| FUYARD, ARDE, adj. et subst. A.− Vx ou littér., emploi adj. 1. [En parlant d'animés] a) Qui s'enfuit, qui est porté à fuir par son caractère peureux ou farouche. Le gibier n'est plus fuyard que dans nos campagnes (Michelet, Oiseau,1856, p. 306): Lâche, timide et fuyard, tu te sauves dès qu'on veut te saisir; tu t'effrayes pour un mot, tu t'épouvantes pour un geste et tu t'en vas bien vite en t'écriant : Je n'avais pas prévu cela!
Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 45. − Regard fuyard. Qui se détourne par timidité ou veulerie. Les regards fuyards et les sourires niais (Goncourt, Journal,1871, p. 713). − Spéc., FAUCONN. Oiseau fuyard. ,,Oiseau qui ravit sa proie et la détourne`` (Littré). Cf. Rougé, Folk. Touraine, 1943. b) En partic. [En parlant d'un soldat ou d'un corps de troupe] Qui fuit devant l'ennemi. Cherchant à deviner derrière le sable soulevé par le vent les tribus fuyardes des hébreux (Gautier, Rom. momie,1858, p. 338). 2. Au fig. [En parlant de choses] a) Qui s'en va, qui s'écoule sans possibilité de retour ni de retenue. − [En parlant de choses abstr., en rapport généralement avec le temps] Les heures les plus joyeuses de ces fuyardes journées (Balzac, E. Grandet,1834, p. 170).Les êtres trépignants, amoureux de l'utile, Passent le temps fuyard à des combinaisons (Cros, Coffret santal,1873, p. 103). − [En parlant de capitaux; correspond à fuite B 2 a] La foule des détenteurs apeurés de capitaux fuyards (L'Œuvre,15 févr. 1941). b) Qui se dérobe, qui ne se laisse pas appréhender. − Qui échappe à toute préhension. Les bras tendus vers l'ombre fuyarde (Musset, Lettres Dupuis Cotonet,1836, p. 599). − Qui échappe au regard en semblant s'éloigner indéfiniment. À l'horizon fuyard, ni minaret, ni tour (Gautier, Poés.,1872, p. 229). B.− Emploi subst. 1. Personne, animal qui s'enfuit. Des coups de revolver retentirent dans le même moment derrière le fuyard (G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 118). 2. En partic., péj. Soldat qui refuse le combat et fuit l'ennemi. Tous quatre étaient peu à peu dérivés, malgré leur résistance, dans le torrent des fuyards qui coulait à plein chemin (Zola, Débâcle,1892, p. 365). REM. Fuyarder, verbe intrans.Hapax. Synon. péj. de fuir.Et moi, le croyez-vous, monsieur Louis, moi l'imbécile qui fuyardais (La Varende, Man d'Arc,1939, p. 142). Prononc. et Orth. : [fɥija:ʀ], fém. [-jaʀd]. Ds Ac. 1694-1932 (au fém., uniquement ds 1932). Étymol. et Hist. 1. 1538 subst. « personne qui s'enfuit » (Est.); en partic. 1616 [éd.] « soldat qui fuit devant l'ennemi » (D'Aub., Hist., 1, 295 ds Littré); 1735 fig. « celui qui échappe à quelque engagement » (Mariv., Pays. parv., 4epart., ibid.); av. 1546 adj. « qui est porté à fuir » (Ronsard, Odes, livre IV, ode VIII, titre ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 2, p. 113 : A Cassandre fuiarde); 2. 1792 « qui se dérobe, qui ne se laisse pas saisir » les yeux un peu fuyards (Beaumarchais, Époques, 297); 3. fig. 1834 « qui passe, s'écoule rapidement » ces fuyardes journées (Balzac, supra). Dér. du rad. du part. prés. de fuir*; suff. -ard*. Fréq. abs. littér. : 211. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 234, b) 412; xxes. : a) 424, b) 221. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 311. − Quem. DDL t. 10, 13. |