| FRITURE, subst. fém. A.− [Correspond à frire A et B] 1. Action de faire frire (un aliment); méthode de cuisson consistant à plonger un aliment dans un bain de matière grasse bouillante. L'agneau bouilli, l'agneau rôti, le ragoût d'agneau, l'agneau en friture (About, Grèce,1854, p. 150).La friture (...) exige que la graisse soit portée à un point élevé de chaleur et de cuisson (Audot, Cuisin. campagne et ville,1896, p. 625). Rem. Rare. Résultat de l'action de frire. Il y a eut des plats à ravir la pensée! ... (...) des éperlans d'une friture incomparable (Balzac, Cous. Pons, 1848, p. 76). 2. Préparation en train de frire. L'odeur de friture. Un grésillement de friture au feu (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 38).Une foule de petits hôtels ouvraient (...) leurs corridors obscurcis par les vapeurs de la friture (Duhamel, Le Notaire Havre,1933, p. 93). B.− P. méton. 1. Bain de matière grasse dans lequel on fait frire divers aliments. On le sort de la friture [un cordon de pâte], on le saupoudre de sucre et on le coupe en bâtonnets qu'on enveloppe dans du papier blanc (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 107). 2. [Constr. avec un compl. de] Plat d'aliments frits. De la friture de cervelle? (E. de Guérin, Lettres,1835, p. 86).Ils mangeaient de la friture d'éperlans, de la crème et des cerises (Flaub., MmeBovary,t. 2, 1857, p. 103). − [P. ell. du compl. de] Il ne serait point décent de manger la friture avant le potage, ce serait mettre culinairement la charrue devant les bœufs (Gautier, Fracasse,1863, p. 63).Si nous allions manger une friture quelconque et des escargots? (Huysmans, Sœurs Vatard,1879p. 32). ♦ Spécialement Plat de poissons frits. Ils allaient à Saint-Ouen ou à Asnières, et mangeaient une friture dans un des restaurants du bord de l'eau (Zola, T. Raquin,1867, p. 62).P. méton. Petits poissons bons à frire ou destinés à être frits. Pêcher de la friture. À la bonne heure, dit-elle, tu nous as pêché une belle friture, aujourd'hui (Renard, Poil Carotte,1894, p. 243): La conversation l'intéressa si fort qu'il en oublia sa pêche. La pensée lui en vint seulement après le café, et il exigea qu'on la lui apportât. C'était, au milieu de l'assiette, une sorte d'allumette jaunâtre et tordue. Il la mangea cependant avec orgueil, et, le soir, sur l'omnibus, il racontait à ses voisins qu'il avait pris dans la journée quatorze livres de fritures.
Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 305. 3. a) Vieilli. Établissement où l'on vend des fritures. Synon. friturerie.Des rues étroites et boueuses avec des taudis, des galetas, des fritures en plein vent (Taine, Voy. Ital.,t. 1, 1866, p. 13). b) Région. (Belgique). Établissement où l'on vend des frites. Synon. friterie.Cf. Hanse 1949, Baet. 1971. C.− [P. anal. de son] Au sing. seulement. Bruit de grésillement se produisant au téléphone, à la radio, à la suite de défectuosités dans la transmission de la communication. Le droguiste du village, représentant de la maison de T.S.F., vint poser lui-même mon appareil. Je n'entendais rien que des sifflets, des couinements, de la friture (Morand, Magie noire,1930, p. 81).Le téléphone appela (...). Il entendit beaucoup de « friture » puis : « On vous parle de Bordeaux » (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 210). − Au fig., littér. La friture de la nuit, toutes les scies et les élytres de l'herbe, les ramilles et les branches craquantes (Arnoux, Juif Errant,1931, p. 161). REM. Friturée, ée, adj.De friture. L'odeur friturée de la pâte roussie (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 144). Prononc. et Orth. : [fʀity:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Fér. Crit. t. 2 1787 écrit fritûre. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. (Psautier Cambridge, 101, 1 ds T.-L.); 2. 1894 bruit de friture (Sachs-Villatte, Französisch-deutsches Supplement-Lexikon ds Quem. DDL t. 4). Dér. de frictum supin de frigere « frire »; suff. -ure* ou d'un lat. pop. *frictura (cf. REW3, 3508). Fréq. abs. littér. : 138. Bbg. Lew. 1960, p. 92. − Piron (M.). Les Belgicismes lex. Mél. Imbs (P.). 1973, p. 300. |