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GAGEURE, subst. fém.
A. − Vieilli. Action de gager. Tenir, faire, soutenir la gageure. Chacun paria pour ce qu'il croyait véritable. La gageure était sérieuse; elle fut faite et tenue devant notaire (A. France, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 416) :
1. Cette tentative [de courses de chevaux] vint à la suite d'une gageure qu'avait faite à Fontainebleau (...) un gentilhomme anglais (...). Il avait parié mille louis qu'il ferait, en deux heures, le trajet de Fontainebleau à la barrière des Gobelins, et il gagna de quelques minutes. Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 202.
Au fig. et fam. Soutenir la gageure. Persévérer dans quelque chose que l'on a entrepris malgré les difficultés; persister dans une opinion malgré les oppositions. La vie, en somme, n'a pas trop mal servi M. Renan, l'a passablement aidé à soutenir sa gageure (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 210) :
2. ... annoncer aux nations qu'on se comportera comme si ce qui existe n'existait pas et comme si ce qui n'existe pas existait, c'est une gageure que l'on peut soutenir quelque temps par la distraction ou la confiance du public, la longanimité ou la ruse de l'adversaire; mais, sitôt que le jeu devient sérieux, on perd. Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 33.
B. − P. méton.
1. Fam. Action étrange, opinion singulière que seul un défi peut expliquer. Je n'ai point à mentionner M. Simond, dont le voyage semble une gageure, et qui s'est amusé à regarder Rome à l'envers (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 437).Nous avons à donner à nos amis une fête qui est une véritable gageure dans ce désert, vous le savez (Anouilh, Répét.,1950, I, p. 27) :
3. Et il faut dire que tout le poème, toute la pièce est comme une gageure. C'est déjà un défi, et c'est risquer gros, c'est jouer gros jeu, pour un moderne, que de se mettre, d'aller se mettre du Du Bellay en épigraphe, et un tel Du Bellay. Péguy, V.-M., comte Hugo,1910, p. 712.
Proverbe. Gager sa tête à couper, c'est la gageure d'un fou (Dict. xixes.; Lar. 20e, Quillet 1965).
2. La chose gagée elle-même. Voilà la gageure que je vous dois. Quand me paierez-vous ma gageure? (Ac. 1798-1932).
Prononc. et Orth. : [gaʒy:ʀ]. Var. [-ʒ œ:ʀ] unanimement réprouvée; elle correspond d'apr. Mart. Comment prononce 1913, p. 240, à une lecture fautive gag-eure pour gage-ure, puisque « le suff. -eure n'existe en fr. que dans quelques féminins de comparatifs de formation anc. : meill-eure, pri-eure, min-eure, maj-eure, et dans les fém. des adjectifs en -érieur ». (Mart. date cette prononc. du remplacement de gageure par pari dans l'usage courant). Bien que Thurot n'en ait trouvé aucune trace anc. (Buben 1935 § 70), elle est mentionnée indirectement dans Ac. 1740-1878 : ,,On prononce gajure``. Elle est pratiquée par 9 des 17 témoins de Martinet-Walter 1973. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xiies. faire wageure « convention par laquelle deux ou plusieurs parties s'engagent à verser une certaine somme ou à donner un certain objet (enjeu) à la partie qui aura raison » (Cantique des Cantiques, éd. C.E. Pickford, 2939); b) xiiies. wagour masc. « la chose gagée elle-même » (Le Dit de la gageure, 123 ds Fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 2, p. 196, 123), attest. isolée, de nouv. 1636 gageure fém. (Monet); 2. 1678 soutenir la gageure « persévérer dans une entreprise difficile » (Mmede Sévigné, Lettre du 28 avr., éd. L.-J. N. de Monmerqué, t. 5, p. 437); 3. 1684 « action, projet, opinion si étrange, si difficile qu'on dirait un pari à tenir » (Id., ibid., t. 7, p. 317). Dér. du rad. de gager*; suff. -ure*. Fréq. abs. littér. : 188.