| GADOUE, subst. fém. A. − 1. Matière fécale tirée des fosses d'aisances et dont on se sert comme engrais. Et v'là que, cette nuit, le tuyau de l'égout a crevé; les voitures, elles nageaient dans la gadoue (A. France, Crainquebille, 3etabl., 1905, p. 298). 2. Engrais formé de résidus végétaux, ordures ménagères, boues, ramassés dans les rues, etc. Gadoue de ville; gadoue verte, noire. La commission d'un concours européen d'asperges (...) aurait dit aux cultivateurs d'Argenteuil : « Vous avez un sol exceptionnel (...) et le privilège des meilleurs engrais : la gadoue (boue de Paris) ... » (Gressent, Potager mod.,1863, p. 612). B. − P. ext. Terre détrempée, boueuse, mêlée ou non d'immondices. Marcher, patauger, piétiner dans la gadoue. Un rebut de bâtisses tenues par des gadoues noires au sol (Céline, Voyage,1932, p. 297).Des régions humides et remplies de détritus ou de gadoues (Garcin, Guide vétér.,1944, p. 169).Les feuilles (...) tombaient bientôt, jaunies, pourries avant le cœur de l'été, dans la gadoue gluante qu'aucun soleil ne séchait jamais (Vialar, Clos Trois Maisons,1946, p. 30). C. − Au fig., pop., vieilli. Femme suspecte, salement mise; prostituée de bas étage. Des hommes travestis en femmes et quelles femmes! en gadoues, en pierreuses, en putains de chemin de ronde! (Goncourt, Journal,1890, p. 1127). REM. 1. ) Gadouard, subst. masc.,vieilli. ,,Celui qui tire la gadoue et la transporte`` (Ac. 1835, 1878). Synon. vidangeur.La poitrine au grand air, en sabots et sans bas, Des porchers, des gadouards, se faisant camarade (Pommier, Républ.,1836, p. 199). 2) Gadouille, subst. fém.Synon. de gadoue (supra B).Je suis (...) les deux jambes enfoncées dans la vase jusqu'aux mollets (...) j'arrache mes souliers de cette gangue molle (...). Et tout haut : « Sale gadouille! » (Genevoix, Au seuil des guitounes,1918, p. 100). 3) Gadouilleux, -euse, adj.Boueux, fangeux. Une route gadouilleuse. L'homme nous montre, dès le seuil, ses chaussures ocreuses, et explique : « J'ai gratté l'plus gadouilleux sur les marches, crainte que ça dégouline chez vous. C'qui reste est tout mortier sec, d'hier, d'avant-hier (Genevoix, Boue,1921, p. 15). Prononc. et Orth. : [gadu]. Ds Ac. dep. 1694. Fér. Crit. 1787 propose d'écrire gadoûe. Étymol. et Hist. 1561 (d'apr. FEW t. 23, p. 83 a); 1566 « immondices » (Rivaudeau, Aman, I p. 58 ds Hug.); 1920 gadoue, gadouille « boue » (Bauche). Mot d'orig. obsc. (FEW, loc. cit.; EWFS2, s.v. gadouard). Fréq. abs. littér. : 20. Bbg. Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, p. 232. |