| FUMIER, subst. masc. A.− Mélange de litières et d'excréments des animaux (d'étable ou d'écurie), décomposé par la fermentation sous l'action de micro-organismes, et utilisé comme engrais. Fumier de cheval, de mouton, de vache; tas de fumier; trou, fosse à fumier; sortir le fumier; épandre, répandre du fumier. Le père (...) cultiverait bien les terres en les amendant avec les fumiers que lui donneraient ses écuries (Balzac, Lys,1836, p. 134).Je vis une écurie ouverte (...) la litière n'était plus en paille, mais en fumier (Renard, Journal,1893, p. 176).La forte odeur ammoniacale du fumier (Van der Meersch, Empreinte dieu,1936, p. 234). − P. méton. Amas, tas de fumier. Sur le fumier, un coq chantait (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 119).Ils [les gens] ne sont pas pauvres, comme on voit vite à leurs maisons et à la grosseur des fumiers (Ramuz, A. Pache,1911, p. 22). ♦ Locutions figurées (Être) comme Job sur son fumier. (Être) réduit à la misère et à la souffrance la plus extrême. Je ne me sens guère portée à vivre sur le fumier de Job, s'écria Laure en affectant de plaisanter. − Pas assez peut-être, mon enfant, répondit le vieillard (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 168).(Hardi) comme un coq sur son fumier. Sûr de soi parce qu'on est chez soi. (Dict. xixeet xxes.). − P. ext. Excréments, déchets, détritus d'animaux ou de végétaux en putréfaction pouvant servir d'engrais. Sous les citronniers les fleurs pourries faisaient un fumier jaune (Flaub., Salammbô,1863, p. 149): 1. La maraîchère avait un marché passé avec la compagnie chargée du nettoyage des Halles; elle emportait, deux fois par semaine, une charretée de feuilles, prises à la fourche dans les tas d'ordures qui encombrent le carreau. C'était un excellent fumier.
Zola, Ventre Paris,1873, p. 798. B.− Au fig. 1. Littéraire a) Ce qui est sale, corrompu et qui inspire le dégoût, la répugnance. Clérambard. − Mon fils est un cornichon, mais c'est aussi un tombereau d'impureté. Mon fils est un tas de fumier. Comme moi, d'ailleurs. Comme sa mère (Aymé, Cléramb.,1950, p. 94). − Trouver une perle dans un fumier. Trouver parmi des personnes ou des choses grossières ou méprisables quelqu'un ou quelque chose de très beau, d'une grande valeur. En remuant son fumier [de Villon], on y trouve plus d'une perle enfouie. Lui aussi, au milieu du jargon de la canaille, il a des mets pour les plus délicats (Sainte-Beuve, Poés.,1829, p. 13). b) Misère ou déchéance matérielle ou morale. Grosse garce, cria Pierre, c'est comme ça que tu me remercies de t'avoir tirée du fumier! (Dabit, Hôtel Nord,1929, p. 69): 2. Les deux femmes se lancèrent dans leurs souvenirs (...) elles avaient un brusque besoin de remuer cette boue de leur jeunesse; et c'était toujours quand il y avait là des hommes, comme si elles cédaient à une rage de leur imposer le fumier où elles avaient grandi.
Zola, Nana,1880, p. 1365. 2. Vulg. [Terme d'injure] Personne qui ne mérite que du mépris. Synon. ordure, salaud.On en est à se traiter de cafard, de saloperie volante, de con bénit, de fils de vache, de bâtard, de fumier de lapin et de républicain de mes fesses (Aymé, Jument,1933, p. 101).Ah! petit fumier! tu me défies? petit maquereau! petite ordure! (CélineMort à crédit,1936, p. 386). Prononc. et Orth. : [fymje]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1160-74 femiers (Wace, Rou, éd. J. Holden, III, 4917). Du b. lat. *femarium proprement « tas de fumier », dér. du b. lat. femus « fumier » (ives. ds TLL s.v. fimum, 765, 79), altération, sous l'infl. du class. stercus -oris, neutre « excrément, fiente, fumier », du class. fimus, masc. (quelquefois neutre, prob. sous la même infl. : 1remoitié ives., ibid. 766. 10); de *femus neutre est issu de l'a. fr. fiens (xiies. ds T.-L.); pour femier devenu fumier, v. fumer. Fréq. abs. littér. : 806. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 642, b) 1 436; xxes. : a) 1 964, b) 927. Bbg. Baist (G.). Zur Lautgeschichte-Labialisierung des nebentonigen vokalischen R. Z. rom. Philol. 1904, t. 28, p. 94. − Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 594 − Gohin 1903, p. 375. |