| FULGURER, verbe intrans. A.− Lancer des éclairs. Touchant le ciel, les Landes apparaissent, ligne d'ombre immobile et de silence, où l'on voit, dans les soirs calmes, fulgurer de lointains orages et des incendies soufrer le ciel (Mauriac, Chair et sang,1920, p. 21).Cieux infinis où fulgurent des clartés (Béguin, Âme romant.,1939, p. 372). − P. ext. Briller d'une lumière éclatante. 1. [Le suj. désigne un objet] Une lueur effrayante fulgurait derrière la toile. Mâtho la souleva; ils aperçurent de grandes flammes qui enveloppaient le camp des Libyens (Flaub., Salammbô,t. 2, 1863, p. 46).Le poilu de granit bleu fulgure au soleil (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1066): En un clin d'œil tout est saccagé. Les éclairs fulgurent sans discontinuer. Le tonnerre fonce comme un tank. Le ciel pantelant est strié de nuées jaunes et de gros nuages qui se précipitent.
Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 67. ♦ Fulgurer de.Sa nef [de la cathédrale] fulgure d'émaux et de marbres, de bronzes et d'or (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 201). 2. [Le suj. désigne les yeux d'une pers.] Une Italienne dont les yeux noirs fulguraient comme un Vésuve (Flaub., Éduc. sent.,1869, p. 204). ♦ P. iron. Lancer un regard méchant. L'œil de MlleReceveur fulgura : − M. l'abbé Maurois est un mauvais prêtre et quand l'évêque saura (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 48).Votre mari peut fulgurer, vitupérer. Il est aussi peu dangereux que le chat auquel les souris ont passé la sonnette (Giraudoux, Lucrèce,1944, I, 8, p. 71). B.− Au fig. [Le suj. désigne un inanimé abstr.] Présenter avec soudaineté un éclat particulier. Une volonté superbe fulgurait dans ses yeux, pareille à la flamme d'un sacrifice (Flaub., Salammbô,t. 1, 1863, p. 160).Newton vit tomber une pomme; entendez bien, il vit réellement une pomme qui tombait; de ce centre rayonna et fulgura une pensée immense (Alain, Propos,1924, p. 609). REM. Fulgorer, verbe intrans.Synon.Tout ce passé brûlant encore (...) Et qui rayonne et qui fulgore Sur ma ferveur toujours nouvelle (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 2, Parall., 1889, p. 197).Tel j'y croyais [au Diable] enfant, tel, Homme fait, j'y crois encore. Toujours en moi son autel Fulgore (Richepin, Paradis,1894, p. 27). Prononc. : [fylgyʀe], (il) fulgure [fylgy:ʀ]. Étymol. et Hist. 1. 1854 intrans. « avoir l'éclat et la rapidité de l'éclair » (Hugo, Contempl., t. 3, p. 25 : Il faut que ça marche, que ça coure, que ça fulgure ou que j'en crève; et je n'en crèverai pas); 2. 1922 méd. (Lar. univ.). Inf. refait à partir de fulgurant* ou empr. dir. au lat. fulgurare. Fréq. abs. littér. : 39. |