| FROIDIR, verbe trans. Vieilli et région. A.− Rendre froid. Synon. refroidir.Le sang coulait (...) et réchauffait nos figures qu'avait froidies le vent du nord (Flaub., Tentation,1849, p. 451).Elle posait et reprenait sa fourchette, froidissait sa main chaude au flanc perlé de la carafe, en fièvreuse accoutumée à sa fièvre (Colette, Cl. s'en va,1903, p. 142). − Emploi pronom. ou intrans. Les viandes se froidissent (Ac.1835, 1878).Ne laissez pas froidir le dîner (Ac.1932).Était-il mort, et s'était-il froidi debout dans un équilibre parfait? (Balzac,
Œuvres div.,t. 3, 1836, p. 134).L'abbé Prévost laissait froidir son thé (Montherl., Olymp.,1924, p. 235): 1. Aujourd'hui 25 (et fête de Noël). − Le temps a froidi subitement, − du vent, − de la gelée, et une neige furieuse.
Barb. d'Aurev., Memor.1, 1836, p. 90. B.− Au fig. 1. Apaiser, faire tomber la violence (d'une passion, d'un sentiment) : 2. Sa physionomie présenta un phénomène qui ne peut être comparé qu'à celui de la chaudière pleine de cette vapeur fumeuse qui soulèverait des montagnes, et que dissout en un clin d'œil une goutte d'eau froide. La goutte d'eau qui froidit sa rage fut une réflexion rapide comme un éclair.
Balzac, Goriot,1835, p. 222. − Emploi intrans. Il ne voulut point laisser froidir la bonne volonté de Sylvinet, car il voyait que Landry était tout décidé pour lui-même (Sand, Pte Fad.,1849, p. 28). 2. Emploi pronom. [En parlant d'une pers.] S'apaiser, gagner en sérénité. Je crois que je me froidis intérieurement; ce serait tant mieux; la poésie des passions ne me touche guère plus (Barb. d'Aurev., Memor.1, 1836p. 141). − Au part. passé. [En parlant du visage ou de la tête d'une pers.] Gagner en sérénité, être marqué par l'âge. Ce pair de France (...) montrait une belle tête froidie par les années, à cheveux gris encore assez abondants (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 46).Son visage, froidi par l'âge, a la gravité mélancolique que Raffet donnait à ses grognards (Coppée, Franc-parler II,1896, p. 354). REM. Froidi, ie, part. passé adj.a) Qui a été rendu froid. Dans les airs froidis et de plus en plus pâles, Les oiseaux tournoyeurs croassaient de longs râles (Rollinat, Névroses,1883, p. 351).La Godivelle allait écouter près de la porte, puis revenait s'asseoir devant la flamme, qui ne rougissait pas sa figure plate et froidie (Pourrat, Gaspard,1925, p. 271).b) Au fig. Qui a été privé de chaleur humaine. Sa raillerie énervante [de la clarinette] était désormais perdue pour celui qui dormait là, montrant au Nabab épouvanté l'image de son propre destin, froidi, décoloré, prêt pour la tombe (A. Daudet, Nabab,1877, p. 98). Prononc. et Orth. : [fʀwadi:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1165 intrans. « devenir froid » (B. de Ste-Maure, Troie, 17610 ds T.-L.). Dér. de froid1*; dés. -ir. Fréq. abs. littér. : 19. |