac, Début vie,1842, p. 465). ♦ Mettre, tenir qqn en garde contre qqn (qqc.). Conseiller à quelqu'un de se montrer circonspect à l'égard de quelqu'un (quelque chose). Me mettant en garde contre mes idées généreuses (Balzac, Gobseck,1830, p. 397). ♦ Se mettre, se tenir en garde contre qqn (qqc.). Être méfiant, se défier de quelqu'un (quelque chose). Je dus me tenir en garde contre ces ruses (Gautier, Fracasse,1863, p. 442).Je dois me mettre en garde contre un danger qui m'a toujours menacé (Du Bos, Journal,1922, p. 69). ♦ Se donner (de) garde de + inf. Se donner de garde que + subj.Vieilli. N'avoir garde que, se garder de. Donne-toi bien de garde de regarder seulement ce livre (J. de Maistre, Corresp.,1808-10, p. 265). ♦ N'avoir garde de + inf.(litt.). Avoir soin d'éviter de. En toute occasion il n'avait garde de contredire sa fille (Mérimée, Colomba,1840, p. 155).L'habitant des villes n'a garde d'approcher de cet homme farouche (MicheletPeuple,1846, p. 62) : 3. Je n'ai garde d'oublier ces noms qu'Anna citait avec vénération et qui s'auréolaient dans mon esprit d'un grand prestige.
Gide, Si le grain,1924, p. 366. ♦ Prendre garde Prends garde! [Locution exclamative prononcée en guise d'avertissement, de menace] Prends garde, Nozière, prends garde : la femme est perfide (A. France, Vie fleur,1922, p. 388).Prendre garde à qqn, à qqc. Être attentif, vigilant à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose : 4. Chaque année, le gouvernement devrait faire mettre sur les murs de grandes affiches avec ces mots : « Retour du printemps. Citoyens français, prenez garde à l'amour »; de même qu'on écrit sur la porte des maisons : « Prenez garde à la peinture! »
Maupass., Contes et nouv., t. 1, Print,. 1881, p. 386. Prendre garde de + inf.S'efforcer d'éviter de. Mais il faut prendre garde de s'amuser trop du scandale (Gide, Journal,1893, p. 40).Et surtout prenons garde de nous refroidir (A. France, Bergeret,1901, p. 349).Prendre garde que + ind.Se rendre bien compte que. On ne prend garde que le doute naît des choses mêmes (Valéry, Variété IV,1938, p. 37).Prendre garde que... ne + verbe au subj.Tâcher d'éviter que. Mais prenez garde qu'un jour vos idées ne finissent par entraîner votre vie (Montherl., Exil,1929, II, 5, p. 64).Prendre garde que... ne... pas. Tâcher d'éviter que. Nous devons prendre garde que cet échec ne nous induise pas à douter de l'intention qui animait Épicure (J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 83).Prendre garde que + ind.(vx). Remarquer, observer que. Prenez garde que les paysans sont volontiers incestueux, ivrognes et parricides (A. France, Orme,1897, p. 140).2. [L'objet de cette action est une chose] a) Action d'être dépositaire et d'être garant. Ils étaient chargés de la garde de nos canots (Voy. Pérouse,t. 2, 1797, p. 124).Le maître, en effet, l'a commis à la garde des choses et des lieux (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 127). − DROIT ♦ Garde (juridique). ,,Obligation faite au propriétaire d'une chose (d'un animal) ou à celui qui s'en sert d'empêcher que cette chose (cet animal) ne cause de dommages à autrui`` (Cap. 1936). Lorsque l'élève passe l'examen pour l'obtention du permis de conduire (...) c'est lui qui a la garde de l'automobile (Cap. 1936). ♦ Garde judiciaire. Conservation et surveillance des objets saisis, séquestrés, mis sous scellés, pour être ensuite représentés à qui de droit (d'apr. Littré). La garde des objets saisis (Réau-Rond. 1951). − FIN. Droit(s) de garde. Redevance exigée pour la garde et la gestion de papiers-valeurs confiés à une banque en dépôt ouvert. Les banques ne prélèvent pas de droit de garde sur les actions des SICAV dont elles assurent la gestion (...). La taxe à la valeur ajoutée s'applique aux droits de garde (J. Ferronnière, Les Opérations de banque, Paris, Dalloz, 1980, p. 794). b) Action de surveiller un lieu pour en préserver l'accès. Chien* de garde : 5. Un jeune garçon à la figure fraîche et joufflue, à chevelure rousse, et coiffé d'une casquette de loutre, commit la garde de la boutique à une vieille paysanne, espèce de Caliban femelle occupée à nettoyer un poêle dont les merveilles étaient dues au génie de Bernard Palissy...
Balzac, Peau chagr.,1831, p. 17. ♦ Faire bonne garde. Être vigilant. Les brigands devaient croire les gens du bourg avertis et faisant bonne garde autour de la maison (Pourrat, Gaspard,1922, p. 41). c) Être de garde (vx). Pouvoir se conserver. Ces fruits, ces vins sont de garde, de bonne garde, ne sont pas de garde (Ac. 1798-1932). Être de bonne, mauvaise garde. d) Service de surveillance qui revient périodiquement. − MÉDECINE ♦ Médecin, pharmacien, etc., de garde. Médecin, pharmacien, etc., assurant une permanence aux services des malades pendant la nuit ou pendant les jours fériés. Lucien vola à l'hôpital de N. Il se fit conduire par le portier au chirurgien de garde (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, 1836, p. 351). ♦ Salle de garde. Salle où se tiennent les internes de garde dans un hôpital. Nous allons voir l'ancienne salle de garde, décorée par les peintres amis des internes (Goncourt, Journal,1860, p. 858). − ARM. Service de surveillance assuré par un soldat, un groupe de soldats. Quand je n'étais ni de garde aux batteries ni de service à la tente (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 408).Deux hommes avaient été désignés pour la garde des créneaux (Benjamin, Gaspard,1915, p. 139). ♦ Monter, prendre la garde. Être de garde; prendre son tour de garde. Songez qu'aujourd'hui, si les vilains montent la garde à la porte du riche, le riche la monte à la porte du pauvre (Musset dsLe Temps,1831, p. 90). ♦ Descendre la garde. Quitter son poste après son tour de garde. En descendant la garde, je fus dégradé et envoyé pour un mois à la prison (Mérimée, Carmen,1847, p. 37).Au fig., vieilli. Mourir. Ma toute belle, après-demain Gilet sera mis à l'ombre par ce bras, dit le soudard en tendant la main droite, ou le sien m'aura fait descendre la garde (Balzac, Rabouill.,1842, p. 529).Si ma pauvre femme est morte, c'est un grand malheur (...) mais moi je n'ai pas encore descendu la garde et je suis encore aubergiste (Fabre, Rom. peintre,1878, p. 64). − MARINE ♦ Bâtiment de garde. Bâtiment à bord duquel une garde commandée par un officier (de santé) est établie dans le port (d'apr. Bonn.-Paris 1859). ♦ Garde au mouillage. ,,Service de veille confié à un ou à plusieurs hommes, lorsque le navire est au mouillage`` (Gruss 1952). − VÉN. Bête de garde (pour un sanglier). ,,Vieux mâle aux défenses aiguës et tranchantes [à qui] appartient le périlleux honneur de protéger la compagnie contre les ennemis`` (Gridel, Journ., févr. 1910, p. 298 b ds M. Lenoble-Pinson, Le Lang. de la chasse, Bruxelles, 1977, p. 164). B. − Action, fait de surveiller, de maintenir une personne captive en un lieu : 6. gubetta. − À l'heure qu'il est (...) Notre Saint-Père le pape l'a fait arrêter sur votre plainte, et le tient sous bonne garde dans les chambres basses du Vatican.
Hugo, L. Borgia,1833, p. 21. − DR. Garde à vue. Mesure par laquelle un officier de police judiciaire retient dans les locaux de la police pendant vingt-quatre heures ou quarante-huit heures une personne qui, pour les nécessités d'une enquête, doit rester à la disposition des services de police. La garde à vue ne peut se prolonger que pendant vingt-quatre heures; au bout de ce laps de temps, l'intéressé doit être présenté au Procureur de la République qui peut accorder l'autorisation écrite de prolonger la garde à vue pendant un nouveau délai de vingt-quatre heures (Jur.1971). II. − Groupe de personnes qui gardent. A. − HIST. Corps de troupe chargé d'assurer la protection d'un souverain, d'une personne officielle ou, s'il est important, investi d'une véritable mission militaire. La garde du palais crie : Vive le Roi! (Scribe, Bertrand,1833, V, 7, p. 225).Balkis reconnut le brave Abner qui venait à la tête de sa garde délivrer sa reine (A. France, Balth.,1889, p. 17). SYNT. Garde civique, consulaire, nationale, pontificale, prétorienne, suisse. − Garde constitutionnelle. Garde donnée à Louis XVI par l'assemblée législative en 1791. Les régiments avaient été éloignés, la garde constitutionnelle licenciée (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 67). − Garde d'honneur. Garde qui accompagne une personnalité dans ses déplacements; spéc., corps de cavalerie formé, par Napoléon en 1813, des jeunes gens qui s'étaient rachetés de la conscription. Il ne voulut d'autre garde que la garde d'honneur de la ville, et ce trait de confiance lui ramena aussitôt tous les sentiments hollandais (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 36). − Garde impériale, cour. la garde. ♦ Corps d'armée créé par Napoléon en 1804 : 7. ... Nicolas tomba pour ne plus se relever, plus heureux que Cambronne qui n'avait que dit la chose et que la garde qui ne se rendit pas mais qui ne mourut pas davantage.
Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 225. Jeune garde. Régiment d'élite de la garde impériale. La jeune et la vieille garde arrivèrent (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 454).Vieille garde. Régiment de la garde impériale qui forme la réserve. De petits enfants travestis en vétérans de la Vieille Garde (Goncourt, Journal,1895, p. 793).Au fig.
α) Les amis fidèles, les tenants d'une École remise en cause par des novateurs. Il y avait naturellement des jeunes − artistes, étudiants et fanas − qui n'étaient que trop prêts à se lancer avec le chevalier Diaghilev à l'assaut de la vieille garde (Diapason,oct. 1980, no254, p. 36).
β) Fam. Vieille femme galante. Sous la figure d'une vieille garde qui vous ôte une chemise et vous refroidit quand vous avez besoin d'une chaleur céleste (Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1830, p. 10). ♦ Corps d'armée lié à un empereur : 8. Une nuit de juin 1916, à l'aube, très tôt, la garde impériale envahit l'Épeule, éveilla tout le monde, et s'empara des jeunes gens.
Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 224. ♦ Loc. fig. et iron. [P. allus. au vers célèbre de Hugo, Châtim., 1853] Faire donner la garde. Jeter tous ses atouts, se donner à fond. La tragédienne eut beau faire donner la garde, appeler au secours de son art en déroute les grandes héroïnes du répertoire, Phèdre et ses fureurs, Monimos et sa grâce touchante, Hermione, les Américains restaient froids (A. Daudet, Crit. dram.,1897, p. 138). − Garde républicaine (de Paris); anc., garde municipale. Corps de gendarmerie chargé de la garde de l'Élysée et assurant les services d'ordre et d'honneur de la capitale. Musiques de l'armée et civiles, musique de la Garde républicaine (Rougnon1935, p. 248). − Garde républicaine mobile. Corps de gendarmerie mobile créé en 1925 et dissout en 1955. − Garde royale. Garde créée en France par Louis XVIII en 1815. Le jeune homme (...) fut rappelé dans la garde royale (Balzac, Ferragus,1833, p. 22). − Garde française. Régiment créé par Charles IX en 1563 et chargé jusqu'en 1789 de la garde des palais royaux. Un sergent des gardes françaises (Nerval, Fayolle,1855, p. 119). ♦ P. méton., subst. masc. Soldat de ce régiment. Les boutons des uniformes des gardes-françaises (Montherl., Célibataires,1934, p. 741). − Garde rouge. Armée, groupe de révolutionnaires communistes en URSS ou en Chine. La garde rouge, répondait Kyo, les milices ouvrières, allaient être créées à Shanghaï (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 270). B. − Détachement de soldats assurant la garde d'un poste. Appeler, renforcer, relever la garde. Piquet de prison, relève de garde, tout marche imperturbablement (Alain, Propos,1923, p. 478). − À la garde! [Pour demander le secours de la garde] Et la sentinelle qui ne crie pas à la garde (Mérimée, Théâtre C. Gazul,1825, p. 71). − Garde montante, descendante. Garde qui prend, quitte son service. La garde montante et les gamins qui défilent en chantant (Mauriac, Journal 2,1937, p. 126). − Grand' garde. Corps de troupe en défense aux avant-postes. Ils arrivèrent, sans pouvoir y échapper, à une grand'garde de francs-tireurs (A. DaudetContes lundi,1873, p. 28).Cf. grand-garde. − Garde avancée, folle. Corps de troupe, armée que l'on met devant la grand-garde pour plus de sûreté. P. métaph. Il [M. Ehrmann] est une garde avancée, on disait autrefois une garde folle, de la latinité, un défenseur de nos bastions de l'Est (Barrès, Serv. All.,1905, p. 229). − Corps* de garde. III. − Chose qui sert à garder. A. − Partie d'une arme blanche, en forme de coquille ou/et de branche perpendiculaire à l'axe de l'arme, destinée à protéger la main tenant l'arme : 9. Voyant leur maître blessé qui s'adossait au mur et s'appuyait sur la garde de son épée, (...) ces misérables canailles, lâches d'âme et de courage, abandonnèrent la partie.
Gautier, Fracasse,1863, p. 420. − Locutions ♦ Jusqu'à la garde. À fond, jusqu'au bout. Quand il eut enfoncé l'arme jusqu'à la garde, de bas en haut (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 154). ♦ S'enfoncer, s'enferrer jusqu'à la garde (au fig.). Se tromper complètement. Pour s'enfoncer les uns les autres à qui mieux mieux dans la gorge de grandes fautes de français jusqu'à la garde (Hugo, Cl. Gueux,1834, p. 183; cf. Bruant 1901, p. 262). ♦ S'en donner jusqu'aux gardes (vx). ,,Boire et manger tout son soûl et, en général, prendre d'un plaisir sans réserve et sans modération`` (Ac. 1798-1932). B. − RELIURE. Feuille, page de garde et absol. garde. Feuillet blanc ou de couleur placé au début et à la fin d'un livre pour protéger sa première et sa dernière page. Aussi est-ce en cette bibliothèque qu'est la fleur de mes livres (...) un exemplaire [des contes de La Fontaine] au texte réglé, aux toutes premières épreuves, aux gardes doublées de tabis, aux plats de la reliure chargés d'une riche dentelle (E. de Goncourt, Mais. artiste, t. 1, 1881, p. 344) : 10. ... ayant ouvert l'édition originale des Chants du crépuscule et rencontrant sur la page de garde la dédicace à Z., il eut, devant le livre dédicacé, le recul légitime du pourvoyeur de bibliophiles...
Du Bos, Journal,1927, p. 191. C. − JEUX. ,,Une ou plusieurs basses cartes de la même couleur que la carte principale qu'on veut garder`` (Ac. 1835-1932). ,,Un bon joueur porte toujours des gardes. J'ai écarté la double garde`` (Ac. 1835-1932). − Au fig. Avoir une garde à carreau*. D. − TECHNOLOGIE 1. Espace libre qui évite un contact entre deux éléments. − En partic. a) Garde-au-sol. Espace qui sépare le châssis d'une voiture jusqu'au sol. Les normes d'homologation des véhicules fixent, dans presque tous les pays, une garde-au-sol minimale dans les conditions de charge maximale prévues par le constructeur afin d'écarter tout risque de choc (Alpha Auto, Grande encyclopédie de l'automobile, Paris, Grange Batelière, t. 6, 1976, p. 1773). b) Garde de la pédale d'embrayage. Partie de la course d'une pédale qui est sans effet sur l'embrayage. Laisser une garde suffisante à la pédale d'embrayage (Lexis1975). 2. Pièce, dispositif qui évite ou limite le contact entre deux éléments. Le rebattage [des faux] à la main s'opère au moyen de petites enclumes portatives que l'on enfonce dans le sol et que des « gardes » empêchent d'entrer trop profondément (Ballu, Mach. agric.,1933, p. 239). ♦ MAR. Palan de garde, garde. Palan qui maintient la corne d'artimon dans une position fixe. [Les tangons] portent à chaque extrémité des armatures semblables aux ferrures des bouts de vergue. L'une de ces armatures est terminée par un anneau, dans lequel passe la garde (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav.,1899, p. 31). − Au plur. ♦ SERR. Pièce placée à l'intérieur d'une serrure, qui s'oppose au mouvement de toute clef étrangère. Changer les gardes [d'une serrure] est une façon qui consiste à [en] modifier l'entrée (...) pour la défendre contre les clefs étrangères (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 3, 1928, p. 112). ♦ VÉN. Ergots de sanglier (cf. Duchartre 1973). Prononc. et Orth. : [gaʀd]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1050 « action de garder avec attention en surveillant ou en protégeant » (Alexis, éd. Chr. Storey, 393); 2. ca 1100 « surveillance, attention » (Roland, éd. J. Bédier, 192); 3. 1671 escr. « position de défense en vue d'éviter un coup » (Molière, Bourgeois gentilhomme, II, 2). B. « Objet qui protège » 1. mil. du xiiies. [ms.] serr. (Chastoiement d'un père, éd. Hilka et Söderhjelm, III, p. 160b); 2. mil. xves. gardes [d'une épée] (G. Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 453); 3. 1743 reliure (Trév.). C. 1. 1384 « ensemble de soldats en armes qui occupent un poste, exercent une surveillance » (Doc. ap. P. Thomas, Textes hist. sur Lille et le nord de la France avant 1789, t. 2, p. 250); 2. 1539 « groupe de personnes qui gardent (un souverain) » (Est.). Prob. de l'a. b. frq. *warda, plutôt que déverbal de garder*, cf. l'a. h. all. warta « action d'observer, de guetter, d'épier; lieu d'où l'on épie », m. h. all. warte « id. », cf. DEAF s.v. garde, col. 151-152. En b. lat., warda est attesté dès le viies. (« service de guet, garde, garnison » ds Nierm.). Bbg. Bräumer (W.). La Loc. n'avoir garde : son orig. et son hist. B. jeunes Rom. 1965, no11/12, pp. 21-29. - Foulet (L.). N'avoir garde. Romania. 1943, t. 67, pp. 331-359. |