| GAFFE1, subst. fém. A. − Instrument formé d'une perche munie à son extrémité d'une pointe et d'un croc ou de crocs et servant à manœuvrer une embarcation, à accrocher quelque chose, etc. Gaffe à croc de cuivre; manœuvrer un bateau à la gaffe. Ils reconnurent que c'était bien un corps. Avec la gaffe ils sondèrent la rivière et le ramenèrent enfin dans le bateau (Duranty, Malh. H. Gérard,1860, p. 339).Il piquait les billots avec la gaffe, les retirait au bout de son harpon, d'un effort athlétique des bras et des reins (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 32) : Au même moment une barque rejoignit celle de Pierre. Montée par deux tireurs de sable, elle était si chargée que le bordage plat rasait l'eau. Les reins ceints de flanelle rouge, ils la dirigeaient au milieu des remous, avec une lourde gaffe en croc qu'ils plongeaient alternativement à droite et à gauche, solidement plantés sur leurs jambes écartées.
Moselly, Terres lorr.,1907, p. 215. − Locutions 1. Accoster, se tenir à longueur de gaffe. Accoster à une certaine distance. Un canot portant pavillon national (...) accoste à longueur de gaffe (Du Camp, Nil,1854, p. 6). ♦ Voir la terre au bout d'une gaffe. Rester à bord au mouillage. (Dict. du xixeet du xxes.). ♦ Au fig. Tenir qqn à longueur de gaffe. Tenir quelqu'un à distance, témoigner à quelqu'un de la méfiance, du mépris. Ce n'étaient que princes, soi-disant amoureux fous, qui n'osent toucher le bout du doigt de leurs princesses, lorsqu'ils les tiennent à longueur de gaffe (Mérimée, Jacquerie,1828, p. 318).Emploi pronom. réfl. Il me semble que si j'avais à recommencer ma carrière avec l'expérience que j'ai acquise [sur les lorettes] je me tiendrais toujours à longueur de gaffe de ces demoiselles (Mérimée, Lettres Delessert,1870, p. 68). 2. Au fig., arg. des marins, vieilli. Avaler sa gaffe. Mourir. Bah, faut jouir de la vie (...) d'un jour à l'autre on peut avaler sa gaffe (Sue, Atar Gull,1831, p. 3). B. − En partic. Crochet métallique pointu servant à tirer de l'eau les gros poissons. Les pêcheurs ont (...) des gaffes à très longs manches pour haler ou tirer leur poisson à terre (Bonn.-Paris1859).Les gaffes peuvent être télescopiques, comme les épuisettes (Pollet1970). Prononc. et Orth. : [gaf]. Ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. : [1393 ds Bl.-W.1-5]; 1455 « perche munie d'un croc » (A.N. J.J. 183, pièce 61 ds Gdf. Compl. : ung baston, nommé gaffe, ayant ung crocq de fer au bout). Empr. à l'a. prov.gaf « crochet, perche » (xives. ds Levy (E.) Prov.), dér. de gafar « saisir » (s.v. gaffer1). Bbg. Esnault (G.).Avaler sa gaffe. Vie Lang. 1955, pp. 307-310. - La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 167, 333. - Quem. DDL t. 13. - Sain. Arg. 1972 [1907], pp. 199-200. - Schuchardt (H.). Trouver. Z. rom. Philol. 1904, t. 28, p. 42. |