| GARAGE, subst. masc. A. − 1. Rare. Action de garer (un véhicule). Il [l'arrêté préfectoral] les autorise [les restaurateurs] (...) à installer des supports pour le garage des bicyclettes (L'Œuvre,12 févr. 1941). − Vieilli. En garage. En stationnement. Voiture en garage. Les monticules de charbon et les wagons en garage posaient leur silhouette devant l'éclat du four éblouissant (Hamp, Champagne,1909, p. 81). 2. Spécialement a) NAV. FLUVIALE. Action de faire rentrer les bateaux dans une gare. Ils comportent le plus souvent des darses ou des bassins spécialisés (...), des installations de stockage (...), des élargissements pour garage et virage (Nav. intér. Fr.,1952, p. 24). b) CH. DE FER. Action de garer les trains. Par suite de la nécessité des garages et des croisements, le temps employé par un train de marchandises pour faire un parcours donné augmente (Bricka, Cours ch. de fer, t. 1, 1894, p. 35).Des faisceaux, disposés en arrière de la ligne des hangars et magasins, pour le garage et le triage des rames (M. Benoist, Pettier, Transp. mar.,1961, p. 192). − Voie de garage. Voie sur laquelle on gare wagons et locomotives. L'autre machine courait dans un tourbillon de fumée et de flammes, appelant l'aiguilleur pour qu'il la dirigeât sur une voie de garage (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 121).Je pestai contre le wagon qui n'était pas éclairé; puis m'avisai qu'il était en panne; les employés, qui le croyaient vide, l'avaient remisé sur une voie de garage (Gide, Si le grain,1924, p. 373). ♦ Au fig. Situation ou fonction sans débouché. C'est un purgatoire pour les éléments turbulents, une voie de garage (Le Nouvel Observateur,2 nov. 1970, p. 37, col. 3).Mettre sur une voie de garage. Mettre de côté. Synon. mettre au rancart, rejeter.Elle [la philosophie] mystifie les victimes du régime bourgeois, tous les hommes qui pourraient s'élever contre lui. Elle les dirige sur des voies de garage où la révolte s'éteindra (Nizan, Chiens garde,1932, p. 161). B. − 1. Bâtiment destiné à abriter des véhicules. Garage à vélos; rentrer au garage; garage souterrain; garage d'avions. Dans ce couvent babylonien, une grande église désaffectée sert de garage. Nous remisons la voiture dans une chapelle des bas-côtés et laissons le puma se promener comme il l'entend à travers les sacristies (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 203). 2. P. ext. Entreprise commerciale s'occupant de la garde, l'entretien et la réparation des véhicules automobiles. Travailler dans un garage. D'abord aucun garage ne lui louerait de voiture : « Pensez-vous, à cette heure? Fallait le dire ce matin! Demain si vous voulez! Mais ce soir, toutes nos voitures sont sorties » (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 235).Mon beau-frère dirigeait un assez grand garage dans le XIIevers le boulevard Diderot (Nizan, Conspir.,1938, p. 220) : Le cabaretier écouta distraitement l'histoire compliquée de la voiture en panne, qu'une camionnette providentielle venait de prendre en remorque jusqu'au prochain garage (...). La patronne (...) expliqua qu'il aurait été plus sage de prévenir par téléphone un des postes automobiles de Dourdan.
Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 978. Prononc. et Orth. : [gaʀa:ʒ]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. 1802 garage « action de faire entrer les bateaux dans une gare d'eau » (Mémorial forestier, réd. Goujon, Titre II, p. 86); 2. 1865 « action de garer les wagons » (Littré); 3. a) 1891 « remise de véhicules » (Le Vélocipède illustré, 28 mai, 2 ds Quem. DDL t. 5); b) 1896 « entreprise » (La France automobile, 1erfév., 6, ibid.). Dér. de garer*; suff. -age*. Fréq. abs. littér. : 158. Bbg. Ball (R.-V.). Nouv. dat. Fr. mod. 1974, t. 42, p. 355. |