| FUTILE, adj. A.− [En parlant d'une chose] Qui n'a que très peu ou pas de valeur réelle et ne mérite pas qu'on y attache quelque importance. Cause, question, sujet, détail futile. J'ignore l'art futile de ce qu'on nomme la galanterie (Balzac, Corresp.,1822, p. 168).Ta mémoire qu'encombrent mille souvenirs futiles, n'a rien retenu de ce désastre (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 59): 1. − Vous comprendrez, Monsieur Stangerson, dit-il, que dans une affaire aussi embrouillée, nous ne pouvons rien négliger; que nous devons tout savoir, même la plus petite, la plus futile chose se rapportant à la victime (...) le renseignement, en apparence, le plus insignifiant...
G. Leroux, Myst. ch. jaune,1907, p. 57. ♦ C'est, il est futile de + inf. Ne trouvez-vous pas qu'à l'heure qu'il est, c'est légèrement futile de soigner des états d'âme? (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 192). − En partic. ♦ Qui n'engage à rien, qui ne tire pas à conséquence. Conversation, parole, occupation futile. La vie n'est pas faite de petites intrigues futiles (Maurois, Climats,1928, p. 164): 2. Le métier d'écrire m'apparut comme une activité de grande personne, si lourdement sérieuse, si futile et, dans le fond, si dépourvue d'intérêt que je ne doutai pas un instant qu'elle me fût réservée...
Sartre, Mots,1964, p. 132. ♦ Qui n'entre pas réellement en ligne de compte, qui ne se justifie pas. Motif, prétexte futile. Sans nous arrêter à combattre votre futile argument (Chateaubr., Essai Révol.,t. 2, 1797, p. 341).Par un futile souci de logique, je résolus de prendre le portemanteau comme point de repère et de me guider sur lui (Green, Journal,1938, p. 126). − Emploi subst. masc. à valeur de neutre. On va et revient du mastoc au futile (Flaub., Corresp.,1870, p. 134).Comment distinguerons-nous le futile de l'essentiel? (Green, Journal,1939, p. 173). B.− P. ext. [En parlant d'une pers. ou de ses facultés] Qui attache de l'importance à des choses sans valeur réelle. Esprit, caractère futile. Vous êtes parvenu à faire de moi une fille médiocre et futile! (Giraudoux, Simon,1927p. 160).La présence constante de ce petit être futile (Maurois, Climats,1928, p. 74).Il a tout absorbé au long de sa jeunesse en apparence futile (Mauriac, Journal 2,1937, p. 152). − Emploi subst. On a fait le futile avec une tête lourde de pensées (Vigny, Journal poète,1842, p. 1175). REM. Futilement, adv.De manière futile. Il regrettait de dépenser si futilement des forces nouvelles (Chardonne, Épithal.,1921, p. 161).Elle fait mille recommandations à l'amant dont dont elle suspend si futilement le ministère (Valéry, Variété I,1924, p. 82). Prononc. et Orth. : [fytil]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1488 « (d'un récipient) qui laisse fuir son contenu » (Mer des Histoires, I, 48b, éd. 1491 ds Rom. Forsch. t. 32, p. 69); xves. choses... futiles et peu necessaires (Terence en françoys, 142vo, éd. 1535 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 713). Empr. au lat. class. futilis « qui laisse échapper son contenu; vain, inutile ». Fréq. abs. littér. : 318. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 383, b) 357; xxes. : a) 318, b) 642. |