| GALBE, subst. masc. A. − ARCHIT., B.-A. Contour d'une pièce d'architecture, de sculpture, etc., plus ou moins courbe ou renflée. Le galbe d'un balustre, d'un chapiteau (Ac. 1932). La courbure extérieure de ce vase est d'un beau galbe (Ac.). Dans les [petites églises romanes], la galerie fut tracée (...) au sommet de la façade et quelquefois même jusque dans le galbe du pignon (Lenoir, Archit. monast.,1856, p. 59).Nous traversons (...) le salon (...) meublé de tables de bois dur, d'un galbe baroque (Morand, Air indien,1932, p. 191).La pomme de cèdre (...) est fort belle, tournée par un tourneur qui aime le galbe large (La Varende, Normandie en fl.,1951, p. 222) : 1. Jamais statue grecque ou romaine n'offrit un galbe plus élégant; les caractères particuliers de l'idéal égyptien donnaient même à ce beau corps si miraculeusement conservé une sveltesse et une légèreté que n'ont pas les marbres antiques.
Gautier, Rom. momie,1858, p. 186. B. − P. anal. Forme d'une chose (notamment du corps ou d'une partie du corps) considérée sous l'aspect de sa convexité, de sa ligne, de sa grâce. Le galbe d'une figure, d'une épaule, d'un bras, d'un mollet. Cette tête est d'un beau galbe (Ac.). À ses cheveux blonds, au galbe mal ébauché de sa taille, (...) je l'ai prise pour une grasse et blanche étrangère de la Westphalie (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 544).Les jeunes messieurs en gants blancs, empoignés eux aussi par le galbe de Nana, se pâmaient, applaudissaient (Zola, Nana,1880, p. 1108).Cette attitude favorise les seins, leur assure une bonne mise en place et affermit leur galbe (Arnoux, Roi,1956, p. 257) : 2. C'est prodigieux comme Millet a saisi le galbe de la paysanne, de la femme de labeur et de fatigue, penchée sur la terre et ramassant la glèbe! Il a trouvé un dessin rond, qui rend ce corps-paquet, où il n'y a plus rien des lignes de chair provocantes de la femme...
Goncourt, Journal,1862, p 1130. − Vx. [Avec un compl. adj. ou subst. spécifiant la manière] Aspect extérieur (de quelqu'un, de quelque chose). Un galbe d'aristocrate. Charles IX haïssait les chats antipathiquement : alors, courtisans, valets, pas jusqu'au plus mince bourgeois qui, pour se donner un air royal, une pente, un galbe de cour, ne se trouvât mal à l'aspect d'un matou (Borel, Champavert,1833, p. 169).À quoi cela tient-il camarades? À quatre ou cinq brimborions qui donnent à l'homme l'air troupier, (...) le galbe militaire et l'œil à cinq pas devant lui! (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 177).Il est d'un galbe inquiétant! dit Maxime en admirant la tenue du sieur Denisart. En effet, cet ancien militaire se tenait droit comme un clocher (Balzac, Homme d'affaires,1845, p. 415). − Au fig., fam., vieilli. Avoir du galbe. Avoir du chic. Bonne histoire, Madame la Directrice de la poste t'appelant Loïsa. Il y manque un y, et un k au Colet! Ainsi écrit, « Loysa Kolet », ça ne manquerait pas de galbe (Flaub., Corresp.,1853, p. 340).Oh! ces artistes, mon cher, je les exècre (...). Ils cherchent si vous avez un type, du galbe, du caractère (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 272). REM. Galbeux,-euse, adj. pop.,vieilli. Élégant, raffiné, à la dernière mode. Façon galbeuse. Synon. chic.Quelques gentilshommes très galbeux, des barons, des vicomtes, qui lui montraient une certaine amitié, sachant qu'il possédait, de temps à autre, des tuyaux épatants (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 332).La lettre de M. de Viart est épatante.− Ce voyage! Serait-ce assez galbeux! Et cela se fera (Desaymard, Chabrier,1934, p. 59). Prononc. et Orth. : [galb̥]. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1551 de garbe « de bonne grâce » (Fr. Habert, trad. d'Horace, Satyres, II, 3, Paraphrase ds Hug.); 1578 galbe « grâce » (H. Estienne, Deux dialogues du nouveau langage françois italianizé, éd. P. Ristelhuber, t. 1, p. 38); 2. 1676 galbe « contour plus ou moins courbe d'une œuvre d'art » ici, archit. (Félibien). Empr. à l'ital.garbo (attesté dep. av. 1529, Castiglione, au sens de « forme, manière dont une chose est faite »; sens 1 dep. av. 1537, Biringuccio; sens 2 dep. av. 1574, Vasari ds Batt.), prob. déverbal de garbare « plaire, être au goût de » (dep. xves., Pulci, ibid.), issu d'un got. *garwon (v. gabarit); v. Bl.-W.5et FEW t. 16, p. 23. Fréq. abs. littér. : 63. Bbg. Gall. 1955, p. 184. - Hope 1971, p. 198. - Klein (J.-R.). Le Vocab. des mœurs de la Vie Parisienne sous le Second Empire. Louvain, 1976, pp. 166-167. - Mat. Louis-Philippe 1951, p. 71, 238. - Pauli 1921, p. 26 (s.v. galbeux). |