| FRÉGATE, subst. fém. A.− MARINE 1. Vx (dans la Méditerranée). Petit bâtiment à rames, de l'importance d'une chaloupe, généralement non ponté; p. ext. canot d'un navire (d'apr. Jal1). 2. HIST. (mar. à voile). Bâtiment de guerre à trois mâts, extrêmement rapide, de taille intermédiaire entre la corvette et le vaisseau de ligne, armé d'une seule batterie couverte ne comportant pas plus de 60 canons. Armer, équiper, monter une frégate; capitaine, lieutenant de frégate. Une frégate de 36 canons, tirant 18 pieds d'eau, descendroit facilement jusqu'au golfe du Mexique (Crèvecœur, Voyage,t. 2, 1801, p. 308).Les États-Unis (...) ont quatre vaisseaux de ligne et une douzaine de bricks et de frégates (Chateaubr., Congrès Vérone, t. 2, 1838, p. 356): 1. ... la paisible frégate continuait (...) à décrire mille contours agréables autour de nous, faisant le manège, changeant de main comme un cheval bien dressé, et dessinant des s et des z sur l'eau de la façon la plus aimable.
Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 171. ♦ Frégate(-)cuirassée. Vaisseau cuirassé à une seule batterie ayant succédé aux vaisseaux à deux ou trois ponts. Les premières frégates cuirassées la Gloire, l'Héroïne, avaient leurs œuvres-mortes entièrement recouvertes d'un blindage (Croneau, Constr. nav. guerre,t. 2, 1892, p. 62). ♦ Frégate(-)école. Bâtiment sur lequel les aspirants de 2eclasse faisaient leur stage d'un an de mer. L'aide de camp général Roguet les reçut sur le pont de la frégate-école (Vallès, Réfract.,1875, p. 69). 3. Mod. Bâtiment de guerre de 5 000 à 10 000 tonneaux, intermédiaire entre la corvette et le croiseur, spécialement équipé pour la lutte antisurface et anti-sous-marine. Des frégates et des destroyers d'escorte, bâtiments qui leur étaient comparables, furent armés en quelques semaines seulement (Le Masson, Mar.,1951, p. 48).Il restait à l'ennemi un grand nombre de sous-marins (...). Il avait donc fallu poursuivre le nettoyage des mers avant d'y risquer les armadas des débarquements. C'est pourquoi (...) les croiseurs, torpilleurs, (...) frégates, corvettes, (...) faisaient partie du vaste système d'attaque et de protection organisé par les alliés (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 276). B.− P. anal. 1. Vieux a) [P. anal avec la forme de la frégate (supra A 2)] Arg. des écoles. Chapeau bicorne porté par les élèves de l'École Polytechnique. [Pour saluer une femme, le Polytechnicien] doit saisir sa frégate entre le pouce et l'index (Lévy-Pinet1894, p. 152). b) [P. anal. avec la frégate (supra A 2) considérée comme légère et svelte (d'apr. Esn. 1966)] Arg., vx. Jeune homme sodomite dans les bagnes. Il donne à sa Frégate ses nourritures et 6 balles par mois (Ansiaume, Arg. bagne Brest,1821, fo9, ro, § 171). 2. [P. anal. avec la rapidité de la frégate (supra A 2)] Oiseau palmipède, de l'ordre des Stéganopodes, commun dans les mers tropicales. Quelquefois une frégate (...) traversait à une excessive hauteur les espaces de l'air, filant droit avec ses ailes minces et sa queue en ciseaux (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 376): 2. Les Frégates ont évolué vers la maîtrise de l'air. Ce sont de merveilleux voiliers, aux ailes extrêmement longues, à la queue très longue et fourchue. Capable de planer sans effort, ils peuvent (...) voler à très grande vitesse pour saisir les Poissons volants et surtout pour harasser et forcer à dégorger les Oiseaux (...) qui viennent de pêcher un poisson.
Zool.,t. 4, 1974, p. 480 (Encyclop. de la Pléiade). REM. 1. Frégatage, subst. fém.,,Rentrée de la coque à hauteur du pont`` (Sizaire Marine 1972). 2. Frégater, verbe trans.a) ,,Affiner les formes d'un vaisseau pour le rendre plus rapide`` (Rob. Suppl. 1970 et Lar. Lang. fr.). b) ,,Un bateau est dit frégaté quand il a les flancs, au voisinage de la flottaison, plus larges que le pont`` (Soé-Dup. 1906). Prononc. et Orth. : [fʀegat]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1525 fregate « petit bateau à rames, souvent au service d'un grand navire » (Invent. de Marseille, ms. Arch. Nat. X-1 A 8621, fo205 vods J. Fennis, La Stolonomie, Amsterdam 1978, p. 347); id. fraguate (ibid., ms. B. N. Clairambault 325, fo9397, ibid.); 1536 frégatte (Ch. de Hémard ds Charrière, Nég., I, 312 d'apr. R. Arveiller ds Fr. mod. t. 26, p. 52); 2. 1637 p. anal. fregate « sorte d'oiseau de mer » (A. Beaulieu, Mém. du Voy. aux Indes Orient., p. 119 ds Arv., p. 234). Empr., (prob. par l'intermédiaire du prov., v.J. Fennis, op. cit., p. 351) à l'ital.fregata (au sens 1 dep. 1348-53, Boccace, Décaméron ds Batt., avec réf. à la Sicile), la forme frag(u)ate étant empr. au sicilien fragata qui est prob. la forme originelle (cf. prov. fragato, cat. esp. port. fragata), d'orig. controversée. L'hyp. d'une métathèse à partir d'un type *fargata, issu par chute du préf. du lat. médiév. infarchatum « pourvu d'un bordage mobile », dér. du gr. « contre-étrave » (H. et R. Kahane ds Rom. Philol. t. 19, pp. 266-267) a le défaut de ne reposer que sur une seule attest. tardive : φ
α
̓
λ
κ
η
ς
castellum infarchatum en 1441 à Gênes, ds Jal, s.v. infarchare). Le gr. α
́
φ
ρ
α
κ
τ
α (π
λ
ο
ι
̃
α) « (bateau) sans pont », proprement « qui n'est pas protégé » (Jal; Vidos, pp. 406-412) ne convient pas du point de vue phon. Les autres hyp. : ar. harrāqât, plur. de harrâqa « brûlot » (Brüch ds Z. fr. Spr. Lit. t. 52, pp. 476); lat. *virgata (navis), dér. de virga « vergue » (DEI); lat. naufragata (barca) (Cor., s.v. fragata) sont encore moins convaincantes. V. FEW t. 23, pp. 90-91 et EWFS2. Fréq. abs. littér. : 559. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 207, b) 428; xxes. : a) 127, b) 187. Bbg. Hope 1971, p. 197. − Kahane (H.), Kahane (R.). Four Graeco-romance etymologies. Rom. Philol. 1965, t. 19, pp. 261-267. − Kemma 1901, pp. 207-208. − La Landelle (G. de). Le lang. des marins. Paris, 1859, p. 34, 111. Ricci (D.). Littré et Lavoisier au zoo. Paris, 1975, pp. 78-79. |