| FÊTER, verbe trans. A.− Célébrer et solenniser par une fête. 1. Domaine relig. a) Solenniser, par une commémoration, une divinité, un être vénéré par une religion, un événement historique de caractère religieux. Fêter un saint; fêter l'Épiphanie. Fêtons encore les anciennes divinités (Sand, Lélia,1833, p. 210).Heureux ceux qui fêteront Noël (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 995): 1. Puissent les chrétiens fêter un dieu présent, être fidèles à un dieu présent comme ces incorrigibles païens (de paysans) fêtent, célèbrent, chôment un dieu généralement absent...
Péguy, V.-M., comte Hugo1910, p. 687. b) Solenniser par une célébration ou par une procession. − [Relig. musulmane] À Alexandrie, dès le soir de notre arrivée, nous avons vu une procession aux flambeaux : on fêtait la circoncision d'un enfant (Flaub., Corresp.,1849, p. 121). − [Relig. chrét.] :
2. Pour fêter le jour des Rameaux, il n'y avait dans l'église nue que des touffes de buis cueilli par les matins pluvieux : leur senteur amère se mêlait à l'encens.
Moselly, Terres lorr.,1907, p. 77. 2. Domaine profane a) Commémorer par des réjouissances un événement historique. Si nous fêtons le 14 juillet, c'est que nous n'avons pas de roi (Giraudoux, Folle,1944, II, p. 102).Sa voix s'attrista : « Vous vous croyez en train de fêter la défaite allemande : mais c'est la troisième guerre mondiale qui s'ouvre... » (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 35): 3. René II aimait le peuple, c'est ainsi qu'il séduisit les cantons suisses, et il fêtait l'anniversaire de la victoire de Nancy, chaque année, en buvant avec les bourgeois...
Barrès, Homme libre,1889, p. 100. b) Célébrer par des réjouissances un événement de la vie personnelle. Promu dans l'état-major du duc d'Angoulême, cet heureux fêterait bientôt ses fiançailles avec la fille d'un riche munitionnaire de l'Empire (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 422).Esthètes, surhommes, métèques, ministres socialistes, se trouvaient tous d'accord pour fêter une promotion dans la Légion d'honneur, instituée par cet officier corse (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 762). ♦ Fêter l'anniversaire de qqn : 4. ... j'atteignis doucement et vivement la quarantaine; et pour fêter cet anniversaire, je m'offris, à moi tout seul, un bon dîner dans un grand café.
Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Ermite, 1886, p. 1055. B.− 1. Honorer quelqu'un par une fête. Je me suis tenu près de la porte Saint-Denis, où il s'était réuni une grande quantité de monde et où l'on avait fait des apprêts pour fêter Sa Majesté (Delécluze, Journal,1825, p. 233).Je devais interviewer un de ces savants de l'Académie de Philadelphie que l'on fêtait ce jour-là (Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 70). 2. Accueillir quelqu'un avec empressement. À son arrivée, tout le monde le fêta (Ac.1932). − [Le suj. désigne un chien] Faire fête. Il alla chercher la chienne. Elle se leva lentement, se secoua, étira ses membres et vint fêter son maître (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, MlleCocotte, 1883, p. 812). REM. 1. Fêtable. adj.Avec qui on peut faire la fête. C'était, en somme, une belle fille désirable et fêtable (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Dot, 1884, p. 559). 2. Festivant, subst. masc.Personne en fête. Le dimanche, c'était une calamité. La Pedeonna était envahie et des trains supplémentaires déversaient sans discontinuer une foule de festivants qui venaient passer la journée au bord de la mer (Cendrars, Homme foudr.,1945, p. 128). Prononc. : [fεte] ou p. harmonis. vocalique [fete], (il) fête [fεt]. Étymol. et Hist. Ca 1223 « célébrer une fête, un événement » (G. de Coinci, Miracles Vierge, éd. V. F. Koenig, II Mir 19, t. IV, p. 137, 78); 1728 fêter qqn « lui faire fête » (Marivaux, Pièces détachées écrites dans le goût du Spectateur français ds
Œuvres, éd. M. Duviquet, t. 9, p. 287). Dér. de fête*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 519. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 706, b) 665; xxes. : a) 967, b) 662. Bbg. Arickx (I.). Les Orthoépistes sur la sellette. Trav. Ling. Gand. 1972, no3, p. 129. |