| GANTELET, subst. masc. A. − HIST. Gant de cuir ou de peau couvert de lames de fer, de mailles, de clous... qui faisait partie de l'armure (cf. miton). Gantelet de chevalier, de fer, d'acier, de mailles; gantelet à doigts non séparés. Comme ils se débattaient, l'Anglais donna un coup de poing avec son gantelet de fer au sire de Saveuse, et le repoussa brutalement (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24, p. 283).Il s'était de plus emprisonné les mains dans des gantelets de cuir hérissés (...) de clous (Huysmans, En route, t. 1, 1895, p. 194). ♦ P. ext. Une main formidable dont le gantelet de cuir jaune empoignait un sabre (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 4). − Loc., rare. Envoyer son gantelet. Défier au combat. Synon. jeter son gant.Recevoir, ramasser le gantelet. Accepter le défi. Le duc de Bourgogne le défiait à feu et à sang, lui envoyait son gantelet (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 4, 1821-24p. 85). ♦ Au fig. Pendant ce temps, notre voisin d'Allemagne jette son gantelet de fer à la face du monde. Qui le ramasse? Pas nous (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 75).À mesure que les hommes politiques républicains (...) rejoignaient la cause juive et anti-nationale, l'Allemagne déraidissait son visage et assouplissait le gantelet dont elle nous souffletait périodiquement (L. Daudet, Temps Judas,1920, p. 130). − Rare. Ne pas mettre de gantelet. Agir sans ménagement. Synon. ne pas mettre de gants.Faites-le bien cornard, ma cousine, criait Hubert, et sans y mettre le gantelet (Druon, Louve Fr.,1959, p. 238). − FAUCONN. Gant qui protège la main du chasseur au vol. Le faucon ne tardait pas à descendre en déchirant quelque oiseau, et revenait se poser sur le gantelet, les deux ailes frémissantes (Flaub., St-Julien l'Hospitalier,1877, p. 91). B. − P. anal., TECHNOL. Morceau de cuir qui protège la main de certains artisans (bourrelier, relieur, chapelier...). Synon. manicle.L'ouvrière avait une longue blouse grise, un mouchoir rouge sur la tête, des gantelets de cuir aux mains (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 209). Rem. On relève ds la docum. qq. emplois dans lesquels gantelet désigne un gant de femme. Qu'avez-vous fait de vos tresses d'or aplaties sur les tempes, qui vous allaient si bien, de votre long regard, de votre teint vermeil, de vos bracelets et de vos gantelets? (Quinet, Ahasvérus, 1833, 3ejournée, p. 271). Gantelet pécarisé pour Dames, coloris mode (Figaro, 1erfévr. 1952, p. 5, col. 7-8). Prononc. et Orth. : [gɑ
̃tlε]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1260 gantelet « gant couvert de lames de fer, qui faisait partie de l'armure d'un chevalier » (E. Boileau, Métiers, éd. G.-B. Depping, p. 371, 372); b) 1611 plier le gantelet « faire acte de soumission » (Cotgr.); c) 1680 donner le gantelet « appeler au combat, attaquer » (Th. Agrippa d'aubigné,
Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 1, p. 376); d) 1704 prêter le gantelet « accepter le défi » (Trév.); 2. 1680 « morceau de cuir dont les relieurs, les cordonniers, ... se couvrent la main pour travailler » (Rich.). Dér. de gant*; suff. dimin. -(e)let*. Fréq. abs. littér. : 47. |