| GAGNER, verbe I. − Acquérir (quelque chose). A. − [Le suj. désigne une pers.] Acquérir (un profit matériel, particulièrement de l'argent). 1. [Par son travail ou une quelconque activité] a) Emploi trans. Gagner de l'argent, une fortune, un salaire; gagner x... francs par an à la Bourse; gagner tant par mois, par jour, par (de l') heure. Mon père gagne deux cent mille francs par an dans les soieries (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 162) : 1. ... je suis si dégoûté de tout cela, que je ne veux plus imprimer, quelque besoin que j'aie d'argent. Ce que je peux gagner avec ma plume étant une dérision...
Flaub., Corresp.,1872, p. 39. − P. ell. Gagner à la Bourse. Nous ne savons pas mettre de côté le pain de notre vieillesse, gagner à la Bourse et remplir des tirelires (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 170). − Locutions ♦ Gagner des mille et des cents. Gagner beaucoup d'argent. Peste! maître Léon est généreux! On voit bien que le gaillard gagne des mille et des cents (Augier, Lionnes,1858, p. 53). ♦ Gagner de quoi vivre. On lui offrait des places de débutant et où il pouvait gagner de quoi vivre (Cocteau, Par. terr.,1938, 1, 2, p. 198). − [P. méton. de l'objet] ♦ Gagner son pain; fam. gagner sa croûte, son bifteck; gagner sa vie (honorablement, largement); gagner sa vie à faire (en faisant) qqc. Quand j'avais passé cinq minutes avec une glaneuse, comme je ne me gênais pas pour prendre à deux mains dans nos gerbes, elle avait gagné sa journée (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 31).Elle gagnait bien sa vie et n'était pas à la charge de son amant (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 68) : 2. Nous sommes pauvres, je suis une fille sans dot, et il faudra que je gagne mon pain. Gouvernante ou sous-maîtresse, voilà mon lot...
Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 51. ♦ Bien gagner une chose. Mériter ce qu'elle rapporte. Bien gagner son déplacement, sa soirée. Le roi (...) remet l'écrit à un officier, en lui disant : « Que le chevalier soit libre (...) ». Et je suis sorti en me disant : « Antoine, (...) je crois que tu as bien gagné ta journée » (Dumas père, L. Bernard,1843, V, 11, p. 292). ♦ [Bien est sous-entendu] Il me semble que je ne gagne pas mon traitement... Il me semble que je prends des vacances (Gracq, Syrtes,1951, p. 63). b) Emploi abs. Une petite somme n'auroit rien gâté; cela m'auroit donné les moyens d'augmenter mon commerce, dans lequel il y a à gagner (Fiévée, Dot Suzette,1798, p. 67). − Un manque* à gagner. − Gagner + adv.Gagner bien, gros; gagner davantage (plus, moins) que. Il grondait bien contre les patrons, les traitait de sale clique, se disant socialiste (...) et pourtant, il avait de l'estime pour Darras, qui gagnait gros (Zola, Vérité,1902, p. 65). c) Emploi pronom. à valeur passive : 3. Cette bâfrerie continuelle ne lui paraît pas très éloignée de ce qu'il détestait le plus chez les bourgeois d'avant-guerre. Et même, comme il est juste, il lui arrive de penser qu'elle est un peu plus répugnante par la coïncidence qu'elle offre avec certains événements, et par la façon dont se gagne l'argent qui la procure.
Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 246. 2. [Par le jeu, un hasard favorable] a) Emploi trans. Gagner de l'argent à un jeu, aux courses, à la roulette; gagner un lot (le gros lot); gagner x... francs à la loterie. Il relevait sa manche pour lancer la boule (...). Il gagnait généralement les consommations au bar (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 212). − [P. méton, le suj. désigne l'instrument qui permet le gain] Le billet qui gagne le gros lot. Si la série gagne le gros lot, on se retrouvera ici, à midi, le lendemain du tirage! (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 51). b) P. ell. Gagner à la roulette. Ce n'est pas plus étrange qu'une série à la roulette, que de gagner à la loterie (Cocteau, Par. terr.,1938, I, 8, p. 218). B. − Acquérir (un avantage en général). 1. [La nature de l'avantage est exprimée par le compl.] a) Acquérir (un avantage en quantité).
α) Emploi trans. [Le suj. désigne une pers.] Gagner de l'appétit; enfant qui gagne x... centimètres; gagner des voix aux élections. Il lui attribuait aussi le mérite des deux kilos qu'il avait gagnés depuis le mariage de son fils (Mauriac, Baiser Lépreux,1922, p. 173).En Afrique du Nord la France combattante et, par elle, la France tout court ont, depuis, gagné des points (De gaulle, Mém. guerre,1956, p. 103) : 4. Pendant toute la période électorale, il [Disraëli] écrivit chaque jour à Lady Bradford. Bientôt, il put lui annoncer que son parti avait gagné dix sièges, puis vingt, puis quarante, puis que la déroute de Gladstone était complète.
Maurois, Disraëli,1927, p. 260. ♦ Gagner de la place, de l'espace. Faire une économie de place, d'espace. Sur les autres feuilles, on avait disposé le texte en deux colonnes pour gagner de la place (Sartre, Nausée,1938, p. 185). ♦ Gagner du temps : Économiser du temps, réaliser quelque chose en moins de temps. J'aurais besoin d'une bicyclette... Ça me ferait gagner du temps... Je pourrais circuler même pendant les alertes... (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 186).Temporiser, différer une échéance. Le temps presse, et pourtant il semble qu'on veuille gagner du temps en parlant de sujets absolument étrangers à celui qui nous préoccupe (Proust, Guermantes 2,1921, p. 354).
β) Emploi trans. indir. [Le suj. désigne un animé ou un inanimé concr.] ♦ Gagner de + subst. (vx).Nous vendrons notre ferme! elle a depuis sept ans gagné de valeur (Balzac, Employés,1837, p. 258). ♦ Gagner en + subst.Peu à peu, l'effort de la végétation qui s'était porté sur la racine s'attache à la tige. Celle-ci monte, émet son bourgeon terminal pour gagner en hauteur, ses bourgeons axillaires pour gagner en largeur (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 16) : 5. Si je passe la nuit à corriger les épreuves, je ne puis travailler le matin, et ce que vous gagnez en rapidité du côté de l'impression, vous le perdez du côté du manuscrit.
Hugo, Corresp.,1862, p. 373. b) Domaine des valeurs humaines
α) Acquérir (un avantage non matériel). − Emploi trans. [Le suj. désigne une pers.] Gagner de la gloire, de belles manières, de la notoriété. Malgré l'assurance qu'il avait gagnée dans son existence parisienne (...) Duroy se sentait un peu intimidé (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 121).Nous y avons perdu quelques recettes, mais gagné notre tranquillité. Et la tranquillité ne se paye jamais assez cher (Camus, Malentendu,1944, I, 5, p. 133). ♦ Spéc. Acquérir (quelque chose) par son mérite. Domaine social.Gagner ses galons sur le champ de bataille. Il est tout à fait inadmissible qu'un vaillant soldat... un officier intrépide qui a gagné tous ses grades sur les champs de bataille, s'amuse à lancer des pierres et de vieux chapeaux dans votre propriété, comme un gamin (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 214).Ce n'est pas avec quatre cents hommes qu'on fait la grande guerre, et par conséquent qu'on gagne un avancement mérité (Mille, Barnavaux,1908, p. 137).Domaine religieux.Gagner des indulgences, l'intercession de la Vierge, son salut. Les chrétiens d'Abyssinie voyaient dans la peste un moyen efficace, d'origine divine, de gagner l'éternité (Camus, Peste,1947, p. 1297) : 6. ... il faut appeler grâce, mais vraie grâce et surnaturelle, tous les secours que Dieu donne à l'homme, chrétien ou non, pour l'aider à faire le bien, à gagner le ciel.
Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 434. − Emploi trans. indir. ♦ Gagner de + inf.Gagner d'être tranquille, respecté. Il ne protesta pas contre cet oubli. Il allait y gagner de pouvoir confronter ce qu'elle lui dirait avec ce qu'elle lui avait déjà dit (A. Daudet, Jack, t. 2, 1876, p. 168) : 7. ... ce n'est que pour les tièdes que les grands artistes perdent parfois à être vus de près; mais cette épreuve ne saurait les entamer aux yeux de celui qui est véritablement épris. Et ils y gagnent d'être mieux connus sans être moins aimés.
Lemaitre, Contemp.,1885, p. 195. ♦ Gagner en + subst.[Le suj. désigne une pers.] Personne qui gagne en aisance, en rigueur. Elle lui semblait s'être développée, avoir gagné en beauté et en force (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1051).[Le suj. désigne un inanimé abstr.] Style qui gagne en concision. La littérature disent-ils [les critiques allemands], dans les siècles appelés classiques, perd en originalité ce qu'elle gagne en correction (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 346) : 8. ... ce que je lisais de conforme à mes préoccupations se gravait dans ma mémoire et faisait gagner en précision les formes de mon univers.
Gobineau, Pléiades,1874, p. 32.
β) Obtenir (les dispositions favorables d'une personne ou d'un groupe de personnes). Synon. s'attirer, se concilier.Gagner l'amitié, l'estime, la sympathie de qqn; gagner les cœurs, les esprits. Il revient chez son père; et ne pouvant en être reconnu, il veut d'abord lui cacher son nom, pour gagner son affection avant de se dire son fils (Staël, Allemagne, t. 3, 1810p. 156).Il était d'abord très nécessaire de gagner la confiance de Mama Doloré. Et pour cela, il fallait qu'il devînt l'ami et le protecteur de son neveu (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 71) : 9. Une minorité qui laissera aux autres partis la responsabilité des mesures impopulaires et qui gagnera la popularité en faisant de l'opposition à l'intérieur du gouvernement.
Sartre, Mains sales,1948, 5etabl., 3, p. 205. ♦ Emploi pronom. réfl. Un jeune homme plus souple, plus habile, plus préoccupé de se gagner la bonne opinion de son milieu social, aurait sans doute pu réagir, et montrer, ou suggérer, combien le portrait qu'on avait fait de lui était peu ressemblant (Larbaud, Journal,1935, p. 359). − P. ext. Se concilier (la personne elle-même). Gagner des fidèles, de nouveaux partisans. Mmede Luxembourg les gagne, les séduit tous, comme elle a fait avec Rousseau, met à l'aise un chacun (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 4, 1862, p. 18).Pour gagner son enfant, il crut politique de trahir verbalement Esther. Armand mesura cette lâcheté : le docteur, au premier coup de dés, avait perdu le cœur qui se jouait. Son fils le méprisa définitivement (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 243). ♦ Gagner qqn à qqn.Barrès ignorait les mesquineries de la brigue, la haineuse compétition. Ce qui le gagnait à moi et aux miens, c'était sa grandeur d'âme (Blanche, Modèles,1928, p. 5). ♦ Gagner qqn à qqc.Gagner qqn à sa cause, à ses idées. Avec quelle gentillesse elle arrive à ses fins, et quelles bonnes raisons trouve cette petite tête pour gagner à ses vues les autorités (Amiel, Journal,1866, p. 267) : 10. ... il y avait, sous ce projet, l'idée d'exploiter la grève, de gagner à l'Internationale les mineurs, qui, jusque-là, s'étaient montrés méfiants.
Zola, Germinal,1885, p. 1329. ♦ Gagner qqn par.Gagner qqn par la ruse, par de beaux discours; se laisser gagner par les prières de qqn. Le jeune enfant, gagné par les caresses de Vénus, et séduit par les promesses qu'elle lui fait, laisse son jeu (Dupuis, Orig. cultes,1796, p. 263).Elle espérait seulement les gagner par la douceur, la patience, comme on apprivoise un animal farouche et blessé (Bernanos, Joie,1929, p. 603). ♦ Emploi pronom. réfl. indir. Ces groupes se gagnent des disciples que satisfont leurs petits décalogues au rabais (J.-R. Bloch, Destin S.,1931, p. 243). ♦ Péj. Obtenir par des moyens malhonnêtes la complicité de quelqu'un. Synon. circonvenir, suborner.Personne qui se laisse gagner par des promesses fallacieuses. Je gagnai l'homme qui me servait; je lui prodiguai l'or et les promesses (Constant, Adolphe,1816, p. 55). c) Iron. Acquérir, éprouver (quelque chose de fâcheux). Synon. attraper.Vous passerez pour un sot, c'est tout ce que vous aurez gagné (Rob.).J'ai gagné à la bataille du 29 janvier, livrée entre l'autorité législative et la prérogative présidentielle, trois ans de prison (Proudhon, Confess. révol.,1849, p. 288).L'hiver a été le plus rude qu'on ait vu depuis quarante ans. J'y ai gagné la sciatique (Hugo, Corresp.,1870, p. 240). ♦ Ne gagner que + subst.Il n'y a que les femmes riches qui puissent faire l'orgie. Les petites joueuses de flûte n'y gagnent que des larmes (Louÿs, Aphrodite,1896, p. 191). ♦ Emploi pronom. à valeur passive. Mais il paraît que ça se gagne [la maladie] et je ne veux plus que vous m'approchiez (Verlaine,
Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 145). 2. [L'avantage est indéterminé] a) Obtenir (ce que l'on désire). L'avarice qui perd tout en voulant tout gagner (Blondel, Action,1893, p. 280).Quelques minutes encore elle répandit des paroles ardentes et mouillées de larmes. Puis il fallut bien qu'elle s'en allât; elle n'avait rien gagné (A. France, Lys rouge,1894, p. 383). − Locutions ♦ Avoir tout à gagner. Pouvoir obtenir le plus grand avantage. Ma conclusion c'était que les Allemands pouvaient arriver ici, (...) et que moi, je n'avais cependant vraiment rien à perdre, rien, et tout à gagner (Céline, Voyage,1932, p. 67).Avoir tout à gagner à + subst.Ainsi des Lettres : si l'originalité n'y doit être que la révélation d'une personne, elle a tout à gagner à l'adoption de sujets, et d'idées admises (Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 163).Avoir tout à gagner à + inf.Des toiles de Fantin-Latour et de Dagnan-Bouveret, qui dataient de ce temps où les peintres avaient tout à gagner à adopter de doubles noms qui leur conféraient une noblesse roturière (Nizan, Conspir.,1938, p. 17). ♦ Gagner sur tous les tableaux*. b) Avoir avantage, intérêt à. − Gagner à + subst. compl. de cause ♦ [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] La noblesse ne gagna pas à cette addition de nobles roturiers (Michelet, Tabl. Fr.,1833, p. 71).Quoiqu'on ne doive rien gagner à la victoire, on supporte de mourir pour une cause qui sera victorieuse, non pour une cause qui sera vaincue (Weill, Judaïsme,1931, p. 26). ♦ Locutions Ne pouvoir que gagner à (qqc.). Dans le commencement les malheureux ont besoin de se presser les uns contre les autres, ils ne s'entr'aident que mieux, et la population ne peut qu'y gagner (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 262).Gagner au change*. − Gagner à + inf. ♦ [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Il était clair que je ne pouvais que beaucoup gagner à vivre dans un pareil milieu (Gobineau, Pléiades,1874, p. 54).Il gagne du tout au tout à être connu (Maupass., Bel-Ami,1885, p. 231). ♦ [Le suj. désigne un inanimé concr. ou abstr.] Tableau qui gagne à être mis en valeur; livre qui gagne à être relu. L'âge semble ajouter aux charmes de son esprit et de son imagination. En serait-il des grands talens comme des bons vins, qui gagnent à vieillir? (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 130).La psychologie des profondeurs ne gagne rien à se complaire dans la nuit (Mounier, Traité caract.,1946, p. 51). − Gagner à ce que.On parle toujours comme si l'un gagnait à ce que les autres perdent (Constant, Princ. pol.,1815, p. 44). c) [Le suj. désigne une pers. ou ce qui lui appartient en propre] S'améliorer. Bien gagner. On trouvait et on se répétait avec sensibilité dans l'arrondissement qu'il avait l'air moins mélancolique qu'autrefois, que sa physionomie avait beaucoup gagné (Feuillet, Camors,1867, p. 194).C'est extraordinaire à quel point ses idées sont devenues saines et comme maintenant il frappe juste. Oh! il a beaucoup gagné (A. France, Lys rouge,1894, p. 78). II. − [Le suj. désigne une pers., un animal ou un moyen de transp.] Prendre l'avantage dans une compétition, une lutte, un jeu. A. − [Le compl. désigne l'avantage obtenu] Gagner une coupe, une prime, un titre. [Il] gagna le premier prix, une cafetière en fer battu (Zola, Germinal,1885, p. 1266) : 11. Les deux joueurs tiennent chacun une baguette, de la grosseur d'une canne ordinaire, et de cinq pieds de long; ils cherchent à faire passer cette baguette dans le cercle pendant qu'il est en mouvement : s'ils y réussissent, ils gagnent deux points...
Voy. La Pérouse,t. 2, 1797, p. 273. − Gagner qqc. à qqn ♦ Prendre sur lui l'avantage en quelque chose. Mercure joua aux échecs avec la Lune, et lui gagna la soixante-douzième partie du jour (Hugo, Han d'Isl.,1823, p. 519). ♦ Lui valoir un avantage. Les fameuses demi-brigades de la République sont celles qui nous ont gagné tant de bonnes provinces, que les régiments de l'Empire ont malheureusement perdues (Erckm.-chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 102). B. − [Le compl. désigne la compétition ou la lutte elle-même] Synon. de être vainqueur de. 1. Domaine de la compétition sportive ou des jeux a) Emploi trans. Gagner un championnat, un concours, une épreuve, un match, un tournoi; équipe qui gagne la Coupe de France; boxeur qui gagne un combat; cheval qui gagne le Grand Prix; gagner la 1remanche, la belle, la revanche. − Clotilde, ramassant les cartes : Je fais la dernière levée. − Aïescha : Hombre! Vous gagnez la partie (H.-R. Lenormand, Simoun,1921, 9etabl., p. 85).Stern, jockey français, gagnait le derby d'Epsom avec Sunstar (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 87). ♦ Gagner un pari. Je pariai avec moi-même qu'il devait être foncièrement méchant. Je fis prendre des renseignements, et mon instinct eut le plaisir de gagner ce pari psychologique (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 329). − Loc. (au propre et au fig.) ♦ Avoir course, partie gagnée. Pouvoir être considéré comme vainqueur avant la fin d'une compétition. ♦ Au fig. Gagner la partie. Sortir vainqueur d'une situation difficile : 12. ... les Alliés acceptaient l'idée de confier à l'Angleterre le mandat palestinien. La France était décidément écartée des Lieux-Saints. Les Anglais avaient gagné cette partie difficile. Les Juifs pouvaient s'imaginer qu'ils l'avaient gagnée, eux aussi.
Tharaud, An prochain,1924, p. 117. ♦ Gagner une partie à qqn. Gagner en jouant contre quelqu'un. − Du Halga, je perds toujours, disait le gentilhomme. − Vous écartez mal, répondait la baronne de Rouville. − Voilà trois mois que je n'ai pu vous gagner une seule partie, reprit-il (Balzac, Bourse,1832, p. 412). b) Emploi abs. Gagner en trichant, en bluffant; gagner avec x... points d'avance. Et zut! Quest-ce que ça nous fiche! clama La Faloise en agitant les bras. C'est Spirit qui va gagner... Enfoncée la France! Bravo l'Angleterre! (Zola, Nana,1880, p. 1398). − Loc. Jouer à qui perd gagne. ,,Jouer à un jeu où l'on convient que celui qui perdra selon les règles ordinaires gagnera la partie`` (Ac.1932). ♦ Au fig. : 13. Je me demande parfois si je ne joue pas à qui perd gagne et ne m'applique à piétiner mes espoirs d'autrefois pour que tout me soit rendu au centuple.
Sartre, Mots,1964, p. 212. − Fam. Gagner les doigts dans le nez*. − Gagner de (+ indication de distance).Concurrent qui gagne d'une longueur, d'une tête. ♦ Au fig. Ici, cette phrase : « Moi, oh! je ne vote pas ». Là, cette autre : « Mais on dit qu'il a gagné de vingt longueurs... » (Goncourt, Journal,1881, p. 125). − BOXE. Gagner aux points (après décompte des points attribués à chaque adversaire); gagner par knock-out, par arrêt de l'arbitre. ♦ Au fig. Et, si j'entraîne mes frères avec moi, dans ce match où ni l'un ni l'autre n'avons pu gagner par knock-out, j'aurai tout de même gagné aux points (H. Bazin, Vipère,1948, p. 262). 2. Domaine judiciaire.Obtenir (un jugement favorable). Anton. perdre.Gagner une cause, un procès; avoir cause gagnée. Hier encore, vous avez plaidé pour Mademoiselle de Miremont, qui tient à la nouvelle noblesse, la noblesse de l'Empire, et vous avez gagné un procès contre une des plus anciennes familles de France! (Scribe, Camaraderie,1837, I, 6, p. 254) : 14. M. Dudoux vint demander à Maître Henri Robert, en 1913, de lui enseigner l'éloquence. Il fut entendu que les cours seraient à forfait : le prix était de dix mille francs, que l'élève paierait s'il gagnait sa première cause.
Paulhan, Fleurs Tarbes,1941, p. 213. − Au fig. Il y a des moments où je me venge de l'amour, où il me révolte. Il y en a d'autres où l'amour me remue de fond en comble et gagne sa cause (Cocteau, Par. terr.,1938, II, 12, p. 266). − Emploi pronom. à valeur passive. Tout procès peut se perdre ou se gagner, et il n'y a pas plus à parier pour que contre (Chamfort, Max. et pens.,1794, p. 26). 3. Domaine militaire.Gagner la/une bataille. En cette fin d'année de 1914, les Allemands, dont le plan reposait sur une mise hors de cause foudroyante des armées fançaises, venaient de perdre tout espoir de gagner la guerre (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 481). − Emploi pronom. à valeur passive. Un général charme les multitudes parce qu'elles pensent que les batailles se gagnent à coups de sabre (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 217). Rem. Gagner des victoires (vieilli, rare). Cet ignorant splendide qui (...) se ruait sur l'Europe coalisée, et gagnait absurdement des victoires dans l'impossible? (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 418). Synon. usuel remporter une victoire. − Loc. fig. Avoir ville gagnée. Le Boussagnol en était donc à se frotter les mains de satisfaction, en jugeant qu'il avait ville gagnée (Fabre, Courbezon,1862, p. 20). − P. anal. Foch, Poincaré, Clemenceau, Barrès ont gagné la guerre. Ils vont gagner la paix. Ils vont nous gagner l'Europe (Thibaudet, Princes lorr.,1924, p. 197). 4. Au fig., vx. Gagner (qqc.) sur soi. Obtenir quelque chose en triomphant sur soi-même. J'avais gagné beaucoup sur mon propre caractère, (...) et je me figurais que tout le monde pouvait s'éclairer, se corriger (Sand, Corresp.,1871, p. 162). C. − [Le compl. désigne l'adversaire sur lequel on prend l'avantage] 1. Gagner qqn à une partie de cartes, en longueur, au saut. Synon. de battre, vaincre.On lisait, sans plus d'indication de dates ni de lieux : Pour avoir gagné Protos aux échecs − I punta (Gide, Caves,1914, p. 717). 2. Gagner qqn ou qqc. de vitesse. Aller plus vite que quelqu'un ou quelque chose. Synon. dépasser, devancer.Ce nuage qui montait, il fallait le gagner de vitesse (Mauriac, Mal Aimés,1945, II, 9, p. 213).V. amour-propre ex. 82. − Au fig. Gagner qqn de vitesse. Accomplir une démarche avant lui : 15. À Paris, le régime du bavardage a tous les moyens d'entraver et d'annihiler l'activité. Le cabinet dut se laisser gagner de vitesse. L'opposition antimilitaire se sentait aussi bien approvisionnée et armée que le gouvernement était démuni par l'égoïsme et la fatuité des individus.
Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. LXXV. − P. ell. La marée, la nuit, l'orage, la tempête nous gagne. Il nous gagne. Il est sur le point de nous dépasser. Le temps nous gagne. Il dépasse le rythme de notre activité. D'abord la Baleine garda l'avantage; mais, lorsque le Zéphir eut pris son élan, on le vit qui la gagnait peu à peu (Zola, Cap. Burle,1883, p. 261) : 16. Il s'élança à la poursuite. Il entendit danser derrière lui les quatre sabots du cerf puis la foulée de la bête qui le gagnait, puis le petit galop facile à côté de lui. Le cerf avait rejeté la tête en arrière, retroussé ses babines; il riait et le vent sifflait entre ses dents vertes.
Giono, Que ma joie demeure,1935, p. 133. ♦ Loc. Gagner à force sur. C'était une journée où il aurait fallu partir plus tôt, marcher, grimper vite, et, le sommet atteint, redescendre rapidement, gagner à force sur la menace du gros temps (Peyré, Matterhorn,1939, p. 221). − Spéc. ÉQUIT. [Le suj. désigne un cheval] Précipiter l'allure à laquelle le cavalier voudrait maintenir le cheval. Au fig. Marius n'exagérait pas, et au contraire. Presque aussitôt attelée, si on peut dire, Jacqueline lui avait gagné à la main : et de moins en moins, elle sentait le mors (Toulet, Demois. La Mortagne,1920, p. 91). 3. Gagner du terrain (ou un autre espace) (sur qqn ou qqc.). Avancer, progresser (au cours d'une compétition, d'une lutte) au détriment de quelqu'un ou quelque chose. a) [Le suj. désigne une pers. ou p. méton. le moyen utilisé pour progresser] Le peloton gagne du terrain sur le coureur de tête. Dans la cour intérieure d'une caserne de Verdun, autour du vaste lavoir, c'est une ruée de chasseurs bleu sombre et de biffins bleu clair (...) et qui semblent prêts à en venir aux mains pour gagner un rang et se rapprocher de la belle eau courante (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 90).Le combat se poursuivait sans que l'ennemi réussît à gagner du terrain (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 417). − P. ell. Gagner sur qqn ou sur qqc.Gagner sur la propriété de son voisin. Une grosse frégate anglaise (...) prit chasse sur nous (...). Nous fîmes force de voiles pour lui échapper, mais sa marche était supérieure; elle gagnait sur nous à chaque instant (Mérimée, Mosaïque,1833, p. 136). − Au passif. Nos prairies de la ville qui ont été gagnées sur la mer (Loti, Rom. enf.,1890, p. 146). b) P. ext. [Le suj. désigne un élément naturel ou un phénomène accidentel] Incendie, inondation qui gagne du terrain; mer qui gagne du terrain sur la côte; terres cultivées qui gagnent du terrain sur la forêt : 17. ... à la faveur des changements économiques qui suivirent la conquête romaine, (...) le blé, la vigne et d'autres cultures du sud acquirent une expansion nouvelle qui les porta jusqu'à leurs extrêmes limites au nord. Le christianisme, à son tour, contribua à les reculer; la vigne gagna encore vers le nord du terrain qu'elle n'a pu conserver.
Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 142. c) Au fig. Doctrine, hérésie, idée qui gagne du terrain. Le bruit se répand (...) que je suis le fils de l'escamoteur (...). Cette version gagne du terrain, heureusement on me connaît (...) ces bruits tombent d'eux-mêmes (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 48) : 18. Le catholicisme a repris, au cours du xixesiècle, une vigueur extraordinaire, parce qu'il n'a rien voulu abandonner; il a renforcé même ses mystères, et, chose curieuse, il gagne du terrain dans les milieux cultivés, qui se moquent du rationalisme jadis à la mode dans l'Université.
Sorel, Réflex. violence,1908, p. 209. III. − Se diriger vers. A. − [Le suj. désigne un animé ou un objet en mouvement; le compl. désigne le lieu vers lequel se dirige le suj.] Atteindre (un lieu) en parcourant la distance qui sépare de ce lieu. 1. Emploi trans. Personne qui gagne la campagne, la frontière, la lisière de la forêt, la rive, la pièce voisine, la sortie; navire qui gagne le large. Dans la tribune du président, une femme se levait, quittait sa banquette, gagnait la porte (Vogüé, Morts,1899, p. 370).L'air sombre et abattu, Carlos gagne un siège au premier plan et s'y laisse tomber sans répondre (Bourdet, Sexe faible,1931, III, p. 469).Un premier lièvre, classiquement jailli du talus, déboula, cherchant à gagner l'abri d'une rangée de choux (H. Bazin, Vipère,1948, p. 65). 2. Emploi abs., vx. Gagner au large, au pied. S'enfuir. Lorsque le Tyran et Scapin, au bruit du pistolet, étaient descendus malgré lui, il avait piqué des deux et, franchissant le fossé, gagné au large pour rejoindre ses complices (Gautier, Fracasse,1863, p. 369).Heureusement le valet de Khlestakof est un garçon prudent qui détermine son maître à gagner au pied avant que la vérité se découvre (Mérimée, Ét. litt. russe, t. 2, 1870, p. 45). B. − Atteindre progressivement. 1. [Le suj. désigne un phénomène physique naturel ou accidentel] a) [Le compl. désigne un animé ou un groupe d'animés, le lieu où ils vivent ou bien une partie du corps] Épidémie qui gagne tout un pensionnat; cancer, gangrène qui gagne tout un organe. La même grimace contractait sa bouche et semblait gagner le visage entier, dont l'expression devint peu à peu effrayante (Bernanos, Crime,1935, p. 865). b) [Le compl. désigne un inanimé concr.] Inondation qui gagne les quartiers les plus éloignés du fleuve. On a vu des paralitiques marcher à l'approche du feu d'un incendie qui gagnait leur habitation (Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1568).Je regarde le soir qui gagne les platanes (Noailles, Éblouiss.,1907, p. 151). − Emploi abs. Synon. se propager, se répandre.Les gens sortaient de leur maison à mesure que le feu gagnait (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 121).Cependant, la lumière gagnait, et lorsque Jos-Mari et Kate, un peu plus haut, eurent atteint la ruine de l'Alte Hütte (...) Jos-Mari put souffler sa lanterne (Peyré, Matterhorn,1939, p. 218). 2. Au fig. [Le suj. désigne un phénomène intellectuel, moral ou soc.] Synon. se communiquer à.Grève qui gagne tous les ateliers d'une usine; instruction qui gagne tous les milieux. L'erreur s'insinue, elle menace de gagner les couches profondes où se forme la vraie prière (Bremond, Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 301).Il fallait, coûte que coûte, réprimer impitoyablement l'insurrection des troupes avant qu'elle ne gagne toute l'armée! Question de vie ou de mort pour le pays (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 811). − Emploi abs. Le génie se développe, l'exemple gagne (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 68).La notion des droits de l'homme, les idées d'améliorations sociales gagnaient de toutes parts (Renan, Apôtres,1866, p. 366).Une clameur profonde s'échappait des poitrines, gagnait de proche en proche, avec un bruit de mer qui déferle (Zola, Nana,1880, p. 1403). C. − S'emparer de quelqu'un avec de plus en plus d'intensité. 1. [Le suj. désigne une sensation physique] Faim, fatigue, froid, sommeil qui gagne qqn. Une tiédeur douce (...) gagna ses jambes, pénétra sa chair; c'était la chaleur du petit être qui dormait (Maupass., Une vie,1883, p. 264) : 19. Calmelet et son compagnon, dont la tête était lourde et que l'engourdissement gagnait, s'étaient liés aux branches avec des courroies, pour éviter une chute au cas où l'assoupissement les eût pris.
Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 245. 2. [Le suj. désigne un sentiment ou sa manifestation] Agitation, colère, émotion, peur, pitié, rire, tristesse qui gagne qqn. À mesure que le récit de cet homme prouvait à Julien que la blessure de Mmede Rênal n'était pas mortelle, il se sentait gagné par les larmes (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 455) : 20. L'animal couché et paisible entend un bruit insolite, c'est l'événement. Il dresse l'oreille, puis le cou; l'inquiétude le gagne; la puissance de transformation s'étend à l'étendue de son corps, le dresse sur ses pattes; son oreille l'oriente et il fuit.
Valéry, Variété III,1936, p. 212. REM. Gagnable, adj.[Correspond à gagner II B] Qui peut être gagné. − Mon procès est-il gagnable? − Sur tous les chefs, répondit Derville (Balzac, Chabert,1832, p. 75). Prononc. et Orth. : [gɑ
ɳe] et [gaɳe], (il) gagne [gɑ:ɳ] et [gaɳ]. Timbre [ɑ] confirmé ds Fouché Prononc. 1959, p. 58, Grammont Prononc. 1958, p. 30, Ds Ac. 1694. Fér. Crit. t. 2, 1787, écrit gâgner. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1135 gaaignier [ici intrans.] « s'assurer (un profit matériel) par un travail, par une activité » (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 1248); b) ca 1135 [ici trans.] « s'emparer de, conquérir par la force » (ibid., 1146); c) 1remoitié du xiiies. « s'assurer (un profit matériel) par le jeu, par un hasard favorable » (De S. Piere et du jougleur, 140 ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 5, p. 69); 2. 1269-78 gaaignier un ami (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 12396); 3. a) ca 1525 gaigner pays « avancer, faire du chemin » ([J. de Mailles], Hist. de Bayart, ch. 35 ds Hug.); b) 1646 gagner du terrain (N. Perrot d'Ablancourt, trad. d'Arrian, Les Guerres d'Alexandre, p. 37). B. 1. Ca 1135 « être vainqueur dans (une bataille, etc.) » (Couronnement Louis, réd. AB, 1170); 2. ca 1223 gaaignier le giu « l'emporter au jeu » (G. de Coinci, Miracles de Notre-Dame, éd. V.F. Kœnig, I Mir. 10, 1510); 3. 1283 gaaigner sa querele « l'emporter dans un procès » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1153). C. 1. a) Ca 1256 « agir sur quelqu'un, en parlant du sommeil, etc. » (A. de Sienne, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 21), attest. isolée; de nouv. 1587 (Malherbe, Poésies, III, 334 ds
Œuvres complètes, éd. L. Lalanne, t. 1, p. 16); b) 1606 [éd.] gagner qqn « atteindre en s'étendant » (Ph. Desportes,
Œuvres, p. 457 ds La Curne); 2. a) 1548 gaigner le hault « s'enfuir » (N. Du Fail, Propos rustiques, Au lecteur ds Hug.); 1571 gagner (une position) (La Boétie, trad. de la Mesnagerie de Xénophon, ch. 14, ibid.); b) 1559 intrans. « s'étendre » (Amyot, Cor. 19 ds Littré). De l'a. b. frq. *waid̄anjan, de la même famille que l'all. Weide « pâturage », et qui a dû signifier à l'orig. « faire paître (le bétail) » (cf. encore les sens de gagnage*, ainsi que l'a. h. all. weida subst. « pâturage; nourriture »), d'où, en fr., « cultiver », prob. en raison du système de l'assolement triennal, dans lequel les champs, après avoir servi de pâturages, étaient labourés. Le sens de « cultiver » est attesté en a. fr. et en m. fr. (1155 ds T.-L.; Gdf.) et s'est maintenu dans les patois de l'Est, v. FEW t. 17, p. 461. Le verbe a pris ensuite celui de « s'assurer (un profit matériel) par un travail (en général) ». Fréq. abs. littér. Gagner : 8 908. Gagné : 2 761. Fréq. rel. littér. Gagner : xixes. : a) 10 843, b) 13 297; xxes. : a) 13 485, b) 13 396. Gagné : xixes. : a) 3 837, b) 4 453; xxes. : a) 4 057, b) 3 641. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 131. - La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, pp. 266-267. - Quem. DDL t. 5, 6, 10. |