| GANDIN, subst. masc. [Sous le Second Empire] Jeune homme très élégant, raffiné et assez ridicule. Jeune gandin; veston de gandin; mener une vie de gandin. Aujourd'hui, il était un gandin, un dandy, un pilier de cette jeunesse dorée qui paradait aux soirées du gymnase (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 171) :Le gamin a une chaîne de montre, des habits très chers, un chapeau de soie de 22 francs. Et tout le petit homme est dans cette toilette. Rien de l'enfant, ni l'abandon ni la gaîté ni les pensées de jeu; mais déjà des idées de relations, le flair des convenances sociales, l'arrangement de la vie dans tel monde réputé pour bon, l'appétit de tel cercle, d'une voiture ainsi attelée. Le gandin en herbe : voilà l'enfant moderne. Une génération s'élève à l'heure qu'il est, qui ne sera que cela : une génération de gandins.
Goncourt, Journal,1861, p. 897. ♦ Faire le gandin. Afficher une mise et des manières très recherchées. Au lieu de faire le gandin sur la plage de Dieppe, daignez un peu vous occuper de votre serviteur, qui vous embrasse (Flaub., Corresp.,1879, p. 287).Ah! il veut faire le gandin à son âge! Ah! je ne lui suffis pas! Eh! bien, qu'il aille se faire consoler ailleurs! (Feydeau, Dame Maxim's,1914, III, 18, p. 72). − Emploi adj. apposé. Il a dans la physionomie quelque chose de perfide, et une élégance presque gandine s'allie mal à sa tournure de garçon étalier (Id., ibid., 1875, p. 1061) REM. Gandinerie, subst. fém.; gandinisme, subst. masc.a) Manières, allure du gandin. Gandinerie, Gandinisme : Genre du gandin. − ... « Le gandinisme, c'est le ridicule dans la sottise. » − G. Naquet (Larchey, Excentr. lang. fr.,1865, p. 153).Des petits jeunes gens de boutique dévorés de gandinerie, s'amusaient à risquer un quadrille (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 12).b) Monde des gandins. Ah! les vertes vérités qu'elle eût dites la Palatine à notre gandinerie, à notre charlatanerie, à notre anglomanie, à nos sportsmen, à nos amateurs de bric-à-brac, surtout à nos magnétiseurs et à nos spiritistes (L'Illustration,11 avril 1863, p. 227 ds J.R. Klein, v. infra Bbg., p. 45). Prononc. : [gɑ
̃dε
̃]. Étymol. et Hist. 1855 « dandy ridicule » (Delacour et Thiboust, Avait pris femme le sire de Framboisy, p. 2 ds J.R. Klein, Le vocabulaire des mœurs de la « Vie parisienne » sous le Second Empire, p. 41). Mot sans doute d'orig. dial. du Sud-Est, cf. le dauph. gandina « guenipe » (xviies. ds FEW t. 17, p. 503b), v. gourgandine, gandin (terme de mépris) « nigaud, niais » (1710, Charbot, Dict. du Dauphiné), le bret. glandin (1767, Le Laé, Morin, 658 ds Fr. mod. t. 16, p. 293), qui est entré dans le langage parisien au xixes. et mis en rapport avec le nom du boulevard de Gand (l'actuel boulevard des Italiens), lieu de rencontre des élégants de l'époque. Le personnage de R. Gandin de la pièce de Th. Barrière, Les Parisiens de la décadence (1855) a tout au plus contribué à mettre le mot à la mode. Le dauph. gandin est formé du rad. gand- (cf. a. fr. gandir « échapper, se sauver », xiies. ds T.-L.), issu du goth. *wandjan « tourner » (cf. m. néerl. wenden « id. », a. h. all. wantjan « id. ») et du suff. -in*; cf. Bl.-W.5Fréq. abs. littér. : 67. Bbg. Chautard (É.). La vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 418. - Klein (J.R.). Le Vocab. des mœurs de la « Vie Parisienne » sous le Second Empire. Louvain, 1976, pp. 41-45. - Quem. DDL t. 2 (s.v. gandinisme). - Weil (A.). En marge d'un nouv. dict. R. de Philol. fr. 1932, t. 45, p. 22. |