| GANGRENER, verbe trans. A. − Emploi rare. Causer la gangrène à. Gangrener un membre (Lar. 19e). − Emploi pronom. à valeur passive, plus fréq. Être atteint de gangrène. Cette jambe va se gangrener (Ac.). Si on ne remédie pas à cette plaie elle se gangrènera dans vingt-quatre heures (Ac.1798-1878) : 1. Mais qu'on diffère d'agir (...) : le col de la matrice se resserre sur le bras qu'il contient; celui-ci ne tarde pas à se tuméfier, ainsi que la main qui est dehors, à prendre une couleur brune et livide, à se couvrir de phlyctènes, et à se gangréner...
Baudelocque, Art accouch.,1812, p. XXVI. B. − P. métaph. ou au fig. Entamer l'intégrité de quelqu'un ou de quelque chose. Synon. corrompre, vicier, pervertir : 2. créon. − Il n'y a pas de plus grande plaie que l'anarchie. Elle ruine les villes, brouille les familles, gangrène les militaires. Et si l'anarchiste est une femme, c'est le comble. Il vaudrait mieux céder à un homme.
Cocteau, Antigone,1932, I, p. 23. SYNT. Gangrener l'âme, le cœur, les esprits; gangrener les meilleures choses; gangrener les générations; gangrener l'Église. − Emploi pronom. à valeur passive Celui [un homme riche] qui s'est marié vierge et préservé jusque-là devient, au coin d'une rue, la proie d'une fille ignoble, se gangrène corps et âme (Arnoux, Gentilsh. ceinture,1928, p. 118). Prononc. et Orth. : [gɑ
̃gʀ
əne], (il) gangrène [gɑ
̃gʀ
εn]. Ds Ac. dep. 1694. Grangéner ds Besch. 1845, Lav. Diffic. 1846. Comparer avec gangreneux. La prononc. [gɑ
̃gʀ
εne] se rencontre quelquefois à Paris mais souvent en province (cf. Dupré 1972, p. 1089). Étymol. et Hist. 1680 se cangrener, se grangrener (Rich.). Verbe formé sur l'adj. gangrené* considéré comme part. passé. |